Deux questions qui m'ont toujours hanté .
Pourquoi fallut-il attendre la publication de L' archipel du Goulag pour qu'en Occident on découvre l'existence du Goulag alors que celui-ci était archi connu auparavant ? En 1946 , Victor Kravtchenko , ancien officier soviétique , publiait en France et aux Etats- Unis " J'ai choisi la liberté " qui n'épargnait aucun détail sur le systéme concentrationnaire soviétique . La presse communiste française le traîna dans la boue , conduisant à un procès en diffamation à Paris, que Kravtchenko gagna tant les témoins en sa faveur ne laissérent aucune ombre sur le parallélisme entre les camps nazis et soviétiques. Il n'empêche qu'aujourd'hui encore , on doute dans une certaine intelligentsia française de l'authenticité de Kravtchenko alors qu'on ne discute pas Soljénitsyne.
Cette gauche archaïque a tout de même essayé de surmonter sa défaite en semant le doute sur Soljenitsyne . Dés qu'il fut libéré , l'écrivain annonça que sa foi religieuse seule l'avait maintenu en vie . La gauche anti cléricale était prise à revers ; elle accusa Soljénitsyne d'être antisémite , alors même qu'il publait un ouvrage magnifique sur le destin croisé des juifs et des russes .
En vérité , Soljenitsyne était plus grand que ses partisans ( et adversaires ) de circonstance.
Pour votre "gauche bien pensante" le fait religieux n'est qu'une résurgence de superstitions primitives qu'il faut absolument faire disparaître. Il s'agit de guider l'Homme vers un bonheur que seule la modernité de leurs grands esprits - qui ont tout compris du sens de la vie - est en mesure d'appréhender pour le reste de l'humanité. Ce sentiment religieux, cet instinct, ils le voient également comme une voie concurrente d'oubli de sa petite personne au profit d'autre chose... Enfin, malgré l'existence de grandes familles, on peut considérer que chacun a sa propre religion, un rapport unique au Tout qui est bien étranger au baratin habituel de ceux pour qui tous devraient œuvrer, tout le temps, à des buts identiques et choisis par d'autres...
Rédigé par : PaulNizan | 06 août 2008 à 00:01
Le problème de la gauche moderne est à la fois d'être de gauche et d'être moderne. Ca fait beaucoup.
Etre de gauche signifie ignorer, voire écraser, l'homme qui existe pour lui substituer un homme nouveau un rien robot sur les bords qui ne rechignerait pas aux solutions collectivistes des gauchistes.
Et être moderne, c'est nier que le passé a quelque chose à nous dire.
L'homme tel que l'imagine la gauche moderne n'a ni religion ni culture, mais des rollers. Et il trie les déchets.
Ca ne pouvait pas coller avec Soljenitsyne.
Rédigé par : Franck Boizard | 06 août 2008 à 04:27
Content de lire sous votre plume cette appréciation de ses rapports avec les Juifs. Je lisais dans la croix que son livre avait suscité "des accusations d'antisémitisme", ce qui me laissait supposer que La Croix ne les considérait pas comme parfaitement avérée. Mais je vous imagine mal, vous, exonérer un antisémite. Ca me va, car je commence à m'intéresser de près à Soljenytsine (au-delà du vernis culturel dont je disposais, comme tout le monde).
Rédigé par : Koz | 06 août 2008 à 09:44
Quand j'ai lu ceci :
"Alexandre "Soljenitsyne aura été un grand dénonciateur", mais "il a raté le rôle de grand réconciliateur et de défenseur des nouveaux opprimés", estime le Parti communiste français dans un communiqué publié lundi après le décès de l'écrivain russe" je constate que les 100 millions de morts ne les dérangent pas beaucoup.
Rédigé par : Blanc Cassis | 06 août 2008 à 11:19
Effectivement, comment ont pu être aussi aveugles et complaisants des gens qui se réclamaient pourtant de la liberté et de la lutte contre l'oppression ?
L'article de Yves Mamou du Monde daté du 05/08 semble continuer cet aveuglement, dans un même paragraphe il cite nombre de mises en cause du système soviétique précédant celle de Soljénitsine pour conclure "Mais, jusqu'à 1974, le sentiment général tient pour acquis que quelques inévitables bavures ne sauraient remettre en cause les réalisations positives du communisme."
"Le sentiment général" ! Comme s'il n'y avait pas eu un seul anticommuniste avant 1974, comme si la France entière était pro-soviétique jusqu'alors.
Je ne sais pas trop que penser d'affirmations aussi absurdes : est-ce un manière de trouver des excuses aux intellectuels de gauche de l'époque ? La conclusion logique de son paragraphe aurait été d'en déduire la profonde idiotie de ce milieu là !
Rédigé par : commentaireslibres | 06 août 2008 à 13:48
Au lien suivant, vous trouverez le commentaire de JL Mélenchon sur Soljenitsyne :
http://www.jean-luc-melenchon.fr/?p=611
Comme on pense que ce con (il faut appeler les gens par leur nom) appartient à un parti censé être modéré et «de gouvernement», ça fout la trouille.
Rédigé par : Franck Boizard | 07 août 2008 à 23:23
Donc , je découvre le blog de Monsieur le sénateur Mélanchon . Et sa cour . Aucun ne donne le sentiment d'avoir lu une seule ligne de Soljénitsyne. Le pire dans ce blog n'est pas ce qui est dit de Soljénitsyne , qui n'en a plus rien à faire . Non , le pire est que ces marioles n'envisagent pas de le lire .
Rédigé par : guy sorman | 07 août 2008 à 23:37
L'ami Pivot sur la question:
http://www.dailymotion.com/video/x6cead_pivot-sur-soljenitsyne-news-040808
Rédigé par : ETF | 08 août 2008 à 00:03
Pour vous G. Sorman, Soljenitsyne était l'impertinent par excellence, une figure de la liberté; à mon sens, il fut largement incompris de l'Occident non seulement en 1975, où peu de gens finalement lui apportèrent leur soutien, mais aussi depuis un dizaine d'années où on lui fait ce procès d'antisémitisme que vous évoquez.
Soljenitsyne et l'Occident: le rendez-vous manqué ?
http://jazzthierry.blog.lemonde.fr/2008/08/05/soljenitsyne-leternel-incompris-retour-sur-la-reception-en-france-et-aux-etats-unis-de-larchipel-du-goulag-1975/
Rédigé par : equinox | 08 août 2008 à 02:39