La campagne en cours pour les élections présidentielles françaises ne ressemble à aucune de celles que nous avions vécues par le passé, pas du tout à ce que l’on attendait et assez peu à ce que l’on voit dans d’autres démocraties. Certaines de ces singularités sont rassurantes, d’autres sont plus troublantes ; mais toutes sans doute annoncent les formes nouvelles de la politique démocratique dans notre monde dominé par l’individualisme et par la communication instantanée.
L’éclatement des normes anciennes et le passage de l’ère des masses au temps de l’individu en quête de gratification immédiate s’avèrent fatals aux grandes idéologies de naguère. Les plus affectés en sont les socialistes qui, pour la première fois, ne se réclament pas réellement du marxisme. La candidate socialiste Ségolène Royal ne se réclame d’ailleurs pas de grand chose puisque sa campagne est entièrement fondée sur l’écoute des citoyens et leur participation. De la lutte des classes et de la promesse du Grand soir, voici la gauche française passée sans transition à la psychothérapie de groupe.
Candidate thaumaturge, Ségolène Royal évolue entre Mère Teresa et les mythes les plus anciens de la monarchie française ; on l’a vu toucher un paralytique à la télévision en un geste antique, entre la compassion moderne et la thaumaturgie des rois médiévaux.
Les partisans de cette nouvelle gauche sans idéologie autre que compassionnelle, en concluent que leur candidate est de son temps, à l’image du Web où chacun s’en va picorer le menu politique de son choix : le Web joue un grand rôle dans la communication de Ségolène Royal. C’est à l’écoute des Français que Présidente, elle prendrait ses décisions : ainsi, interrogée sur sa position vis-à-vis de l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne, réplique-t-elle qu’elle se ralliera à la position que les Français lui dicteront. Une Présidente de gauche serait donc peu à gauche ; elle ne conduirait pas la nation, mais serait conduite par celle-ci.
Post-moderne, Ségolène Royal l’est aussi dans sa vie personnelle puisqu’elle n’est pas mariée, mais qu’elle a quatre enfants de son compagnon, qu’elle n’est pas pratiquante mais ses fils ont tous été baptisés, vers douze ans, « lorsqu’ils étaient en âge de comprendre ».
Avec Ségolène Royal, comme l’aurait écrit le philosophe Jacques Derrida, « c’est l’époque qui parle ».
Ce qui subsiste de la gauche classique, marxiste, s’est réfugié dans une myriade de petites candidatures, trotskistes, écologistes, communistes, altermondialistes : des personnages pittoresques qui chacun draine une clientèle nostalgique de 1 à 2% des électeurs. Mais tous relèvent de l’archéologie et du folklore, comme les témoins ultimes d’une époque où l’on croyait encore que le politique pouvait changer la vie. On observera aussi que cette extrême gauche ne se définit plus guère par la révolution qu’elle conduirait ni par la société sans classes qu’elle instaurerait ; sa référence commune n’est plus tant le marxisme que l’anti-libéralisme. Ce n’est plus une extrême gauche de propositions mais un refus du monde tel qu’il est : contre la mondialisation et contre l’économie libre (alors que les socialistes ont, de fait, accepté l’un et l’autre). Interrogé sur son programme, José Bové, rétorque qu’il est « dans la résistance ».
Face à ces deux gauches, l’une post-moderne et l’autre pré-moderne, les droites restent plus classiques. Certes, comme à gauche, les candidats ont aussi abandonné les vastes projets et les grandes ambitions : eux aussi essaient de répondre au cas par cas à des préoccupations immédiates et personnelles de l’électeur. Moins physique que Ségolène Royal, Sarkozy ne touche pas les handicapés, mais le catalogue de ses propositions ne s’inscrit pas plus qu’à gauche dans une vision globale et cohérente de la société. À la question Sarkozy - ou Bayrou – sont-ils libéraux ou non ? il est devenu impossible de répondre tant leurs attitudes varient d’une minute à l’autre en fonction de leurs interlocuteurs et - on le devine - des sondages d’opinion.
Le principe unificateur de ces candidats de droite (Bayrou n’a jamais été qu’à droite au cours de sa longue carrière politique) reste cependant un nationalisme affiché : de ce côté-là, on se dit fier d’être français, plus qu’à gauche. Mais ce que Français veut dire n’est pas toujours clair, selon qu’avec Bayrou ou Sarkozy on y intègre les immigrés et que, selon Villiers et Le Pen, on s’en passe.
Entre la gauche archaïque, le socialisme post-moderne et les droites nationalistes règne un grand consensus, tout à fait surprenant, pour ne pas évoquer les problèmes réels de la France, les responsabilités réelles que le futur Président devra effectivement gérer.
L’économie tout d’abord, stagnante, écrasée par le déficit public et par des réglementations médiévales. Avant la campagne électorale, il n’était pas un éditorialiste doutant que la réduction des dépenses publiques et la libéralisation du marché du travail seraient au cœur des débats ; c’est sur ces sujets que l’on attendait les candidats, de pied ferme, avec des propositions concrètes. Eh bien, les candidats sont partis ailleurs ! Ségolène Royal nous entretient du baptême de ses enfants et Nicolas Sarkozy disserte sur la part respective de l’inné et de l’acquis dans la détermination des comportements pédophiles. Nous attendions de la haute politique, voire un peu d’économie et nous obtenons de la basse psychologie épicée de philosophie de comptoir.
Outre l’économie, l’autre responsabilité véritable qui sera celle du Président, tout aussi éludée au cours de la campagne, est la politique étrangère et militaire de la France. Que fera le Président en Europe et dans le reste du monde ? Quelle sera son attitude envers les Etats-Unis, la Russie, les droits de l’homme en Chine ? Dans quelles circonstances interviendrait l’armée française, déjà présente en Afrique, en Yougoslavie, en Afghanistan ? Dans quel péril la force nucléaire pourrait-elle servir ? Et le terrorisme qui nous assiège, et l’Iran ? On ne sait pas. Ceci est d’autant plus troublant qu’au terme de notre Constitution, telle que le Général de Gaulle l’a conçue en 1958, le Chef de l’Etat est avant tout le garant de la sécurité nationale ; l’économie est en principe le domaine du gouvernement et du Parlement que nous désignerons plus tard, en juin.
C’est l’époque qui parle. Sans doute, les candidats ne sont-ils pas totalement responsables de leur propre dérive psychologique. Ils ne font que répondre aux attentes d’individus en état de désir plutôt qu’en situation de citoyenneté. Raisonnant en termes de bonheur personnel et de rétribution immédiate, ces individus perçoivent le futur Président en père tutélaire, en mère aimante et en psychothérapeute de quartier. Ils ne veulent pas, à ce stade, entendre des déclarations tragiques à résonance historique. Pour comprendre cette campagne électorale, il est donc inutile de se reporter à l’histoire de France ni aux manuels d’économie ; lisons plutôt la presse people et souvenons-vous de Lady Di.
"Le principe unificateur de ces candidats de droite (Bayrou n’a jamais été qu’à droite au cours de sa longue carrière politique) reste cependant un nationalisme affiché : de ce côté-là, on se dit fier d’être français, plus qu’à gauche."
Qui donc a souhaité que les Français "aient chez eux le drapeau tricolore, l'exposent aux fenêtres le 14 Juillet et connaissent la Marseillaise", ou encore, déclaré: "on pourra d'autant plus facilement revenir à la table de l'Europe si on est clairs sur notre identité nationale (...) et certainement pas en diluant notre identité dans je ne sais quelle mondialisation" ? Ségolène, bien sûr, fille catholique de militaire, et élue du peuple (via les sondages) pour représenter le PS.
Non, cher GS. Le nationalisme n'est plus l'apanage de la droite. Et c’est d’ailleurs l’un des enseignements de cette élection. Face aux incertitudes de la mondialisation, face à l’immigration, et face à l’Europe, la France redevient nationaliste et isolationniste. Ces propos, qu’il y a dix ans encore, l’on aurait fustigés et identifiés avec le LePenisme, sont entrés dans les mœurs. C’est à peine croyable.
Pour le reste, il y a peu ou pas de différence entre les « projets », puisque chacun dit tout et son contraire. L’on pourrait d’ailleurs aisément attribuer aux uns les propos des autres.
Ce que veulent les Français, et ce que chacun leur promet, c’est la sécurité, la sécurité, et la sécurité, le tout dans un grand bain cocardier.
Point de Lady Di. LePen a triomphé.
Rédigé par : ETF | 11 avril 2007 à 18:54
Si le patriotisme (nationalisme est péjoratif) prend une place aussi importante dans la campagne présidentielle, je pense qu'il n'est pas forcément contraire aux valeurs libérales.
Loin d'un quelconque syncrétisme, c'est d'ailleurs ce que j'ai cherché à concilier dans mon blog: mouvementliberalpatriote.blogspot.com (ce n'est pas de la pub, je vous rassure), ceci pour vois dire que je crois à la fois dans des valeurs nationales et dans le libéralisme.
Je pense que la confusion se fait surtout aujourd'hui sur la nature des entreprises du CAC 40. Beaucoup de partisans d'extrème gauche, M-G. Buffet en tête de file, met sur celles-ci la responsabilité de tous les maux français et propose même de les taxer durement, sans penser à l'inflation que cela causerai. La confusion, c'est de penser qu'une multinationale est nationale. Or pour les cas de L'Oréal ou Total par exemple, l'essentiel du chiffre d'affaire et de la production se fait hors de France. Les entreprises du Cac 40 n'ont souvent de français que leur siège social. C'est donc un tort de croire qu'elles sont redevables envers la France de manière quasiment exclusive.
Les entreprises deviennent apatrides, c'est cela qui doit être compris par certains acteurs politiques. En outre, nous profitons bien de ce système puisque des entreprises créent aussi des emplois chez nous, tels Microsoft par exemple.
Rédigé par : LG | 11 avril 2007 à 23:37
Je viens de faire vérifier la qualité de mes chromosomes.
J’ai appris que j’étais un imbécile d’électeur qui s’inquiétait (à tort certainement):
Du déficit, du chômage, de la croissance,
Du futur de nos enfants (Education, recherche, retraite, énergie)
Du repli de la France autour de son drapeau bien délavé,
De l’oubli de l’Europe,
De l’inexistance de débat sur les grands sujets internationaux et du terrorisme qui se rapproche,
De l’évaporation du CO2 dans le cosmos……….
Mon généticien m’a appris que je n’étais pas apte à comprendre la nouvelle élite politique qui va nous gouverner à coups de sondages qualitatifs et émotionnels.
J’ai découvert aussi mon rejet des sarkonneries et autres ségonneries ou bayrouseries de comptoir.
Serait-ce l’abus de mes lectures de Tocqueville, Aron, Revel ou De Gaulle qui schivardiserait ma réflexion politique ?
Mon docteur souhaite pousser sa recherche par une analyse de mon ADN qui est libéral et de mon ARN social.
Peut-être suis je inapte à être électeur en 2007 ?
Rédigé par : Thé Vert | 12 avril 2007 à 06:44
"Ce qui subsiste de la gauche classique, marxiste, s’est réfugié dans une myriade de petites candidatures, trotskistes, écologistes, communistes, altermondialistes : des personnages pittoresques qui chacun draine une clientèle nostalgique de 1 à 2% des électeurs. Mais tous relèvent de l’archéologie et du folklore, comme les témoins ultimes d’une époque où l’on croyait encore que le politique pouvait changer la vie."
Si je comprends bien la politique ne peut rien changer à la vie en génral et à la mienne en particulier. Le monde évolue selon des lois implacables et indépendantes de la volonté des hommes. Il convient de s'adapter, avec quelques aménagements cosmètiques ne sortant surtout pas du cadre sacrosaint du libéralisme planètaire. Il faut renoncer à ce folklorique réflexe passéiste voué à l'échec, qui pousse à sortir du cadre, à proposer du neuf.
Tout comme la pédophilie est inscrite dans les gènes de l'homme le libéralisme est inscrit dans les gènes du monde.
J'espère juste vous avoir mal compris.
Un saurien égaré dans le monde numérque
Rédigé par : brice | 12 avril 2007 à 13:22
- règne un grand consensus, tout à fait surprenant, pour ne pas évoquer les problèmes réels de la France, les responsabilités réelles que le futur Président devra effectivement gérer.
- L’économie tout d’abord, stagnante, écrasée par le déficit public et par des réglementations médiévales.
Je note une certaine mauvaise foie dans ces propos.
Bayrou à annoncé des le début de la campagne que son objectif serai de réduire le déficit !
il continu à le dire à chaque meeting.
Mais je comprends que ses adversaires n'en parlent pas étant donné qu'ils sont en défaut sur ce sujet.
Rédigé par : Dominique | 12 avril 2007 à 14:07
Tiens, où est passée la note intitulée “La campagne hors sujet” — dans laquelle il était question d'un “président thaumaturge” — ainsi que les quelques commentaires qui l'accompagnaient ?
Rédigé par : Siganus Sutor | 12 avril 2007 à 15:15
Brice, si vous êtes convaincu que le salut de la France s'exprime par le communisme, à l'heure de la mondialisation et du capitalisme, vous êtes en effet égaré.
Il est parfaitement impossible de réadministrer de tels schémas datant des écrits de Marx en 1867, et des oeuvres jugées héroïques de Leon Blum, dans notre monde actuel. Et je dirai même que c'est tant mieux.
Il ne sert à rien de refuser l'évolution. De ce point de vue, le libéralisme a, au fil du temps, gagné ses galons en s'érigant comme une doctrine facilement applicable et respectant l'individu.
Enfin, P. Krugman, ayant vu les limites du libéralisme, a tout de même considéré qu'il s'agissait du moindre des maux et que ce système valait mieux que tout autre.
Je suis donc d'accord avec Guy Sorman lorsqu'il considère les myriades communistes comme dépassées.
Si un autre monde est possible, c'est celui qui nous apparaît lorsque nous sombrons dans le sommeil.
PS: Le propos de Sarkozy n'était pas que la pédophilie était dans les gène de l'homme, mais de certains hommes, il ne faut pas déformer.
Rédigé par : LG | 12 avril 2007 à 16:37
Pour les français qui désespèrent ou ne croient plus au plein emploi, la Suisse a un taux de chômage de 3 % et selon les analystes la décrue n'est pas finie.
La société civile française a tout pour être performante. Elle ne manque pas de talent. La locomotive du plein emploi est simplement arrêtée à la gare, ce qui lui manque c'est juste le bon carburant.
Les prochaines présidentielles et législatives doivent être l'occasion de voter et délire le bon carburant.
D.J
Rédigé par : D.J | 12 avril 2007 à 19:56
Un des mesures prônées par Sarkozy m'a fait sursauter.
"Mise en place d'une peine plancher pour les multirécidivistes. Et le mineur multirécidiviste de 16 ans considéré comme un majeur"
Outre la brutalité potentielle de ces mesures d’uniformisation des peines (attendons de voir ce que seront ces peines plancher), il est intéressant de voir, à l'heure où la neurologie montre que le cerveau de l'être humain, et notamment les zones à partir desquelles s'exerce le contrôle sur soi, ne sont pas pleinement développées avant au moins dix-huit ans, que Sarkozy n’en a cure (sans doute ne le sait-il même pas), et préfère assouvir son désir sécuritaire. Non qu’il faille tomber (ou demeurer) dans la clémence excessive, mais vouloir traiter des gamins de 16 ans comme des adultes est une grave aberration, qui sent l’obscurantisme et la démagogie. Après les imbécillités sur le déterminisme dur, j’attends avec anxiété la suite de cette série noire.
FYI, les découvertes en neurologie ont commencé à affecter la manière dont sont jugés les mineurs aux USA.
Rédigé par : ETF | 12 avril 2007 à 20:18
Il est tout aussi dangereux, ETF, d'affirmer qu'un mineur, qu'il eut 16 ans révolu, soit hors de toute responsabilité. Il ne s'agit pas là de neuroscience mais d'une réalité à laquelle il faut remédier.
Or, je me sens, en effet, plus en sécurité lorsque l'auteur d'une série de crimes et délits se trouve derrière les barreaux qu'en dehors. Et ce, qu'il est 12, 14 ou 26 ans.
Si je réutilise l'exemple de Nicolas Sarkozy, à Marseille, la mère de famille brulée dans un bus, n'a que faire de l'âge de ses agresseurs.
Alors avant de penser à la neurologie, je m'interroge sur l'humanité qui réside en certaines personne, et le déséquilibre mental de certaines autres.
Pour qui met en péril la vie de son prochain, qui atteint l'intégrité d'autrui, il faut absolument qu'une peine soit requise. La prison est la peine la plus logique dans notre république.
Si un mineur, ETF, s'attaquait à un membre cher de votre famille, et l'assasinait, votre avis serait sûrement bien différent. La police n'effraie que ceux qui ont quelque chose à se reprocher (et je n'accuse ici personne!).
Rédigé par : LG | 12 avril 2007 à 21:32
"Il est tout aussi dangereux, ETF, d'affirmer qu'un mineur, qu'il eut 16 ans révolu, soit hors de toute responsabilité."
Qui a affirmé une chose pareille? Vous caricaturez délibérément mes propos. Ce n’est ni honnête, ni constructif. Je dis simplement qu’un adolescent de 16 ans n’est pas un adulte, physiquement, psychiquement et neurologiquement, et que cela doit être pris en compte. C’est tout.
En suivant votre raisonnement, pourquoi s’arrêter à 16 ans? Pourquoi pas 15, 14, 13, 12, 8… Si c’est la gravité du crime qui détermine la peine, sans tenir compte des circonstances de l’accusé, la justice va effectivement être expédiée. Remarquez, ça tombe bien, les magistrats sont débordés. Un peu de simplification ne peut pas faire de mal.
Comme je l’écrivais plus haut, point de Lady Di.
C’est Lepen qui a gagné.
Rédigé par : ETF | 12 avril 2007 à 22:07
Lisez le document suivant, publié par le American Bar Association. Vous verrez que je n'invente rien. Peut-être cela changera-t-il votre opinion (il existe bien entendu, d'autres ressources plus complètes).
http://www.abanet.org/crimjust/juvjus/Adolescence.pdf
Rédigé par : ETF | 12 avril 2007 à 22:21
Cpmte tenu de l'ancienneté de du décès de l'ex-princesse de Galles, je pense réellement qu'il est temps de se mettre en conformité avec la grammaire anglaise : ainsi il ne faut plus dire Lady Di (prononcer : Lédi Daï) mais Lady dead.
Désolé.
Mais à peine.
Rédigé par : Gilles | 13 avril 2007 à 11:16
Je suis toujours impressionné par le nombre d'articles qui peuvent paraître au sujet de l'adolescence.
En sortant à peine moi même, je pense être bien placé pour en parler. Même si, selon l'article, les adolescents entrent dans une période de rejet, et répondent plus durement aux attaques qui leur sont faites, je n'ai, dans mon entourage, aucun exemple d'adolescents violents au point de blesser ou de tuer d'autres personnes.
Alors, peut-être ai-je déformé vos propos ETF, je m'en excuse, mais je ne suis pour aucune démagogie visant à excuser systématiquement à l'adolescent son comportement sous pretexte qu'il est dans une "passe difficile".
Et pour continuer mon raisonemment, je pense en effet qu'il n'y a pas d'âge pour la punition. Si les parents ne peuvent ou ne savent s'en charger, c'est à l'Etat de s'en occuper. Et cela rentrerai dans ses fonctions régaliennes. Ce ne serait non pas pour détruire les enfants en question, en les placant dans des prisons où ils n'ont rien à faire, mais trouver une autre forme de discipline.
J'entend déjà les haros, mais je ne propose pas la loi martiale. Juste une reprise en main par des personnes extérieures à la famille. De ce point de vue, la discipline militaire a déjà fait ses preuves.
Enfin, ce type de mesures n'engage aucunement d'éluder le travail des magistrats qui doivent juger de manière impartiale. La peine encourue ne change absolument pas le jugement prononcé.
Si l'adolescent, a, en régle générale, moins le contrôle de sa personne, cela ne le conduit normalement pas au crime. Je reste donc sur cette position, un criminel doit être jugé comme un criminel car il ne s'agit pas de son âge mais de sa façon d'agir. Si tous les ados de France étaient à l'origine de crimes pendant leur "crise d'adolescence", ça se saurait.
Si c'est ça être Lepeniste...
ETF, mon désaccord avec vous se situe sur le fait que vous souhaitez qu'il n'y ait pas de clémence excessive mais que vous n'acceptez pas non plus les mesures choisies pour régler le problème de l'insécurité. On l'a vu, la plupart des jeunes délinquants n'encourent aucune peine, sont relachés ou vont dans des centres qui n'ont pas fait leur preuves. Partis de là, à moins de forcer la répression et/ou la discipline lorsque la famille fait défaut, j'attends vos propositions.
Rédigé par : LG | 13 avril 2007 à 12:04
Floryan ce n'est pas ma faute si Soramn fait un amalgame entre communistes, écologistes, altermondialistes etc... Peut être le faites vous aussi je ne sais. En tout cas classer Voynet ou Bové chez les marxistes est idiot.
Quand à moi qui ne suis pas marxiste je pense que l'on peut et que l'on doit changer le monde pour le rendre plus juste et plus humain.
Quand à l'argument réfutant les théories marxistes car datant du XIXeme siècle il est tout simplement absurde. Le capitalisme est encore plus vieux et pourtant toujours vigoureux. Il y a des tas d'autres arguments plus convainquants sur ce thème ( dérive totalitaire par exemple.)
Enfin dernier point et peut-être le plus important affirmer que le libéralisme respecte l'individu est une énormité. Allez donc en parler aux salariés licenciés pour cause de délocalisation, ou aux sans paysans sans terre au mexique ou au brésil je pense que les ferez beaucoup rire.
Le libéralisme a un dieu qui s'appelle PROFIT et le reste est sans importance qu'il s'agisse d'individus écrasés ou pollution répandue. Ne pas voir cela est une preuve de cécité.
Rédigé par : brice | 13 avril 2007 à 16:48
"Un criminel doit être jugé comme un criminel car il ne s'agit pas de son âge mais de sa façon d'agir".
Voilà une vision bien simpliste de la justice. Une fois qu'il est établi que telle personne a commis tel crime, appliquons la sentence type prévue par la loi. Qu'importe que la personne soit mineure, saine d'esprit ou pas, quelles que soient ses circonstances (passé, enfance, famille, situation, ce qui a mené aux faits etc.), appliquons la peine (donc maximale).
Cela s’appelle une justice expéditive, et c'est plus que du Lepenisme.
Mais bon, puisque vous sortez tout juste de l'adolescence, je ne vais pas vous juger comme adulte ;)
Vous avez la vie devant vous pour réfléchir à la question, et éventuellement, modérer votre position.
Rédigé par : ETF | 13 avril 2007 à 16:58
J'apprécie votre humour ETF, mais c'était justement ce que je réfutais. Je ne souhaite pas être pris comme un adolescent, donc quelqu'un de "pas tout à fait fini".
On est tous égaux devant la loi, et les sentences doivent s'appliquer pour tous. Mais je n'ai jamais dit pour autant qu'il faille appliquer une même peine pour tout le monde. Le problème est qu'aujourd'hui, sous prétexte de minorité, les peines ne sont pas appliquées, ou elles le sont pour leur parents. Je crois en la responsabilité de chacun, c'est pourquoi je pense que la justice ne doit pas fermer les yeux quand l'âge le lui dicte.
Ce qui ne veut pas dire "la même peine pour tous", il s'agit juste de considérer chaque citoyen comme responsable. Et la responsabilité on l'apprend dès son plus jeune âge.
Concernant vos propos Brice, je veux bien que mon argument sur l'ancienneté des thèses marxistes ne vous ait pas plu, mais il s'agissait en fait de bon sens. Le libéralisme (le capitalisme est quand même différent) n'a jamais prétendu donner une "vision" du monde. Marx, lui, a posé la lutte des classes entre la classe prolétaire et la bourgeoisie. Aujourd'hui, si je ne m'abuse, les ouvriers sont minoritaires dans la plupart des pays développés et la bourgeoisie est devenu synonyme d'aristocratie ou du moins de classe aisée supérieure, et non d'entrepreneur.
C'était uniquement ce que j'entendais. Pour le reste, vous me tendez le baton. En effet, je crois que tout régime tel qu'il est présenté par Marx et par les communistes d'aujourd'hui court à sa perte et surtout à un régime totalitaire. Si l'économie n'est pas une science exacte, elle a au moins à sa disposition le laboratoire de l'Histoire. Joseph Staline en URSS, Mao Zedong en Chine, Nicolae Ceausescu en Roumanie, Fidel Castro à Cuba, Jim Jones (l'illustre inconnu) en Géorgie...
Même les plus convaincus se sont rendus à l'évidence comme les utopistes Victor Considérant, Charles Fourrier ou encore Robert Owen.
Je vous renvoie donc la balle: allez donc interroger les populations civiles qui ont vécu ou qui vivent encore sous des régimes communistes. Avec un soldat dans leur dos, il vous diront surement que la vie est maginifique, mais en apparté, je doute qu'ils tiennent le même discours.
José Bové se revendique "anti-libéral" et alter-mondialiste, il a donc des idées tout à fait similaires d'Arlette Laguiller, Marie George Buffet ou Olivier Besancenot. Quant à Dominique Voynet, elle souhaite comme les autres un SMIC immédiat à 1500 euros, et propose grosso modo un programme d'extrème gauche. C'est d'ailleurs pour cette raison que les Verts peinent à atteindre les 3% malgré l'intensité des débats sur l'écologie.
Enfin vous disiez que le libéralisme était la science du profit et non de l'être humain? Je vous engage à lire le livre de M. Sorman, intitulé "La nouvelle richesse des nations". Vous verrez à quel point c'est un tort de reprocher au libéralisme la misère dans le tiers-monde. C'est au contraire une déficience de l'Etat qui entraîne l'appauvrissement. A chaque fois que le libéralisme a été choisi dans un pays, celui-ci s'est extrait de la pauvreté. Ce n'est pas un hasard si les pays développés ont des politiques à tendance libérale (à tendance seulement, malheureusement). Milton Friedman a plus agis pour le développement de la Chine, en transmettant ses idées, que n'importe quel dictateur.
Voilà, Brice, pour ce petit éclairage!
Rédigé par : LG | 13 avril 2007 à 17:34
J'apprécie votre humour ETF, mais c'était justement ce que je réfutais. Je ne souhaite pas être pris comme un adolescent, donc quelqu'un de "pas tout à fait fini".
On est tous égaux devant la loi, et les sentences doivent s'appliquer pour tous. Mais je n'ai jamais dit pour autant qu'il faille appliquer une même peine pour tout le monde. Le problème est qu'aujourd'hui, sous prétexte de minorité, les peines ne sont pas appliquées, ou elles le sont pour leur parents. Je crois en la responsabilité de chacun, c'est pourquoi je pense que la justice ne doit pas fermer les yeux quand l'âge le lui dicte.
Ce qui ne veut pas dire "la même peine pour tous", il s'agit juste de considérer chaque citoyen comme responsable. Et la responsabilité on l'apprend dès son plus jeune âge.
Concernant vos propos Brice, je veux bien que mon argument sur l'ancienneté des thèses marxistes ne vous ait pas plu, mais il s'agissait en fait de bon sens. Le libéralisme (le capitalisme est quand même différent) n'a jamais prétendu donner une "vision" du monde. Marx, lui, a posé la lutte des classes entre la classe prolétaire et la bourgeoisie. Aujourd'hui, si je ne m'abuse, les ouvriers sont minoritaires dans la plupart des pays développés et la bourgeoisie est devenu synonyme d'aristocratie ou du moins de classe aisée supérieure, et non d'entrepreneur.
C'était uniquement ce que j'entendais. Pour le reste, vous me tendez le baton. En effet, je crois que tout régime tel qu'il est présenté par Marx et par les communistes d'aujourd'hui court à sa perte et surtout à un régime totalitaire. Si l'économie n'est pas une science exacte, elle a au moins à sa disposition le laboratoire de l'Histoire. Joseph Staline en URSS, Mao Zedong en Chine, Nicolae Ceausescu en Roumanie, Fidel Castro à Cuba, Jim Jones (l'illustre inconnu) en Géorgie...
Même les plus convaincus se sont rendus à l'évidence comme les utopistes Victor Considérant, Charles Fourrier ou encore Robert Owen.
Je vous renvoie donc la balle: allez donc interroger les populations civiles qui ont vécu ou qui vivent encore sous des régimes communistes. Avec un soldat dans leur dos, il vous diront surement que la vie est maginifique, mais en apparté, je doute qu'ils tiennent le même discours.
José Bové se revendique "anti-libéral" et alter-mondialiste, il a donc des idées tout à fait similaires d'Arlette Laguiller, Marie George Buffet ou Olivier Besancenot. Quant à Dominique Voynet, elle souhaite comme les autres un SMIC immédiat à 1500 euros, et propose grosso modo un programme d'extrème gauche. C'est d'ailleurs pour cette raison que les Verts peinent à atteindre les 3% malgré l'intensité des débats sur l'écologie.
Enfin vous disiez que le libéralisme était la science du profit et non de l'être humain? Je vous engage à lire le livre de M. Sorman, intitulé "La nouvelle richesse des nations". Vous verrez à quel point c'est un tort de reprocher au libéralisme la misère dans le tiers-monde. C'est au contraire une déficience de l'Etat qui entraîne l'appauvrissement. A chaque fois que le libéralisme a été choisi dans un pays, celui-ci s'est extrait de la pauvreté. Ce n'est pas un hasard si les pays développés ont des politiques à tendance libérale (à tendance seulement, malheureusement). Milton Friedman a plus agis pour le développement de la Chine, en transmettant ses idées, que n'importe quel dictateur.
Voilà, Brice, pour ce petit éclairage!
Rédigé par : LG | 13 avril 2007 à 17:35
"Je ne souhaite pas être pris comme un adolescent, donc quelqu'un de "pas tout à fait fini".
Que vous le vouliez ou non, vous n'êtes pas tout à fait fini (d'ailleurs, on ne l'est jamais).
"Mais je n'ai jamais dit pour autant qu'il faille appliquer une même peine pour tout le monde."
Bien. Alors en fonction de quels critères doit-on moduler la peine?
Rédigé par : ETF | 13 avril 2007 à 17:50
Cher ETF et cher Florian,
Merci de votre débat intéressant. Pour moi, il faudra commencer à revenir au plein emploi, à la revalorisation de l'apprentissage en entreprise, redonner à l'école ses lettres de noblesse.
Car comment voulez-vous assurer un avenir sain à de jeunes banlieusards vivant dans des cités avec des taux de chômage de 30 à 40 %, des gamins qui ne vont plus à l'école, qui n'apprennent aucun métier, des parents chômeurs et largués.
Le retour du quasi plein emploi aux USA depuis 20 ans n'est pas étranger à la baisse de la criminalité de ces 15 dernières années.
D.J
Rédigé par : D.J | 13 avril 2007 à 20:02
D.J, il est vrai que notre petit débat nous a emmené bien loin!
D'ailleurs, pour répondre à la question d'ETF, c'est en fonction du crime commis que l'on attribue une peine mais aussi de l'état mental de la personne en question. Pour clore le débat, les informations d'hier parlaient beaucoup d'une jeune fille, Ghofrane Haddaoui, dont ses meurtriers étaient jugés. L'avocat de ces derniers demandait une remise de peine sous pretexte qu'ils étaient mineurs au moment des faits. Pensez-vous que, neurologiquement, leur comportement se soit fondamentalement modifié entre 17 et 6 mois et 18 ans? Je le crois pas. Comme quoi, la justice donne aussi satisfaction...
"redonner à l'école ses lettres de noblesse", nous dis D.J. Je suis en effet en faveur d'une revalorisation de l'école mais surtout d'une meilleure gestion du système éducatif. Il est incroyable qu'en dépensant la moitié du budget de l'Etat pour l'éducation que notre pays soit en queue de peloton de l'U.E. Les problèmes sont le manque de flexibilité au niveau du professorat, la surabondance d'enseignants (aujourd'hui 3000 d'entre eux sont en "surplus", et sont payés sans travailler), et l'allocation exclusive des ressources à l'enseignement primaire et secondaire plutôt que supérieur. A cause des syndicats zelés qui ne cessent de conduire des grèves en faveur d'une majoration des salaires ou d'une plus grande allocation du budget envers les collèges et les lycées, nos universités sont délabrées et ne font plus envie à personne. Les meilleurs élèves courent vers les Prépas, les écoles privées ou les IUT.
Il faudrait donc totalement réformer le système éducatif français, notamment en modifiant la répartition des budgets. Sachez quand même, que certains lycées de Marseille ont été équipés d'ordinateurs portables pour tous les élèves alors que certaines universités n'ont même pas les moyens de s'acheter de nouvelles chaises. Quel intérêt y a t-il lorsqu'on est au lycée de se trouver à la pointe de la technologie? Laissons ce genre d'initiative à l'enseignement supérieur qui a besoin de laboratoire de recherche, d'associations étudiantes et de professeurs renommés. Enfin, il faut absolument engager une procédure de sélection à l'entrée des universités comme c'est déjà le cas à Dauphine et proposer un autre parallèle aux élèves qui n'ont pas les moyens d'y entrer. Revaloriser le travail manuel semble aussi une bonne démarche. Les élèves pour qui l'école n'est pas la panacée ne devraient pas se sentir anormaux de suivrent des filières CAP, surtout que l'on sait aujourd'hui qu'il y a de meilleures perspectives de carrière dans la maçonnerie et la plomberie que dans la psychologie ou l'histoire de l'art.
Meilleure orientation, meilleur enseignement, promotion au mérite, soutien des élèves dans le secondaire, plus gros budgets dans le supérieur et suppression de la carte scolaire.
Qu'en dites vous?
Rédigé par : LG | 14 avril 2007 à 14:10
Florian,
je vous suit totalement. En Suisse l'école est une affaire cantonale, mais le budget global est le double de celui du Danemark, dont ce dernier aurait la meilleure éducation du monde.
La Suisse se situe au milieu du peloton, ce qui n'est guère brillant par rapport aux dépenses. Je ne connais pas le système danois, mais je pense qu'en Suisse comme en France l'état est plus un problème qu'une solution.
Moi je trouve intéressant le système Milton Friedman du chèque éducation. Guy Sorman en parle dans son ouvrage "Made In USA" où ce système étant appliqué l'école réussirait mieux. Mais voilà, en Suisse comme en France, nous avons des syndicats qui croient encore au socialisme universel.
Le combat n'est pas gagné.
D.J
Rédigé par : D.J | 14 avril 2007 à 16:55
A noter qu'il existe un substitut au chèque éducation qui a les mêmes effets sans avoir le coté provocant (aux yeux de certains) de celui ci. Ce substitut consiste en trois mesures simultanées :
1) Permettre à chaque parent d'inscrire ses enfants dans l'école de leur choix.
2) Liberté de recrutement et de gestion des écoles
3) Somme forfaitaire par éléve uniforme sur tout le territoire attribuée aux écoles.
Rédigé par : fboizard | 15 avril 2007 à 11:45
"De la lutte des classes et de la promesse du Grand soir, voici la gauche française passée sans transition à la psychothérapie de groupe."
C'est bien de psychiatrie dont il est question. Avec François Mitterrand dans le rôle du grand-père indigne et manipulateur dont la mort survenue trop tôt a empêché toute discussion sincère du bilan par ses héritiers ("Mitterrand n'était pas un honnête homme" dixit Michel Rocard) . On dit souvent de la France Mitterrandienne qu'elle s'est tout de même modernisée comme si on devait le mettre au crédit du pouvoir de l'époque... On nous reparle de l'abolition de la peine de mort... Et un candidat à la présidentielle (certes mineur), qui ne se dit même pas communiste, nous explique même que la nationalisation des banques serait LA solution. Le problème de la France de gauche, c'est qu'elle ne réfléchit pas sur son passé, comme si elle était la seule gauche du monde à ne rien avoir à se reprocher.
Rédigé par : PaulNizan | 15 avril 2007 à 19:41
Quel malhonneté M Sorman de dire "il faut de la croissance pour créer du pouvoir d'achat.." "Economiste" vs ignorez visiblement que ce joli hameçon présenté par Sarkozy et ses copains du cac 40 se contredit tous les jours aux USA ou en GB que vs aimez citer. Les pauvres y sont de + en + nbx et surtout de plus en plus pauvres. La vérité c'est que les banques, les assurances, la gde distribution publient depuis 10 ans des pleines pages de resultats ds le monde ou le figaro pour annoncer des records de CA ou de leurs bénéfices. Sans que cela soit jamais traduit en hausse de salaires pour les caissieres de carrefour ou en baisse de frais bancaires pour les usagers. Au contraire.
Donc , n'attendons pas les analyses des économistes pour demander justice sociale, sinon il faudra attendre longtemps..
PS A la création des congés payés, les patrons de l'Industrie prévoyait un effondrement de notre eco si on donnait des vacances aux travailleurs. Il fallait attendre qu'il y ait de la croissance.
Rédigé par : Vernert | 02 décembre 2007 à 19:18