Il y a trente ans disparaissait Mao : la chaîne de télévision franco-allemande Arte , cette semaine, lui consacre un film trés élogieux en accord total avec la ligne officielle du Parti communiste chinois . Mais comment , diable , en Europe ( les Chinois eux , n'avaient pas le choix ) put -on être maoïste et pour certain le rester?
Car Mao Tsé-Tung, tout de même, combien de morts ? Entre guerre civile, famine organisée, purges et révolution culturelle : quarante millions de victimes, soixante millions ? Impossible de prétendre que l’on ne savait pas. Dès 1971, l’écrivain Simon Leys ( Les habits neufs du Président Mao ) publié par René Viénet ( par ailleurs, auteur du film culte « Chinois , encore un effort pour devenir révolutionnaires ») révèlent à l’Occident les massacres de la révolution culturelle. Il n’empêche, c’est inexplicable, que la même année, Maria-Antonietta Macchiocchi, philosophe italienne qui fait autorité à Paris autant qu’à Rome, publie un ouvrage à la gloire de Mao. Dans De la Chine, on lit « la révolution culturelle inaugurera mille ans de bonheur » , tout un programme. Mao ? Macchiocchi le trouve « génial ». Forcément génial . Comme Staline, qualifié lui aussi , par Louis Aragon, en 1953 , de génial. D’une génération l’autre, une certaine intelligentsia ne se refait pas , comme s’il était essentiel de ne voir rien, ou feindre de ne voir rien, de manière à se tromper d’avenir, toujours.
En 1974, Roland Barthes, grand maître des lettres françaises, se rend en Chine. Et en revient enthousiaste, c’est inévitable ; dans ses bagages, deux grands écrivains, Philippe Sollers et Julia Kristeva. Eux aussi enthousiastes, évidemment . Sollers,retour de Pékin, déclare avoir vu la « vraie révolution anti-bourgeoise ». De ses propres yeux . Dans sa narration de voyage intitulée Des Chinoises, Kristeva écrit : « Mao a libéré les femmes » et « résolu la question éternelle des sexes ». La violence ? Elle-même « n’a constaté aucune violence ». À sa décharge, en 1974, les corps qui pendaient aux arbres de Canton avaient été décrochés ; mais le laogaï, ce goulag chinois, affichait complet. Soixante millions de morts donc , « pas constatés » : de si discrètes victimes. On s’en voudrait d’oublier les nouveaux philosophes médiatiques de l’époque, Christian Jambet et Guy Lardreau : Mao, déclarent-ils en 1972, est la « résurrection du Christ » et Le petit livre rouge, « la réédition des évangiles ».
1976, Mao disparaît : les troupes de Jean-Paul Sartre placardent sur les monuments de Parsi son portrait voilé de noir . Sartre, directeur du journal La Cause du peuple, maoïste sans même qu’il lui fut nécessaire de se rendre en Chine.
Comment des intellectuels remarquables, Sartre, Barthes Kristeva et d’autres - ce n’est pas insignifiant - purent-ils ne rien constater, ou le prétendre, ne pas être solidaires des victimes, ne pas voir le peuple chinois ? Comment et pourquoi crurent-ils possible ou nécessaire de pactiser avec Mao le bourreau ? Il y a là un grand mystère. Ou un amoralisme sans faille . Ce qui a lié une certaine intelligentsia aux tyrans, Staline, Mao, Castro, on doutera que ce fut la quête de la liberté, de la justice, de la démocratie ; ces valeurs-là n’étaient proclamées qu’à l’usage des gogos. Au-dessus de la liberté, de la justice, etc.... notre certaine intelligentsia a adoré la violence révolutionnaire, l’esthétique de la violence .N’est-ce pas le spectacle de la révolution qui plut aux Sartre, Barthes et compagnie ? Les rouges et les gris de la Cité interdite. Quand Macchiochi annonce que Mao « fonde, enfin, un communisme non bureaucratique », elle est assez fine pour savoir que c’est faux. Tous ont obligatoirement lu Simon Leys ; ils n’ont pu ignorer Alain Peyrefitte. Peyrefitte fonde un culte révérencieux de la Grande Chine et de son Grand Timonier ; mais en 1973, dans Quand la Chine s’éveillera, il fait état de cadavres que la Rivière des Perles charrie vers Hong Kong. Il eut été impossible à nos maoïstes de n’en rien savoir .
Sollers, Kristeva, Barthes, Sartre n’ont pu croire un instant , croire réellement que Mao » libérait l’humanité des valeurs bourgeoises » (Sollers , encore ) . Dans la Cause du peuple, « Mao, contrairement à Staline, n’a commis aucune faute », écrit Sartre. La famine de 1962 ? « Une trahison de Moscou » dit Sartre . Sartre ignorant ? Doutons.-en .Va-t-il au moins dénoncer le laogaï, camps de travail et camps de la mort ? Pas un mot, le même silence de plomb que sur le goulag soviétique . Il est évident que nos maoïstes savaient : mais , les droits de l’homme , ce n’était pas leur priorité . Révolutionnaires, ils l’étaient pour jouir au spectacle sang et or de la révolution. Oui, en jouir. Barthes ? Retour de Pékin, il ne s’interroge que « sur la sexualité des Chinoises ». Nos pèlerins de Pékin, pas aveugles, ni romantiques, doivent peu à Karl Marx mais beaucoup au marquis de Sade . Imagine-t-on réellement Barthes ou Sollers en marxistes et soucieux de la libération du paysan chinois ? Ou Aragon en son temps, préoccupé par le destin du prolétaire russe ? Rendons grâce à leur intelligence : ils s’en moquaient.
Par-delà l’amoralité , sadienne, de cette certaine intelligentsia, éprise de toute révolution pourvu qu’elle fut anti-bourgeoise, c’est-à-dire violente et haute en couleurs, il y a la Chine.
Le maoïsme français, ce n’est pas que le stalinisme. C’est le stalinisme avec la Chine en plus : un avatar dans la longue histoire de la sinophilie ou sinolâtrie française. Une certaine idée de la Chine, a toujours occupé les bons esprits en France. Tout a commencé, il y a longtemps, avec les Lettres édifiantes et curieuses sur la Chine, œuvre de missionnaires jésuites , retour de Chine : un best seller en 1702 . Ces Jésuites ont introduit, dans l’imaginaire français ( et en Italie ) trois importations qui furent trois de leurs inventions : la Chine est dirigée par un empereur philosophe, les Chinois pratiquent une morale sans Dieu, le pays est administré par des mandarins honnêtes . La réalité de la Chine était autre : l’empereur tyrannique, la bureaucratie corrompue et le peuple confit en dévotions bouddhistes et taoïstes. Pour des raisons diplomatiques, les Jésuites avaient feint de ne rien voir. Déjà .Mais qu’importe à l’intelligence française !
L’empereur philosophe, la morale sans Dieu, la méritocratie au pouvoir : c’est faux mais si commode que Voltaire s’en empare. Il en fait le despotisme éclairé et le déisme , une alchimie philosophique : nos Lumières viennent un peu de cette Chine rêvée, l’ écran de nos fantaisies. De Voltaire à Paul Claudel, d’André Malraux à Roland Barthes et nos maos, tout se passe comme si, dès qu’il est question de la Chine, le voyageur français perdait tout sens commun. D’emblée, dans sa tête, l’idée de la Chine remplace la Chine réelle : sur elle, les Jésuites ont projeté la réconciliation du Christ et de Confucius, les philosophes, le despotisme éclairé et les maos, la révolution totale. Ce n’est pas fini : pour nos entrepreneurs du jour, le fantasme est celui d’un marché illimité.
Dans cette cohorte, à leur rang, les maoïstes français en seraient-ils moins coupables ? Leur erreur en devient moins originale mais leur perversité n’en est pas atténuée : car, avec nos maos, nous ne sommes plus dans la littérature . Claudel en Chine fut poète , mais Barthes et Sartre complices silencieux de crimes gigantesques . À partir de combien de morts se seraient-ils décidés à parler ? À moins que - on n’ose y songer - quarante millions, soixante millions de morts chinois ne pesaient pas très lourd parce que chinois ? Impensable.
Les protagonistes de cette aventure sont loin d’avoir tous disparu, beaucoup écrivent encore ; n’est-on pas en droit d’en attendre une explication , quelques regrets peut-être ? Sollers a-t-il vu ou pas vu, vraiment rien ou feint de ne pas savoir ? Fut-il sadien ou marxiste, toqué d’éthique ou d’esthétique ? Sollers aussi pourrait-il expliquer Barthes et Serge July, le lieutenant mao, nous commenter Sartre qu’il seconda ? Trente ans après la mort de Mao, n’est-ce pas le moment sinon du repentir, au moins de la confession ? Pour l’histoire, pour ne pas récidiver, pour les victimes ? Ou ,devrait-on se satisfaire de l’autojustification du psychanalyste Gérard Miller, emblématique de sa génération ? En 2005 , sur TV5 : « Si la France d’aujourd’hui, déclare Miller, est un peu plus vivable que dans les années 60, elle le doit pour une part non négligeable à nous , les maoïstes français ». On en retiendra que le maoïsme français n’avait rien à voir avec Mao ! Ni avec la Chine ! Qu’il n’y a donc pas matière à s’excuser ! Au contraire , les maos étaient des libérateurs . Le maoïsme français , à la Miller, n’avait rien de commun avec le maoïsme réel ? L’ esquive est effrayante : dirait-on qu’il existait un fascisme idéal ou un stalinisme idéal, malheureusement trahis par Pétain et Staline ?
Contre cette passion esthétique , aragonienne , sartrienne, de la révolution, sommes-nous désormais vaccinés ? On voit que le gauchisme, l’écologisme profond, l’altermondialisme extrême ne se portent pas mal en France ; mais on veut croire que ses acteurs miment la révolution totale plus qu’ils n’y croient. L’épaisseur, la caution intellectuelle leur manque. L’islamisme ? Au contraire du marxisme et du maoïsme, ce n’est pas une idéologie universaliste, elle ne convertit que des marginaux. Fidel Castro ? Il retient sa cour, mais pour leurs obsèques communes. Envers l’esthétique de la violence et le sado-marxisme, une certaine intelligentsia française peut être nostalgique mais guérie. Reste la sinolâtrie, intacte.
À Pékin, hommes d’Etat et hommes d’affaires occidentaux devinent toujours dans le Parti communiste chinois un despotisme éclairé (on ne va tout de même pas leur imposer la démocratie ! ). Aux pieds de l’empereur du moment, Mao IV, ces délégations se prosternent six fois ; mais pour le peuple chinois, toujours écrasé, ces officiels n’ont pas un regard. La démaoïsation ? Le Parti a décidé que Mao avait eu raison aux deux tiers, tort pour un tiers : dans quel tiers, affecter les soixante millions de morts ? La question en Chine ne peut pas être posée, celle du massacre de Tien Anmen, œuvre de Mao II en 1989, non plus. Mais, à Paris, s’interroge-t-on assez sur cette tyrannie que certains ont tant aimée ?
Guy Sorman
Cher Guy, une des choses qui m'a le plus marqué concernant l'aveuglement des intellectuels français est la façon dont Sartre et Aron sont tous deux revenus d'Allemagne dans les années 30. Aron y séjourna entre 1930 et 1933 ; Sartre lui succéda à Berlin entre octobre 1933 et juin 1934. Aron fut bouleversé par ce qu'il vit et la montée du nazisme changea radicalement sa vie : c'est à partir de ce moment qu'il abandonna la philosophie pure pour l'histoire, la sociologie et la géopolitique. C'est alors qu'il voulut COMPRENDRE le monde dans lequel il vivait. Dans ses mémoires et dans "le spectateur engagé" il raconte très bien ce que fut ce "choc" de l'Histoire. Sartre lui, ne vit strictement RIEN. En 1933, l'année même de l'arrivée d'Hitler au pouvoir, il passa totalement à côté des terribles évènements que connaissait l'Allemagne, plongé qu'il était dans Husserl et Heidegger. Celui qui deviendra après-guerre le chantre de l'engagement fut incapable de voir l'Histoire s'écrire devant ses yeux (de même le Front Populaire le laissera totalement indifférent trois ans plus tard). Voilà deux hommes aussi intelligents l'un que l'autre, ayant exactement la même formation (ils étaient tous les deux normaliens et agrégés de philosophie) qui ont eu deux attitudes radicalement différentes face au monde et à l'histoire. Malheureusement, combien d'Aron a-t-on eu parmi nos intellectuels pour des centaines d'épigones sartriens?
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Rédigé par : le gauchiste repenti | 05 septembre 2006 à 20:50
Guy Sorman a écrit "L’islamisme ? Au contraire du marxisme et du maoïsme, ce n’est pas une idéologie universaliste, elle ne convertit que des marginaux"
J'ai cru tomber de ma chaise. L'Islam militant, qui a drainé des centaines de milliers de personnes dans le monde et mobilisé les sociétés occidentales pendant deux semaines pour une dizaine de carricatures, qui définit le regard européen sur le conflit israélo-palestinien, qui gangrène la France au point de la faire saluer les islamikazes en Irak, qui pousse Douste-Blazy à faire la promotion de l'Iran en pleine crise... Cet Islam militant qui est le plus grand danger que la France ait connue de son histoire, cet islamisme toucherait... des marginaux ? Jamais les nazis, les communistes ou les maoïstes n'ont eu les relais qu'ont aujourd'hui les tenants d'un Islam guerrier dans les sociétés européennes. Jamais, dans l'histoire récente de l'Europe, la population "libre" n'a subi, à ce point, une propagande frénétique diffusée dans toutes les strates de la société.
Le projet "Eurabia", comme l'a décrit Bat Y'eor, est certainement l'offensive la plus dangereuse qu'ait jamais connue l'Europe. Je ne parle pas de l'immigration des personnes, mais de l'immigrations d'idées totalitaires qui partent de Ryad, Tunis et le Caire, dans les journaux ouvertement antisémites, et qui se retrouvent affichés dans les rubriques des plus grands journaux français.
L'islamisme ne concerne pas les seuls poseurs de bombes. L'islamiste, appuyé par un monde musulman sous dictature et frustré, conditionne les esprits et invente des martyrs pour réécrire l'histoire. Cette profonde mutation intellectuelle, qui est en train de tuer le peu de démocratie qui reste en Europe, est un processus qui touche les masses. Si seulement il pouvait être marginal...
M. Sorman revient d'un voyage en Chine. Je comprends qu'il puisse être scandalisé par la vision qu'ont ses compatriotes de Mao ou du système actuel, mais cette indignation tout à fait louable, ainsi que cette inquiétude justifiée pour le futur des relations sinno-occidentales, ne devrait pas lui faire oublier le principal danger qui nous guette.
La tentation obscurantiste, comme l'a décrit Caroline Fourest, pousse la gauche à soutenir l'islam militant en terre de France. Bien plus que le maoïsme, bien plus que le guevarisme, l'islamisme est en train d'étrangler l'Europe. L'auteur Bruce Bawer (While Europe slept) a sous-titré son livre "comment l'islam radical est en train de détruire l'Occident de l'intérieur". Il a totalement raison.
L'idée du califat mondial est universaliste. Le dar-el-islam à étendre est universaliste. Et nous sommes les prochains sur la liste.
Drzz
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Rédigé par : drzz | 05 septembre 2006 à 21:33
Drzz vous avez parfaitement raison. Je pense toutefois que Guy Sorman voulait dire que parmi nos chers directeurs de conscience français et européens qui furent maoïstes, trotkistes, staliniens puis désormais antimondialistes, peu encore ont embrassé l'islamisme. Ils s'inclinent peut-être et font des révérences, mais n'ont pas encore troqué l'écharpe rouge contre le turban. Ce n'est peut-être qu'une question de temps, et on sent que certains sont très tentés, surtout depuis que les Américains qu'ils abhorrent ont choisi leur camp. Mais ce serait un grand écart assez renversant, malgré ce à quoi nous pûmes assister dans le passé, et la différence, c'est justement la religion : elle est incompatible avec les idées de la gauche la plus extrême. Idôlatrie, oui, sacrifice (surtout des autres), avec plaisir, mais spiritualité, famille et morale, voilà des morceaux non comestibles. pour l'instant, en tout cas.
Rédigé par : Ksorp | 06 septembre 2006 à 00:48
Le sens moral succombant à l'attrait de la violence? C'est peut-être bien une des explications de cette ancienne tocade d'intellectuels pour la Chine. Sollers n'a-t-il pas toujours clamé haut et fort son admiration pour le marquis de Sade? Et Sartre n'a-t-il pas dit que les révolutionnaires de 1793 n'avaient probablement pas assez tué?
Rédigé par : Ostrogods | 06 septembre 2006 à 08:40
C'est vraiment bien vu que de proposer comme explication de la pensée de ces philosophes l'irrésistible attrait pour ce qu'on appelle le despotisme éclairé. Est-ce une chimère ? Tout dépend ce qu'on appelle éclairé : il est incontestable qu'il est plus facile de lancer des réformes et de faire appliquer des décisions "choc" quand on dispose d'un pouvoir despotique, plutôt que dans une démocratie.
Mais en effet, au nom de quoi le despote peut-il se prétendre plus éclairé que tous ses adversaires politiques ? Les partisans du despotisme citent souvent, avec mépris et pas tout à fait sans raison, l'inculture de la population (que par ailleurs, ils entretiennent), mais oublient de préciser que cette population est composée d'individus qui ont chacun une opinion, que ces opinions individuelles méritent tout autant examen, et qu'aucune de ces opinions n'est aussi confuse que ne l'est, inévitablement, l'opinion de la population globale, l'"opinion publique". C'est le schéma qui se répète à chaque fois qu'un despote éclairé offre généreusement à la population le bénéfice de ses lumières directrices.
D'ailleurs, avez-vous remarqué comment, au Vénézuela, sous nos yeux, est en train de se mettre en place une dictature ? Mr Chavez franchit les étapes une à une, patiemment et cyniquement, et la majorité de nos journalistes justifient un à un chacun des pas de Chavez, en feignant de ne pas voir à quel régime cela mènera. Il a commencé par allonger la durée de son mandat et va modifier la constitution pour supprimer la limite de deux mandats. Ensuite, il aura le choix entre mettre en place un appareil de trucage des élections pour se garantir la réélection perpétuelle, éliminer tout concurrent sérieux afin que la population vote pour lui par défaut, ou se déclarer président à vie. Je prédis plutôt une combinaison des deux premières, c'est légèrement plus fin, assez en tout cas pour tromper les naïfs.
Rédigé par : Ksorp | 06 septembre 2006 à 10:02
Cher guy,
merci pour ce post aux accents reveliens.
Rédigé par : Ploop | 06 septembre 2006 à 10:22
Vous sombrez, Guy, dans ce que vous dénoncez ! Ce qui vous importe n'est pas la Chine réelle ni le Mao réel, aux prises avec les contradictions de son temps (faudrait-il encenser et fallait-il aider Tchang Kaï-chek ? Le féliciter d'avoir déclenché le premier grand massacre en 1927 ?), mais le délire (en général bref) de certains intellectuels français.
Vos coups sont dans l'ensemble bien envoyés, mais nous-mêmes nous trouvons aujourd'hui face à une nouvelle biographie parfaitement manichéenne, et que beaucoup de maîtres à penser contemporains actuels (sans doute allez-vous prendre le relais ou le faites-vous implicitement avec de post), par exemple Stéphane Courtois, présentent déjà comme le fin du fin de la scientificité.
Face à cela, ne trouvez-vous pas que nous manquons un peu de maîtres à penser lucides et froids ?
Rédigé par : François delpla | 06 septembre 2006 à 15:50
Il me semble qu'attaquer Sollers avec Sade, c'est faire un bien grand honneur à Sollers (quoique j'admire la plume des deux).
Essayer de faire un crime de l'admiration de Sollers pour Sade, non. En faire l'explication de son engagement maoiste, de son aveuglement (volontaire, telle est la question auquel Sollers refuse de répondre), pourquoi pas.
Mais l'honnêteté commande de rappeler que ceux qui prendront Sade au pied de la lettre et se compromettrons avec les tyrans sont bien loin de leur "maître".
Faut-il encore rappeler que Sade, "détenu sous tous les régimes" (monarchies, révolutions, empire), n'a jamais commis que des infractions aux moeurs assez infantiles ? Que, un moment associé à la direction de la section des piques, il fit la preuve de son humanité en tentant de modérer les bouchers exaltés qui l'environnaient ?
Que de sa détention à la Bastille à sa fin dans un institut psychiatrique, il ne cessa de se comporter en homme libre (et spirituel) ? Somme toute, un bon exemple de l'esprit aristocratique de la dissidence, française ou chinoise.
Sade, un libéral inacceptable ?
Si il faut remonter dans la généalogie des auteurs bourgeois compromis avec les dictateurs, les noms de Voltaire et de Diderot me semblent plus pertinants.
Puisque vous parlez de despotisme éclairé, rappelez-vous la lettre de Catherine de Russie à Diderot où elle lui écrit qu'en tant qu'écrivain, il a bien de la chance puisqu'elle doit écrire son oeuvre sur "la peau humaine, qui est autrement chatouilleuse". Catherine aurait-elle été autant admirée par Voltaire si elle n'avait pas fait étrangler son Tsar de mari ?
Ici, comme dans l'islamisme, dans tous l'opéra chinois, dans la tragédie grecque ou shakespearienne, la condition des femmes est le grand moyen de justification de la violence. Combien vous avez raison de rappeler l'engagement de certains féministes en faveur de Mao. Vous rappelez-vous les paroles de Virginia Woolf à la vue des détenus du Goulag ? de répugnants misérables, visiblement criminels.
L'engagement de Sollers en faveur du féminisme (il l'a épousé) est son meilleur talisman contre les questions embarrassantes sur ses errements, ses bouts de route. Ne le sait-il pas mieux que quiconque, lui qui a écrit :
"Le monde appartient aux femmes,
c'est-à-dire à la Mort.
Là-dessus, tout le monde ment"
Rédigé par : Jeoffrey | 06 septembre 2006 à 20:20
M. Sorman,
Vous pratiquez vous-même le non-dit, vous arrangez la vérité, vous clamez haut et fort avoir passé un an en Chine pour documenter votre livre sur l'année du coq, vous savez et votre passeport le prouvera qu'il n'en est rien, vous n'avez fait que passer, de cela peut-on vous accusez ?
Vous citez Alain Peyrefitte, celui-ci ne s'est-il pas rendu à Pékin, en septembre 1989, serrer la main "du bourreau de Tian an men" ? N'a-t-il pas déclaré devant des intellectuels chinois médusés, qu'en France, en 1968, alors qu'il était ministre de l'éducation nationale, il avait envisagé d'ouvrir les stades...
M. Sorman, vos conversations avec d'anciens "mao" français ne vous ont-elles jamais permis de remplir quelques pages de vos livres ?
M. Sorman, je ne vous juge pas. Nul n'est parfait, et vous pas plus que les autres.
Rédigé par : Taiping | 07 septembre 2006 à 01:35
Guy Sorman semble ne jamais déployer assez d'énergie pour défendre l'Occident libéral.
Mais peut être viendra le jour où les employeurs de ce type d'"intellectuel" seront lassés de tant de servilité et de zèle à défendre la "cause" du libre échange et du démocrétinisme.
Ce jour là, fini les palaces en Chine ou (comme dans le cas de BHL) les luxueux Riads en Tunisie.
Cette date semble malheureusement encore trop loingtaine.
Quelques évènements innatendus pourraient bien dans les prochains mois accélèrer son approche...
Espérons !
Rédigé par : Vidal | 07 septembre 2006 à 18:24
Le gauchiste repenti vient de décerner à MM. Miller et Sollers le 4° Prix Jdanov pour leur engagement maoïste...
cf http://legauchisterepenti.oldiblog.com
Rédigé par : le gauchiste repenti | 08 septembre 2006 à 09:52
...et je décerne aussi le premier grand prix de la véritable crétinerie mentale à l'attention du successeur d'Alain Peyrefitte (le sinologue officiel de la république gaulliste) à la mairie de Provins, successeur dont je tairais le nom par décence et qui n'a probablement lu de "quand la chine s'eveillera" que le titre (d'ailleurs il ne sait probablement lire que les titres, et en plus il est ministre de la fonction publique, mais ceci explique peut-être cela...), lu dans le dernier numéro de la pravda provinoise : "... il s'agit du premier distributeur de billets dans le département 77 avec lequel les chinois peuvent retirer des euros"! un petit pas pour l'apparatcchik du pc chinois, un grand pas pour la démocratie universelle! allez un effort les maoistes, demandez l'asile politique à Provins, avec vos lointains cousins facho-gaullistes ca devrait coller, le grand bond en avant, vite! la révolution culturelle, encore et toujours!
Rédigé par : pfr | 08 septembre 2006 à 10:35
Guy Sorman a encore tapé juste: j'ai pas fini le publireportage d'Arte mais faut quand même reconnaitre l’exploit, hormis le fait d'avoir gâché nombre d'images inédites, de lui avoir consacré 4h d’émissions en ne citant même pas une fois l'ouvrage le plus documenté et critique sur le dictateur chéri de nos mandarins et fin lettrés, à savoir celui de Jung Chang et Jon Halliday ("Mao: The Untold Story", 2005).
Ce qui me fait penser à l'obscénité de ce maudit portrait de la Place Tian An Men, imaginez, 60 ans après Auschwitz, la Porte de Brandebourg... ornée d'un portrait géant d'Hitler !
http://jcdurbant.blog.lemonde.fr/jcdurbant/2006/05/take_down_that_.html
Rédigé par : jc durbant | 08 septembre 2006 à 14:36
Sado-marxisme ? Concept intéressant et qui va comme un gant à Sollers ! Mais qui ne va pas du tout à Sade, car Sade (même s'il est un peu too much d'en faire un "libéral") est l'écrivain qui n'a cessé de mettre des corps, c'est-à-dire des cadavres, sous les idées, qui s'est acharné (avec génie) à montrer toutes les tortures qu'il y avait derrières les théories, toutes les horreurs qu'il y avait derrière les sytèmes, et rendant de fait impossible car insoutenable, toute idéologie, théologie, philosophie, politique. Si Sollers avait été réellement sadien, loin de tresser des couronnes de fleurs à Mao, il aurait au contraire écrit quelque chose comme "Les cent-vingt journées de Pékin", il aurait montré la mort à l'oeuvre qu'est toujours une idéologie et de surcroît celle des communistes. Etre sadien, c'est flairer l'atrocité physique et morale que sous-tend toute Weltanschauung. C'est bien extirper les corps des idées.
A propos de Jean-François Revel, et pour ceux que ça intéresse, je viens précisément d'en poster un éloge sur mon blog, et qu'on dirait, cher Guy Sorman, inspiré du vôtre sur Mao et pourtant je jure qu'il n'en est rien :
http://pierrecormary.blogspirit.com/archive/2006/09/07/essai.html
Rédigé par : montalte | 08 septembre 2006 à 15:41
Les anciens maoïstes, reconvertis dans la gauche, ne peuvent pas faire d'autocritique lucide.
S'ils en faisaient, ils ne pourraient plus être de gauche.
Drzz
http://drzz.over-blog.org
Rédigé par : drzz | 08 septembre 2006 à 16:58
ayons aussi une pensée (je sais c'est bien lache, mais à l'époque j'avais 10 ans) pour les millions de cambodgiens (on parle de trois millions, trois millions...) proprement liquidés par les Khmers Rouges, génocide digne de l'Holocauste qui n'a pu se faire qu'avec au minimum l'accord tacite des dirigeants chinois et la pitoyable lacheté des ocidentaux. Khmers rouges avec à leur tête Pol Pot, parait qu'il est mort dans son lit. on vit vraiement sur une belle planète. et que dire du Tibet... le mur de Berlin est tombé mais il avait un frère jumeau celui-ci encore bien vivant et au meilleur de sa forme, celui de la place tien en man. sur l'attitude de la France, on comprend mieux maintenant la superbe formule de l'économiste Marseille, qui affirme à juste titre que "la france est une URSS qui a réussi", étrange fascination française pour le communisme et les pires totalitarismes! remarquez, avec Napoléon Ier nous avons inventé le totalitarisme moderne, ce n'est pas un hasard si la première chose qu'a fait Hitler lors de sa première visite à paris fin juin 1940, ce fut de se rendre sur le tombeau de l'empereur et de s'y recueillir... sujet tabou, n'est-ce-pas?
Rédigé par : pfr | 08 septembre 2006 à 18:15
***ce n'est pas un hasard si la première chose qu'a fait Hitler lors de sa première visite à paris fin juin 1940, ce fut de se rendre sur le tombeau de l'empereur et de s'y recueillir... sujet tabou, n'est-ce-pas?***
Pas pour le biographe français de Hitler en tout cas.
Plusieurs pistes : son désir de faire croire qu'il aimait la France, la respectait, lui avait fait la guerre à son corps défendant; son besoin de se faire passer pour un "européen" et non un nationaliste allemand (cf. une interview de Léon Degrelle : http://deuxiemeguerremondia.forumactif.com/viewtopic.forum?t=906); sa superstition, grâce à laquelle il se prenait pour un élu de la Providence, combinée à son goût pour le faste et le monumental.
Je vous rappelle, car ce n'est peut-être pas inutile, que l'histoire coule dans un seul sens et qu'un homme d'Etat de 1800 n'est en rien comptable des agissements d'un autre dans les années 1930-40.
Rédigé par : François delpla | 09 septembre 2006 à 10:14
Ce matin, le ciel est bleu – c’est assez rare par ici – et les rues sont balayées par un vent frais, presque automnal, chargé de sable du désert. Mais ce jour est un peu particulier : cela fait exactement trente ans que, le 9 septembre 1976, Mao nous a quittés. Trente ans pendant lesquels les changements se sont succédés en Chine mais où la ligne directrice est restée la même : la République populaire est une et indivisible sur son territoire, elle l’est également dans le temps, et c’est la garantie de sa stabilité.
Ayant acheté un petit bouquet de neuf fleurs rouges (pour symboliser le neuvième jour du neuvième mois), je pars à la recherche d’un monument à la mémoire de Mao que j’avais aperçu quelques jours auparavant, pour y déposer ce modeste hommage. J’irais bien à Tienanmen, mais c’est loin et je ne me souviens plus quelle ligne de bus je dois prendre. Après deux heures de marche dans Pékin, je dois me rendre à l’évidence : il m’est impossible de retrouver ce mémorial – bien que ce ne soient pas les statues à l’effigie de Mao qui manquent. Je vais devoir me résoudre à faire un autre usage de mon bouquet.
Dans les rues où je passe, dans un quartier un peu insalubre et ayant l’air d’être en démolition (à Pékin, ce qui n’est pas en construction est en démolition), je vois qu’on a sorti de nombreux portraits du Grand Timonier ainsi que des drapeaux rouges. Des femmes brûlent de l’encens ou allument des bougies sur le pas de leur porte, quelques hommes ont même ressorti leur vieux costume de toile verte, et je vois çà et là le touchant hommage que rend le petit peuple à l’homme qui l’a sorti de la féodalité. Le Parti, m’a dit Bo, s’est quant à lui réuni en privé avec quelques officiels pour célébrer cet anniversaire, et le public n’a malheureusement pas été convié à cette occasion. Qu’importe – la mémoire de Mao appartient à tous les Chinois, et je dirais même à tous les socialistes du monde, car il fut une icône pour les peuples exploités bien au-delà des frontières de l’Asie.
Je laisse les intellectuels occidentaux se moquer ou s’offusquer de cette ferveur presque religieuse chez le peuple chinois ; quand on se trouve face à ces témoignages simples et émouvants de communion populaire, on ne peut que ressentir un profond respect. Voir cela me remet du baume au cœur ; j’en avais bien besoin car j’ai eu l’occasion de m’attrister, toute la semaine, en lisant sur le sujet les éditoriaux et les articles édifiants de nos petits soldats de la pensée unique dans la presse occidentale. La mauvaise foi, la malhonnêteté intellectuelle, voire parfois le révisionnisme historique, s’affichent sans le moindre scrupule dans les pages de nos grands quotidiens, et je me sens à chaque fois blessé personnellement quand la vieille rancœur anti-communiste de mon Europe natale fait reparaître son visage grimaçant aux tribunes. J’en éprouve à chaque fois une grande honte et un sentiment de révolte, dans mon impuissance à ramener toute cette clique aboyeuse à un peu plus d’objectivité.
Comprenez-moi bien : il ne s’agit pas de nier les erreurs de Mao ni même de les relativiser ; elles furent souvent sanglantes (et ce bien malgré lui), mais doit-on vraiment les imputer à un seul personnage et doit-on vraiment appeler criminel un homme qui s’est quelquefois, comme tous, trompé dans ses visions ? Et comment pouvons-nous évaluer honnêtement le bilan de son travail titanesque ?
La Chine était féodale ; elle est maintenant une république.
La Chine était une colonie ; elle est maintenant indépendante.
La Chine était pauvre et affamée ; elle marche maintenant vers la prospérité.
Mao, c’est avant tout cela : la résistance contre l’envahisseur japonais, la libération nationale, la réunification d’un immense territoire, l’émancipation de la femme, la scolarisation des masses, l’autonomie, et le retour si longtemps désiré à une Chine fière d’elle et pouvant compter sur ses propres forces.
Comme il est facile de rouer de coups un cadavre ! Comme il est grossier de flétrir la mémoire d’un homme le jour de son anniversaire ! Et quel affront pour le peuple que cet homme a guidé pendant tant d’années ! Mais les gens, ici aussi, savent bien que la supériorité d’une meute de chiens vivants sur un lion mort n’est qu’apparente. Mao n’est plus de ce monde, mais la construction qu’il a patiemment édifiée est devenue plus forte encore que de son temps et elle est prête à résister à toutes les attaques les plus félonnes de ceux qui vont jusqu’à draper leur haine viscérale du socialisme dans de beaux motifs humanitaires – suivez mon regard… Diffamez, diffamez, tout cela finira dans l’oubli plus tôt que vous ne le pensez. Mais la mémoire des grands, elle, perdurera.
« Je méprise la poussière qui me compose et vous parle ; on pourra persécuter et faire mourir cette poussière ! Mais je défie qu'on m'arrache cette vie indépendante que je me suis donnée dans les siècles et dans les cieux. Dispersez mes membres aux quatre vents ; il en surgira des républiques. Arrachez-moi le cœur, mangez-le, vous deviendrez ce que vous n’êtes pas : grands. »
(Saint-Just)
Rédigé par : Il y a trente ans s'éteignait le grand timonier | 09 septembre 2006 à 10:17
Il y a dans votre texte un sain rappel et un illogisme profond;
Le sain rappel : les ravages de l'anticommunisme primaire, le caractère abject du spectacle d'une meute sur un cadavre...
L'illogisme profond : vous faites à Mao un mérite de tout ce qui a changé en bien, et l'absolvez (ou tendez à l'absoudre) des fautes comme des crimes. Pour ne prendre que l'exemple de la modernisation, il est patent que Mao s'y est largement opposé et que Deng, à tous risques, en a tenu le flambeau.
D'autre part la Chine aujourd'hui ne va pas si bien que ça, sa sortie du sous-développement est largement anticipée par nos commentateurs béats, la femme y est tout sauf émancipée notamment dans son éventuel désir d'enfanter...
Rédigé par : François delpla | 09 septembre 2006 à 11:41
"Cet après-midi, le vent s'est levé - c'est assez rare par ici - et les rues sont baignées par un ciel bleu encore estival, chargé des effluves des rizières. Aujourd'hui est un jour un peu spécial : c'est l'anniversaire de l'homme qui nous a débarrassé des soixante millions de criminels antirévolutionnaires qui faisaient de ce pays un état féodal sans culture ni grandeur, capable seulement de misérables calligraphies, et encore aliéné à ces régressions mentales que furent le taoïsme ou le confucianisme.
Ayant acheté un petit bouquet de neuf fleurs rouges (pour symboliser la lutte contre les "neuf catégories de nuisibles" que le grand timonier dans sa sagesse éternelle avait établi : propriétaires fonciers, paysans riches, contre-révolutionnaires, mauvais éléments, droitistes ou droitiers, militaires et agents du Guomindang, agents ennemis capitalistes et tous les intellectuels qui persistèrent dans leurs erreurs), je pars à la recherche d'un monument à la mémoire de Mao que j’avais aperçu quelques jours auparavant, pour y déposer ce modeste hommage. J’irais bien à Tienanmen, histoire de rendre mon hommage hebdomadaire aux chars qui en 1989 avaient maté la tentative d'attentat antirévolutionnaire fomentée par d'ignobles étudiants lobotomisés par la chute du mur de Berlin et croyant tout de bon causer la chute de notre muraille communiste, et comme d'habitude cracher sur ce traitre d'étudiant qui tint outrageusement tête aux forces de progrès de l'ordre du grand bon en avant (il est vrai qu'il fut aidé par le pilote du char, indigne collabo de ce geste infantile, et qui, s'il avait vraiment été révolutionnaire, n'aurait pas freiné son engin) mais c’est loin et je ne me souviens plus quelle ligne de bus je dois prendre. Tant pis, j'irai visiter les prisons de la ville et tenter de convaincre les quelques innommables anticulturels à la solde de l'Occident qui n'ont pas encore compris, même après trente ans de rééducation, le sens historique sublime que leur pays a pris depuis la Révolution culturelle. Ils crient, ils crient... Bon, ok, du volt dans les gencices, ça fait mal mais moins qu'étudier le Petit Livre Rouge. A chaque fois, c'est comme ça !
Dans les rues où je passe, dans un quartier un peu insalubre et ayant l’air d’être en démolition (à Pékin, bâtiments et population qui ne sont pas en construction sont en démolition), je vois qu’on a sorti de nombreux portraits du Grand Timonier ainsi que des drapeaux rouges.Comme il est touchant cet hommage que le petit peuple rend à l'homme qui l'a délivré des salopards du Lotus Bleu ! Cela me rappelle mon émotion quand je séjournais en Russie et que j'allais m'agenouiller aux pieds des statues de Lénine et de Staline (car eux aussi délivrèrent les russes de l'aliénation dosto-tolstoïenne), presqu'autant que celle qui me prit lors de mon passage en Allemagne où avec des amis qui m'avaient enfin expliqué l'humanisme paradoxal de l'auteur de Mein kampf, j'allais me recueillir dans la maison natale de celui-ci. Qu'importe ce que l'on pense en Occident ! La mémoire de Mao, de Staline et des autres appartient à tous les socialistes du monde entier, car ils furent des icônes pour tous les peuples exploités - même si je ne m'expliquerai jamais pourquoi les peuples d'Europe de l'ouest n'ont jamais donné le pouvoir au parti du grand bon communiste en avant. Sans doute ne les a-t-on pas bien éduqués et les a-t-on laissés à leurs caprices individualistes...
Oh comme je les plains ces intellectuels d'Occident toujours à rechercher la petite bête, à voir le mal partout et notamment dans les causes les plus nobles. Que sont soixante misérables millions de morts (et de morts criminels je le répète) par rapport à un milliard et demi de personnes libérées et heureuses ? Comme il est hideux cet anticommunisme primaire! (pourquoi pas non plus un antinazisme primaire tant que vous y êtes messieurs les éditorialistes parisiens de la pensée unique ?) Comme ils devraient rougir, ces messieurs Revel, Furet, Simon Leys, Aron et vous aussi monsieur Sorman ! Et ne croyez pas que je ne critique que vos sbires. En Chine aussi, hélas, les ennemis du peuple tentent de faire leurs ravages, tel l'abject Harry Wu, auteur de "Laogai, le goulag chinois" interdit chez nous mais évidemment en vente libre chez vous, et sur internet encore : http://www.agora-international.com/cgi-bin/librairie/reference/DAG026.
O indigne engeance d'écrivailleurs bourgeois ! O faux amis de l'humanité ! O antilaogaïstes demeurés ! En Chine, vous nous auriez déjà rendu des comptes, croyez-moi ! Et comment pouvez-vous portez l'ignominie jusqu'à vous en prendre aux seuls d'entre vous qui sauvent votre caste, à savoir ces héros de la lucidité mandarine, ces samouraïs de la pensée culturelle, j'ai nommé Philippe Sollers, Julia Kristeva, Roland Barthes, et la sublime Maria-Antonietta Macchiocchi (atrocement violée un jour sur le plateau d'Apostrophes par un Simon Leys pétri de haine sordide) que je ne me lasse jamais de relire.
Alors oui, Mao a fait quelques erreurs, mais qui n'en a pas fait dans sa vie ? Voldemor et Dark Vador aussi y z'en on fait ! Et Hidargos aussi il en fait ! Alors putain merde, qu'est-ce que vous avez tous à dire dire du mal de mon doudou ? C'est pas juste à la fin, pas juste, pas juste...
La Chine était féodale, elle est devenue le premier état totalitaire du monde.
La Chine était une colonie, elle a compensée en faisant une une du Tibet.
La Chine mourrait de faim. Depuis cinquante ans, on meurt dans ses camps, ses prisons, ses charniers, mais plus jamais de faim.
Mao a donné une force indéniable à la Chine et a redonné confiance à son peuple, comme Franco en Espagne, Pinochet au Chili, les Colonels en Grèce, et comme tous les dictateurs du monde dans tous les pays du monde. Alors diffamez, diffamez... La la mémoire d'un grand homme résiste toujours à la bave carnassière de ceux qui font croire que six fois dix millions de mort peuvent remettre en question le génie et la vérité d'un homme. Mao !"
"On les forcera à être libre" Jean-Jacques Rousseau.
"Si vous désirez la sympathie des masses, vous devez lui dire les choses les plus stupides et les plus crues." Adolph Hitler repris par Staline et copié par Mao.
"Ca bouge dans ma tête"
David L'Epée.
Rédigé par : montalte | 09 septembre 2006 à 22:05
Je pense que le personnage qui nous a gratifié de son serment de fidélité à Mao comme d'autres en leur temps faisaient un serment éternel à la SS nous expliquera que représenter l'ignoble ne veut pas dire l'approuver... Les admirateurs de l'immonde Che Guevara tiennent le même discours illogique et hypocrite.
Chez vous monsieur le totalitaire "Il y a trente ans s'éteignait le grand timonier", la multitude des charniers n'écoeure même plus. Vous êtes un vrai malade.
Drzz
http://drzz.over-blog.org
Rédigé par : drzz | 09 septembre 2006 à 23:20
Ce monsieur, qui semble ne pas manquer d’humour noir (c’est malheureusement la seule chose dont il ne manque pas) répare une erreur que j’ai faite dans mon premier message : j’ai en effet oublié de me présenter – j’avais confondu la rubrique du nom du posteur avec celle du nom du texte. Je m’appelle donc David L’Epée, étudiant actuellement à Pékin, et je m’occupe moi aussi d’un blog, « Au Cœur de l’Empire », que vous pouvez lire sur ce lien : http://aucoeurdelempire.spaces.live.com/
Sans avoir la longue expérience de M. Sorman, je conseille ce blog à ceux qui voudraient avoir une « autre vision » de la Chine, peut-être un peu moins ethnocentrée…
Mes présentations faites, j’aimerais bien que le sympathique pamphlétaire qui m’attaque me dise également qui il est ; ainsi nous pourrons discuter d’égal à égal.
En ce qui concerne les associations constantes que vous faites entre communisme et nazisme, en plus d’être très insultantes, elles sont un élément surexploité de la propagande libérale et ne prouvent qu’une chose : la malhonnêteté intellectuelle de ceux qui les utilisent. De même, ceux qui répètent bêtement que Mao = Staline n’ont vraisemblablement jamais ouvert un livre d’histoire. S’il vous prenait l’envie d’accomplir cet acte audacieux mais ô combien nécessaire, je vous conseille aussi de regarder à la page où on explique le rôle primordial joué dans tous les pays par les communistes dans les luttes anti-fascistes (Espagne, Italie, Allemagne, France, Chine, etc.), ça vous évitera de tomber dans le révisionnisme facile et de mettre tout le monde dans le même panier.
Dans votre liste d’écrivains anti-chinois (qui ne le sont tout de même pas tous, heureusement), vous avez oublié de nommer celle qui semble être l’auteur de votre bible, ce livre qui vient de sortir et dont on ne tarit pas d’éloge sur ce blog – j’ai nommé Jung Chang ! Pardonnez-moi si je ne partage pas votre vénération pour ce pavé illisible, mais je n’appelle pas ça un livre d’histoire. Cela me fait plutôt penser aux « exposés d’amertume » que l’auteur critique justement : un exutoire littéraire pour déverser sa haine d’un certain passé. C’est tout à fait son droit, et elle a de bonnes raisons de penser ce qu’elle pense, mais par pitié, si vous voulez parler histoire, prenez des références sérieuses !
Parmi les auteurs chinois qui ont un peu touché à l’histoire (sans être exactement historiens), je vous conseille de lire ou de relire Han Suyin, que cela soit sa biographie de Mao ou son livre intitulé « La Chine en 2001 ». Et rassurez-vous, ce n’est de loin pas une écrivain communiste.
Et, s’il vous plaît, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. J’ai écrit clairement que je ne cherche ni à nier ni à minimiser les fautes de Mao – car je maintiens que la plupart des drames qui ont secoué la Chine au XXe siècle étaient plus souvent l’effet d’erreurs tactiques que de « crimes » comme vous dites. J’ai sûrement au sujet de la Révolution Culturelle ou du Grand Bon en Avant la même opinion que vous, donc veuillez bien cesser de me présenter comme un garde rouge, merci ! Mais s’il s’agit de faire un bilan de cette longue période pleine de bouleversements divers, je serais assez de l’avis de Deng Xiaoping (sans pour autant l’exprimer en pourcentages, car j’ai un peu de peine avec cette manière de juger) pour dire que les bienfaits apportés par Mao à la Chine ont été plus nombreux et plus durables que ses excès et que ses maladresses. Avouez que ce n’est tout de même pas une attitude dévote que d’avoir ce genre de jugement !
Mais ce qui me choque le plus dans vos sarcasmes, c’est le total mépris que vous semblez avoir pour la sensibilité populaire qu’on retrouve ici à Pékin et certainement ailleurs dans le reste de la Chine. Vous prenez les gens de haut comme s’ils n’avaient rien compris, comme si vous étiez plus à même qu’eux pour leur expliquer leur situation. Mais ceux qui ont subi les drames de la Révolution Culturelle et tout le reste, ce sont eux et pas vous ! Cette manière de donner des leçons sans connaître grand-chose au sujet et de se penser supérieur aux premiers concernés, me fait penser – vous me le pardonnerez – à une attitude coloniale. Je ne suis certainement pas le seul à qui ce genre de relents fait horreur.
Donc, plutôt que d’épiloguer sans fin sur des événements qui vous dépassent visiblement, vous pourriez tout aussi bien nettoyer devant votre porte et vous poser les mêmes questions au sujet des idéologies qui dominent actuellement notre bonne vieille Europe, à commencer par le libéralisme. Pour moi, cette idéologie reste la plus totalitaire à bien des égards, et de manière plus insidieuse, plus perverse que les autres, car ce n’est pas une dictature déclarée, mais une pensée unique qui avance masquée, sous des vocables aussi abscons que la démocratie ou la liberté. Réfléchissez-y et pardonnez-moi d’être un peu arrogant, mais l’arrogance appelle l’arrogance.
Quant à ceux qui traitent leurs détracteurs de "malades", ça ne vous fait pas penser à quelque chose ? Vous avez raison, comment puis-je être communiste, c'est inconcevable ! Qu'on m'envoie dans un hôpital et qu'on me guérisse, il n'est tout de même pas dit que le libéralisme tolère la pluralité des opinions ! Ah mais j'oubliais : le communisme n'est pas une opinion, c'est un crime...
Rédigé par : David L'Epée | 10 septembre 2006 à 06:23
bien envoyé aux destinataires mais vous ne me répondez guère !
Rédigé par : François delpla | 10 septembre 2006 à 08:35
Eh bien je répondrai pour ma part que vos arguments "vous aussi soutenez une idéologie, l'idéologie libérale", "les méchants qui critiquent Mao sont des amers", "il y a bien eu des petites erreurs, mais des crimes, comme vous y allez", "les communistes et donc Mao ont lutté contre le fascime dont il faut les considérer comme le contraire du fascime" ne sont pas des arguments mais de vieilles rengaines qu'on entend depuis 50 ans sinon plus. Je vous invite en faire de vrais arguments en nous expliquant clairement ce qu'est une idéologie; ce qui vous permet d'accuser Jung Chang d'amertume et de mauvaise foi; si la bêtise tactique est possible à une telle échelle et s'il eût été possible à Mao d'en faire de moins meurtrières; enfin de nous montrer la différence entre les libértés dans un régime fasciste et dans un régime communiste.
Rédigé par : Ksorp | 10 septembre 2006 à 10:37
Je reviens un instant sur le dernier post de David.
***une pensée unique qui avance masquée, sous des vocables aussi abscons que la démocratie ou la liberté***
Si vous voulez dire que le libéralisme amène le recul de certaines libertés et tourne fréquemment le dos à la démocratie, d'accord.
Mais pourquoi faciliter la besogne en traitant ces termes d'"abscons" ?
Un exemple : la presse est moins diverse en France aujourd'hui qu'il y a 50 ans, en raison, notamment, du droit qu'ont les riches d'acheter des journaux pour les supprimer. C'est une perte pour la liberté et la démocratie, clairement et non absconsément !
Rédigé par : François Delpla | 10 septembre 2006 à 11:01
Contrairement au socialisme dont on est sûr qu'il le soit, le libéralisme est-il une idéologie ? Voici ce qu'écrivait à ce props le regretté Jean-François Revel dans La grande parade, au chapitre "Un débat truqué : socialisme contre libéralisme", pp 62 et suivantes. L'extrait est un peu long mais éclairera nos amis radicaux-le-marché-c'est-pire-que-les-camps :
"Un malentendu fausse quasiment toutes les discussions sur les mérites respectifs du socialisme et du libéralisme : les socialistes se figurent que le libéralisme est une idéologie. Et, suivant une soumission mimétique souvent décrite dans ces pages, les libéraux se sont laissé inculquer cette vision grossièrement erronée d'eux-mêmes. Les socialistes, élevés dans l'idéologie, ne peuvent concevoir qu'il existe d'autres formes d'activité intellectuelle. Ils débusquent partout cette systématisation abstraite et moralisatrice qui les habite et les soutient. Ils croient que toutes les doctrines qui les critiquent copient la leur en se bornant à l'inverser et qu'elles promettent, comme la leur, la perfection absolue, mais simplement par des voies différentes. Si, par exemple, un libéral dit à un socialiste : "A l'usage, le marché semble être un moins mauvais moyen d'allocation des ressources que la répartition autoritaire et planifiée", le socialiste répond aussitôt : "Le marché ne résout pas tous les problèmes." Certes ! Qui a jamais soutenu pareille ânerie ? Mais, comme le socialisme, lui, a été conçu dans l'illusion de résoudre tous les problèmes, ses partisans prêtent à leurs contradicteurs la même prétention. Or tout le monde n'est pas mégalomane, heureusement. Le libéralisme n'a jamais eu l'ambition de bâtir une société parfaite. Il se contente de comparer les diverses sociétés qui existent ou ont existé et retenir les leçons à tirer de l'étude de celles qui fonctionnent ou ont fonctionné le moins mal (...)
Le libéralisme n'a jamais été une idéologie, j'entends n'est pas une théorie se fondant sur des concepts antérieurs à toute expérience, ni un dogme invariable et indépendant du cours des choses ou des résultats de l'action. Ce n'est qu'un ensemble d'observations, portant sur des faits qui se sont déjà produits. Les idées générales qui en découlent constituent non pas une doctrine globale et définitive, aspirant à devenir le moule de la totalité du réel, mais une série d'hypothèses interprétatives concernant des événements qui se sont effectivement déroulés. Adam Smith, en entreprenant d'écrire La richesse des nations constate que certains pays sont plus riches que d'autres. Il s'efforce de repérer, dans leur économie, les traits et les méthodes qui peuvent expliquer cet enrichissement supérieur, pour tenter d'en extraire des indications recommandables. (...)
Il faut donc refuser l'affrontement entre socialisme et libéralisme comme étant l'affrontement de deux idéologies. Qu'est-ce qu'une idéologie ? C'est une construction a priori, élaborée en amont et au mépris des faits et des droits, c'est le contraire à la fois de la science et de la philosphie, de la religion et de la morale. L'idéologie n'est ni la science, pour laquelle elle a voulu se faire passer ; ni la morale, dont elle a cru détenir les clefs et pouvoir s'arroger le monopole, tout en s'acharnant à en détruire la source et la condition : le libre arbitre individuel ; ni la religion, à laquelle on l'a souvent et à tort comparée. La religion tire sa signification de la foi en une transcendance, et l'idéologie prétend rendre parfait ce monde-ci. la science accepte, je dirai même provoque, les décisions de l'expérience, et l'idéologie les a toujours refusées. La morale repose sur le respect de la personne humaine, et l'idéologie n'a jamais régné que pour la briser. Cette funeste invention de la face noire de notre esprit, qui a tant coûté à l'humanité, engendre en outre, chez ses adeptes, ce curieux travers qui consiste à prêter à autrui leur propre forme d'organisation mentale. L'idéologie ne peut pas concevoir qu'on lui oppose une objection si ce n'est au nom d'une autre idéologie. Or, tout idéologie est un égarement. Il ne peut pas y avoir d'idéologie juste. Toute idéologie est intrinsèquement fausse, de par ses causes, ses motivations et ses fins, qui sont de réaliser une adaptation fictive du sujet à lui-même - à ce "lui-même", du moins, qui a décidé de ne plus accepter la réalité, ni comme source d'information ni comme juge du bien-fondé de l'action. (...) Le libéralisme n'est [donc] pas le socialisme à l'envers, n'est pas un totalitarisme idéologique régi par des lois intellectuelles identiques à celles qu'il critique."
Et de rappeler brutalement que la vraie différence entre capitalisme et socialisme est que le premier apporte de la prospérité sur fond d’inégalité conjoncturelle alors que le second n’entraîne que de la pauvreté généralisée sur fond d’inégalité structurelle... sans compter les charniers.
Rédigé par : montalte | 10 septembre 2006 à 11:01
François Delpia: vous dites qu'il y a moins de journaux aujourd'hui parce que le libéralisme permet aux riches d'aujourd'hui d'acheter des journaux pour les supprimer. Lorsqu'un journal disparait, à votre avis, que font ses lecteurs? Je pense qu'ils se reportent vers un autre journal. Si vous aviez raison, alors les jounruax et magazines possédés par de grands groupes (aussi bien l'humanité que le monde, le point, etc, etc etc) auraient donc disparu, or ce n'est pas le cas. Ils perdent des lecteurs, et les journaux qui en perdent disparaissent quand les subventions et la publicité ne suffisent plus à équilibrer les comptes. Regardez également les journaux gratuits et la télévision, et vous verrez comment et pourquoi le lectorat même des quotidiens et même des magazines se réduit. Pourquoi cela ne vous suffit-il pas à expliquer la réduction du nombre de journaux ? Vous n'avez pas besoin d'ajouter à des causes concrètes une cause fantasmatique. Même l'"Humanité" ne survit plus que parce que, justement, elle a été perfusée par M. de Rotschild, qui ne l'a pas supprimée du tout! Que la disparition des journaux soit une perte pour la démocratie, c'est sûrement globalement vrai, mais votre raisonnement "si perte de démocratie alors c'est un coup des anti-démocrates" donc "or anti-démocrates = riches" donc "c'est un coup des riches" ne tient pas.
Rédigé par : Ksorp | 10 septembre 2006 à 12:56
La fascination de la Chine, chez Sollers, n’a rien de la génération de spontanée. Déjà "Drame" (1965) est un « roman chinois » qu’éclaire le taoïsme. Elle l’a d’abord été pour la pensée ancienne chinoise. Loin des formules rapides qui font mouche, et tiennent lieu de réquisitoire sans appel, ceux qui sont intéressés à connaître le parcours intellectuel et politique - et les deux projets sont liés chez le Sollers des années 70 du groupe « Tel Quel » - peuvent entrer dans les textes.
Le lent processus de maturation des esprits s’y révèle : espoirs, fascination, utopie, dégrisement. Indéfendable engagement de ceux là… Pas si simple. « Pourquoi j’ai été chinois ». Plus sur http://www.pileface.com/sollers/article.php3?id_article=226
Rédigé par : Viktor | 10 septembre 2006 à 14:38
***Un exemple : la presse est moins diverse en France aujourd'hui qu'il y a 50 ans, en raison, notamment, du droit qu'ont les riches d'acheter des journaux pour les supprimer. C'est une perte pour la liberté et la démocratie, clairement et non absconsément !***
Il suffit de lire le mot "notamment" au lieu de le zapper, et votre commentaire ne tient plus.
En revanche, vous confirmez que libéralisme est bel et bien une idéologie, de celles qu'on défend religieusement et nerveusement devant toute apparence de critique. Son postulat de base, que la liberté économique va de pair avec les autres, est ruiné par mon petit exemple (liberté d'acheter un journal pour lui tordre le cou). Je n'en appelle pas pour autant au rejet de la propriété privée des médias ni à la condamnation sans nuance du marché. C'est votre propos qui manque de nuances, non le mien.
Rédigé par : François Delpla | 11 septembre 2006 à 06:31
Pour en finir avec notre Candide du Meilleur des Laogaï possibles, il est quand même stupéfiant de constater que pour celui-ci, avoir de la compassion pour les dizaines de millions de victimes du maoïsme et, parmi elles, affirmer une franche solidarité avec tous les intellectuels, étudiants,écrivains,relève d'une "attitude coloniale". Etre du côté de ceux qui se sont insurgés contre ce régime de boucher et qui ont donné leur vie serait aux yeux de notre sympathique apprenti une preuve de notre mépris pour "la sensibilité populaire chinoise". N'a-t-il jamais entendu parler d'aliénation ? Ne se rend-il pas compte que pour une majorité de chinois le culte de la personnalité de Mao continue ses ravages ? Ne sait-il pas que le propre des tyrans totalitaires est de se faire adorer tout en faisant oublier leurs crimes ? N'a-t-il pas lu l'enquête de La Boétie sur la servitude humaine ? Imaginez qu'en Allemagne un culte soit rendu massivement à Hitler, parlerait-on d'émouvante sensibilité populaire ?
Hélas, David L'Epée ne pourra jamais être lecteur de l' "enquête sur la servitude humaine". Et pour cause : il en est un des acteurs.
Rédigé par : montalte | 11 septembre 2006 à 14:24
Comment n'y ai-je pas pensé ? C'est pourtant limpide : si tant de Chinois pensent différemment que vous, c'est évidemment parce qu'ils sont aliénés.
Ainsi, non seulement vous traitez vos contradicteurs de "malades" (il faut donc les guérir, les rééduquer) mais également d'aliénés - car ce n'est absolument pas "normal" de penser ce que nous pensons. Vous faites beaucoup de parallèles avec le nazisme dans vos textes et vous avez raison - car Hitler préconisait les mêmes méthodes.
Le fou est souvent celui qui refuse de reconnaître sa folie et qui considère comme fous tous ceux qui l'entourent. Il semble qu'il en aille de même avec cette fameuse aliénation que vous attribuez si généreusement au premier déviationniste venu...
Rédigé par : David L'Epée | 12 septembre 2006 à 02:03
David, votre définition du fou vous sied à merveille, vous qui, encore ajoud'hui, faites l'éloge de ce fléau qu'est le communisme, un régime politique qui partout a semé la mort et la désolation à une échelle défiant l'imagination. Inouï.
Rédigé par : Ostrogods | 12 septembre 2006 à 07:51
Surtout qu'il ne comprend rien enfermé qu'il est dans sa raison culturelle. Nous lui disont que nous avons de la compassion et de la solidarité pour les chinois qui ont résisté à l'aliénation maoïste au prix de leur vie - et qui sont l'honneur de leur pays, il répond que nous avons une attitude colonialiste. Nous lui faisons remarquer que cinquante ans de maoïsme ont pu peut-être abrutir un large pan de la population chinoise, il nous répond que nous n'aimons pas les chinois. Nous osons trouver des points communs entre le communisme et l'hitlérisme, il rétorque que l'hitlérisme, c'est nous. Bien.
Au fait, David, "le fou n'est pas celui qui a perdu la raison, le fou est celui qui a tout perdu sauf sa raison". Lisez donc Chesterton, l'auteur qui remet les idées en place et le coeur au bon endroit.
(Et n'hésitez pas à venir sur mon blog : http://pierrecormary.blogspirit.com/, on vous y rééduquera comme il faut. Et rassurez-vous, nous sommes très gentils derrière nos airs très méchants - contrairement aux communistes que vous aimez tant.)
Rédigé par : montalte | 12 septembre 2006 à 08:25
Il faut envisager que David L'Epée n'existe pas : c'est probablement un leurre posté sur ce blog par le département de la propagande du parti communiste chinois . En discuter est donc sans objet.
Rédigé par : guy sorman | 13 septembre 2006 à 00:09
A propos de propagande, cela me fait penser à un reportage que j'avais vu sur la Corée du Nord. Bien évidemment, les journalistes étaient encadrés par des "guides", et nous ne savons pas ce qu'ils eurent le droit ou pas de filmer; mais le plus étonnant n'était pas là. Ce que nous vîmes, par exemple un cours d'anglais marxiste (si si, ça existe!) à l'école, était effrayant. Même en s'efforçant de ne pas penser que les charmants bambins étaient tous des enfants de cadres du parti. Et j'ai alors réalisé que les services de propagande avaient *autorisé* qu'on filme cette scène; peut-être même en étaient-ils fiers! Alors, je me dis ceci, naïvement: si je vois un reportage diffusé avec l'aval du parti communiste nord-coréen, et que je suis effrayé, comment des intellectuels ont-ils pu être abusés dans le passé ?
Rédigé par : Ksorp | 13 septembre 2006 à 00:32
Rassurez-vous, j'existe bien, et si vous venez faire un tour sur mon blog -http://aucoeurdelempire.spaces.live.com/ - vous constaterez que je peux tout à fait être critique, sur tel ou tel sujet, quant à la ligne du PCC.
Je sais bien que ce n'est pas moi qui parviendrai à vous convaincre, car il n'y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre, et je comprends que ça fasse tache quand, dans l'avalanche des commentaires unilatéraux de ce blog, quelqu'un exprime un avis divergent.
La seule chose que je peux vous dire - en toute franchise et sans la moindre animosité - c'est que si vous avez l'occasion un jour d'aller vivre en Chine un moment (je ne dis pas en touriste, mais en s'intégrant autant que possible au pays), vous changerez sûrement certaines des opinions préconçues que vous pouvez avoir sur ce pays étonnant. J'ai en tout cas beaucoup de chance de vivre en ce moment à Pékin, et si vous passez par là, je vous y rencontrerai volontiers.
Rédigé par : David L'Epée | 13 septembre 2006 à 11:16
Il se trouve que j'ai vécu plusieurs années en Chine ; j'ai consacré à ce pays plusieurs ouvrages ( dont L'année du Coq ) , souvent traduits en chinois ; il m' été donné de faire sortir de Chine plusieurs universitaires de Pékin , pourchassés aprés le massacre de Tien Anmen dont le Pr Zhao Fusan. Je ne rêve donc pas la Chine .
Rédigé par : guy sorman | 13 septembre 2006 à 11:25
Pour reprendre les mots employés sur le blog de David l'Epée, cela vaut son pesant de cacahouètes... :
"Ce que j’écrivais il y a quelques jours dans mon texte intitulé « Il y a trente ans s’éteignait le Grand Timonier » s’est malheureusement vérifié une fois de plus : certains zélateurs du libéralisme le plus outrancier, avec un cynisme sans nom, ont profité de cet anniversaire funèbre pour cracher leur petite bile sur le corps froid de Mao – et accessoirement sur votre serviteur. Ce manque de pudeur et de civilité est véritablement inquiétant mais significatif d’une société déritualisée où le respect n’est plus qu’un mot sans valeur pour les plus arrogants. Je ne parle pas du respect pour Mao (qui n’en a cure là où il est) mais du respect pour ceux qui, en Chine ou ailleurs, ce 9 septembre, avaient une pensée reconnaissante pour le grand travail accompli par lui."
Le révisionnisme et le pardon tardif sont dans le vent, on a pu le constater avec Günter Grass, voilà que les admirateurs de Mao l'ignoble osent encore lever la voix...
Rédigé par : drzz | 13 septembre 2006 à 19:31
David l'Epée, ce serait plutîot à vous de voyager, dans les campagnes chinoises par exemple... Oubliez les bars à Occidentaux et voyagez à l'intérieur du pays... "L'oeuvre de Mao", dans toute son horreur, vous interloquera peut-être.
Drzz
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Rédigé par : drzz | 13 septembre 2006 à 19:34
David l'Epée, je vous propose de venir en discuter sur mon blog, vu que vous m'avez personnellement consacré un article de votre blog - c'est trop d'honneur. Pour relancer le débat, je suis d'accord avec vous : le communisme ne saurait être comparé au nazisme. Il a été bien pire que le nazisme.
Comme le disait le regretté JF Revel, "le communisme c'est le nazisme, le mensonge en plus".
Drzz
Mon blog :
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Rédigé par : drzz | 13 septembre 2006 à 19:41
Pour commencer laissons l’insignifiant épisode Mao de notre petite élite française qui pèse que peu face au destin d’un milliard d’habitants. Il y a un siècle la Chine agonisait, pauvre, soumise, incapable de muer d’une culture trois fois millénaire. Quelques tentatives modernes (dont la courte République de SunYatsen) qui ne firent cependant guère illusion face au chaos généralisé (les fameux seigneurs de la guerre) et à l’oppression des grandes puissances étrangères (Angleterre, EU, France, Allemagne, Italie et Japon). S’en suit une guerre civile + une guerre contre le Japon dans l’arrière bruit d’une guerre mondiale. En 1949 les communistes l’emportent. Une Chine nouvelle naît : jeune, fière, indépendante, libre de son destin. Ce que l’occident obsédé par son nouvel ennemi rouge voit uniquement comme une révolution communiste (Mao en nouveau Lénine), les chinois le voient avant tout comme le héros d’une unité et indépendance retrouvées. D’où toujours son portrait et son mausolée sur la place Tiananmen. D’où cette impressionnante file de Chinois lui rendant hommage. D’où l’incompréhension de nos intellectuels dont la dérisoire petite histoire du maoïsme français cache l’essentiel d’une date.
1949. Malheureusement les grands révolutionnaires sont rarement de bons gestionnaires. Pire ils se laissent souvent abuser dans une mégalomanie qu’entretient un entourage forcément courtisan (« La fête au Bouc » de Vargas Llossa). Mégalomanie, folle volonté de puissance, délirant sentiment d’immortalité de celui qui a survécu au miracle de la longue marche, aux 12 années cachées dans les provinces les plus reculées de Chine, aux terribles guerres contre l’envahisseur japonais puis le faux-frère nationaliste. Le grand bon en avant est la désastreuse erreur d’un homme qui se pensait aussi bon économiste que théoricien de la guérilla : erreur qui coûta 30 millions de morts à la Chine entre 1958 et 1962. Nuance : la Chine considère aujourd'hui ce terrible drame davantage comme la fatalité d’une famine que la conséquence des erreurs d’un seul homme. Question politiquement très incorrecte (j’en appelle au Montalte voltairien): dans une Chine alors coutumière des famines, combien seraient morts de faim si Mao avait tout simplement mal géré (ou pas géré) la question agricole sur cette même période ? Ignoble question mais qui a le mérite d'induire une nuance qui ne peut autoriser à comparer la responsabilité de Mao à celle d’un Hitler on d’un Staline.
Avançons dans l'histoire... Peu sanglante mais autrement plus traumatisante, la révolution culturelle qui débuta en 1966 pour une dizaine d'année. C’est de toute évidence la face sombre de Mao dans son éclat; l’épisode où sa responsabilité est la plus évidente. Simon Leys le décrit avec la minutie d’un grand chirurgien. Les chinois (dont le parti) reconnaissent depuis déjà un bon moment cette grave erreur du grand homme. Deng Xiaoping, le père de la Chine moderne (véritable héros en Chine, mais bourreau de Tiananmen en Occident – encore une incompréhension mais c'est là un autre débat...) fut au même titre que des centaines de millions d’autres, la victime de cette révolution délirante - maudit, conspué, rejeté, il fut exilé dans la lointaine province musulmane du Xinjiang alors que son fils était jeté du 5ième étage de l’université de Beida par des gardes rouges (il devint tétraplégique). Cette fameuse révolution culturelle à laquelle nos élites se rallièrent alors même que la Chine commençait à se détourner de Mao...
Belle histoire d’un quiproquo et d’une arrogance occidentale que de tout mélanger dans un pur esprit MacCarthiste. Belle ironie kundérienne de ceux qui croient toujours tout savoir, forts du sérieux de leur philosophie de l’histoire et dont les débats assommant les empêchent de voir dans la justesse et la nuance des choses.
Rédigé par : Paulo | 14 septembre 2006 à 00:07
La chine jeune et fière qui s'est dressée avec Mao, ça lui fait une belle jambe que le pays soit unifié, si c'est pour se faire affamer par ses propres dirigeants plutôt que par les armées du seigneur de l'autre côté de la rivière. Le chine indépendante et libre de son destin... tellement libre qu'elle n'a pas eu besoin de voter une seule fois depuis 1949. Au lieu de comparer la Chine d'il y a soixante ans avec celle d'aujourd'hui en disant "regardez comme on a progressé" (ce qui n'est même pas certain), comparez la différence de progression avec le monde occidental. Si Hitler était parvenu à garder jusqu'à aujourd'hui toute l'europe continentale, il aurait pu suivre le même raisonnement que vous: "j'ai uni l'europe et on a inventé les téléphones portables".
Rédigé par : Ksorp | 14 septembre 2006 à 00:56
Tout à fait, Ksorp. En somme, ce que nous explique ce monsieur, c'est que Mao est un Hitler qui serait resté vingt ou trente au pouvoir, avec qui on aurait été obligé de traiter, et qui aujourd'hui serait considéré comme un grand homme par tous les allemands et même par tous les européens - la Shoah n'apparaissant plus que comme une triste fatalité ou une erreur regrettable, un détail quoi.
Ce qui n'est pas d'ailleurs complèment faux : les dictateurs qui durent finissent par devenir des dieux auprès de leur peuple ou de ce qui en reste.
Rédigé par : montalte | 14 septembre 2006 à 01:15
Messieurs, un peu de sérieux dans vos analogies. Le Mao de 1949 n’a pas soumis de pays étrangers pour former un nouvel empire : il a reconquis l’indépendance d’un pays dont la première unité date de Qinshi Huangdi au troisième siècle avant notre ère (la fameuse armée en terre cuite de Xian)et plus ou moins conservée dans les 2 millénaires qui suivirent. Cette unité retrouvée était d’ailleurs l’ambition du Kuomintang de Chiang Kai shek mais jamais réalisée car trop complaisant avec les puissances étrangères et les seigneurs de la guerre (voir la Condition Humaine de Malraux). Ce qu’il faut comprendre (je fais là appel à votre intelligence émotionnelle mes chers amis) c’est que les chinois aujourd’hui ont avant tout une dent contre 1) le Japon pour son invasion sanglante des années 30-40 avec le massacre de Nanjing comme symbole de l’ignominie – cette rancœur est toujours d’actualité et n’est pas près de finir 2) à une moindre mesure les puissances étrangères qui soumirent l’empire à partir du 18ième (la guerre de l’opium, Hong Kong, la destruction de l’ancien palais d’été, les concessions du Shanghai et ses parcs « interdit au chiens et aux chinois » …). Mao est adulé pour ce qu’il fit avant 1949. La famine du "Grand Bon en avant" (1958-62) est considérée en partie comme une fatalité d'une Chine alors régulièrement soumise à la famine (comparer cela à la Shoah est une injure aux victimes juives) ; la révolution culturelle comme sa grossière erreur.
Amicalement,
PL
Rédigé par : Paulo | 14 septembre 2006 à 10:37
Mon témoignage : tous les Chinois que l'on peut rencontrer , surtout à la campagne , savent que la famine de 1961 ne fut pas un accident mais de la responsabilité politique du PC car celui-ci confisquait les récoltes.
Rédigé par : guy sorman | 14 septembre 2006 à 10:42
Ma précision : lorsque j'ai évoqué la Shoah, ce n'était pas pour la comparer aux famines (quoiqu'organisées par le PC chinois comme vient de le faire remarquer Guy Sorman) mais plutôt au Laogaï - le Goulag chinois et dans lequel périt, de faim, d'épuisement, ou de balles perdues, trouvées, expérimentées, des millions de victimes.
Rédigé par : montalte | 14 septembre 2006 à 13:43
Je suis prié d'écrire "périrent"....
Rédigé par : montalte | 14 septembre 2006 à 13:44
Je profite de dire à ceux qui ont ouvert le champagne pour fêter la mort de Mao que le 8 octobre prochain, il faudra en faire de même pour remercier la CIA d'avoir éliminé Che Guevara.
A voir, ici :
http://drzz.over-blog.org/article-3834259.html
Drzz
http://drzz.over-blog.org
Rédigé par : drzz | 14 septembre 2006 à 13:55
Très amusant l'article de votre blog Drzz :) Le voilà le vrai courage.
Rédigé par : Ksorp | 14 septembre 2006 à 14:23
J'ai passé les mois de janvier et février 2005 à Qingdao, ville où est produite la fameuse bière chinoise qu'on trouve un peu partout ici. Cette ville est relativement riche, elle est en bord de mer, pas trop mal. J'ai passé ces deux mois dans une famille chinoise. Ils sont ingénieurs en mécanique et ont une fille. Ils vivent dans 40m2, sans chauffage malgré l'hiver très froid (je suis tombé malade deux fois). Ils ont la télévision numérique, 3 téléphones portables, s'habillent relativement "chic" mais ne consacrent rien à améliorer la salubrité de leur appartement, malgré le danger pour la santé de leur fille. L'humidité est permanante, prendre une douche est le moment le plus dur de la journée (12°C dans la salle de bain). Ils sont parmis les privilégiés, cependant. Il ne faut pas marcher très loin pour trouver la vraie misère et prendre un train permet de voir un morceau de campagne, on s'y croirait au 19ème siècle. Les commerces de luxe existent mais ils sont vides, 1% de la population en a les moyens. Ce qu'on appelle la classe moyenne chinoise (environ 300 millions d'entre eux) peut se permettre quelques extra bons marché de fabrication locale, mais c'est tout. Ils se considèrent comme privilégiés parce qu'ils savent que tout le monde ne peut se permettre ce début de niveau de vie et qu'il y a 10 ou 20 ans rien de tout cela n'existait. Ce qui a disparu sous Mao et qui n'est pas encore revenu c'est la civilité. Dans la rue les gens sont grossiers et agressifs. Traverser une avenue est un risque majeur parce qu'il ne faut pas espérer la moindre tentative de freinage de la part des automobilistes. Seuls les feux surveillés par caméras sont respectés. J'ai vu dans cette ville des accidents incroyables, qu'on ne voit chez nous que sur des routes nationales. Le goût du beau ou simplement de la recherche esthétique est quasiment inexistant. Ce qui gouverne les achats c'est impressionner les amis et les voisins, pas du tout le goût personnel (inexistant) ou la qualité réelle de ce qui est acquis.
On a parlé de la condition de la femme. Elle est déplorable. Les hommes chinois ne s'embarassent aucunement d'être propres ou courtois avec leur compagne, tout en attendant d'elle un comportement irréprochable. A l'époque j'étais fumeur, ils m'ont regardé très bizarrement quand je suis sorti de l'appartement pour aller fumer. Eux fument à table pendant que leur feme mange. Il faut dire que j'ai vu de mes yeux la femme attendre que tout le monde finisse de manger pour se contenter des restes ! C'était ça la norme. Il est par ailleurs particulièrement difficile de manger en même temps qu'un homme chinois. On a le son et l'image en direct, pas de problème ! C'est absolument répugnant.
Rédigé par : StephaneB | 15 septembre 2006 à 13:13