Deux disciples de l'école du choix rationnel , fondée par Gary Becker à Chicago , viennent de publier une étude sur le comportement des gardiens de but confrontés à un penalty .
Dans 95% des cas, le goal s'avère incapable de bloquer le ballon . Or , dans la totalité des cas, le gardien de but plonge à droite ou à gauche avant même que le but ne soit tiré : une stratégie d'apparence incohérente . Pour améliorer ses chances , le goal devrait plutôt rester immobile et au centre du filet .
Pourquoi plonge-t-il ? C'est que sachant qu'il n'arrêtera pas le ballon, il joue pour ses supporters et le public : on lui reprocherait , immobile et au centre , de ne faire rien, de ne pas agir. Irrationnel au regard du jeu, le gardien de but est cohérent dans le regard du public.
Cette analyse est-elle juste ? Sans doute , certains ici souhaiteront la réfuter , prouver qu'elle est fausse : allez-y.
Et , ne serait-ce pas une métaphore pour tout gouvernement confronté à une crise économique ? Bondir avant que le but ne soit tiré est probablement inutile mais satisfait le désir d'action, chez les joueurs et le public : on appelle cela "la relance".
D'accord.
Imaginons que l'administration Bush soit restée immobile, sans rien faire du tout, en regardant simplement le marché aller au bout de sa logique.
Que se serait-il passé aux Etats-Unis depuis septembre 2008 ?
Que seraient devenues les banques privées US ?
Que seraient devenues les sociétés d'assurances US ?
Et quelles conséquences cette inaction de Bush et Paulson aurait eu ?
Imaginons.
Rédigé par : BA | 21 décembre 2008 à 13:04
Juste une remarque de vocabulaire : «falsifier» dans le sens où vous l'employez est un barbarisme disgracieux. J'en ai les oreilles écorchées.
Vous n'êtes pas obligé de tomber dans les tics de langage des snobs imbéciles.
En français, on dit «réfuter».
Cordialement
Rédigé par : Franck Boizard | 21 décembre 2008 à 13:35
Tout à mon ire linguistique, j'ai oublié de vous féliciter : vous résumez parfaitement la situation.
Seul bémol : quel que soit son choix, le goal peut difficilement mal faire, alors que les mesures de relance sont probablement dangereuses.
Notons que c'est c'est également ainsi qu'Alfred Sauvy analysait le keynesianisme des années 30 : inefficace voire nocif économiquement, mais nécessairement politiquement.
BA,
Oui, imaginons, toutes les boites que vous citez auraient coulé, et alors ?
La seule différence entre des faillites fracassantes et des sauvetages dispendieux et inutiles, c'est que les sauvetages auront des effets étalés, plus complexes et moins visibles, mais pas moins forts.
Les gouvernements ont pris le risque de transformer une récession brutale et courte en une dépression longue et profonde.
Mais l'essentiel est que ça soit payant électoralement. Ca ne parait pas trop mal parti puisqu'il y a des gogos (ou des cocos) comme vous pour tomber dans le panneau.
Rédigé par : Franck Boizard | 21 décembre 2008 à 13:53
Pour info, je suis gaulliste.
Si l'administration Bush n'avait rien fait du tout, les banques privées US auraient fait faillite, les sociétés d'assurances US auraient fait faillite, les constructeurs automobiles US auraient fait faillite, etc, etc. Et la récession aurait été brutale MAIS COURTE ?!
La récession aurait été brutale MAIS COURTE ?!
Franck Boizard, vous nous ferez toujours rigoler !
Rédigé par : BA | 21 décembre 2008 à 14:23
Pour poursuivre l'analogie, une bonne relance, en football, c'est souvent ce qui permet à une équipe de marquer à partir de ses bases arrières. Au point qu'une équipe de foot ne peut gagner sans être bonne à la relance. Becker a-t-il étudié la question?
Non, car je pense qu'il a construit son analogie à partir... du but qu'il souhaitait atteindre. Gooooooooaaaaaal!!!!
Rédigé par : ETF | 21 décembre 2008 à 14:23
Merci pour cette belle métaphore.
Rédigé par : Parraz | 21 décembre 2008 à 17:10
«Franck Boizard, vous nous ferez toujours rigoler !»
C'est un plaisir.
Cependant, j'ai bien peur qu'il soit difficile de trancher notre débat (que vous avez d'ailleurs esquivé).
Les prévisions sont difficiles, surtout lorsqu'elles concernent le futur (Pierre Dac).
Mais si le futur est flou, le passé peut être un guide.
C'est pourquoi j'insiste pour que les «relancistes» me citent un plan de relance qui a réussi.
Ca serait une indication que les efforts relancistes ne peut-être sont pas vains.
Inversement, si tous les plans de relance connus ont échoué, ce n'est guère encourageant.
Or, le tour des plans de relance est vite fait :
> New Deal : les thèses vont du prolongement de la crise au moindre mal. En tout cas, personne ne l'analyse comme une réussite incontestable.
> les plans Schacht et Goering : tabous à cause du régime et des méthodes.
> les plans style Mitterrand 81 : échec complet.
Bref, l'examen du passé n'incite pas à l'optimisme.
Théoriquement aussi, les raisons de se réjouir sont peu nombreuses : on comprend mal au nom de quoi l'Etat, avec ses imperfections, serait soudain plus efficient que les marchés, avec leurs imperfections.
Enfin, même si il existait des plans de relance susceptibles de réussir, les plans choisis par nos gouvernements, ciblés de grosses industries «du passé» (immobilier, bagnole) pour avoir le maximum de retour médiatique et électoral ne sont certainement pas de ceux-là.
En résumé, dormez tranquilles, le gouvernement s'occupe de tout (mais planquez tout de même votre argent en Suisse).
Pour conclure, j'en reste à ma position initiale : sauver les banques avec circonspection et ne pas se mêler du reste (sauf, bien entendu, pour baisser les dépenses publiques si quelqu'un s'en sent le courage).
Nota : vu par un libéral, communisme, gaullisme, il n'y a pas que des différences.
Rédigé par : Franck Boizard | 21 décembre 2008 à 18:00
@Franck Boizard : Je ne vois pas le terme "falsifier" dans le texte de Guy ; sans doute fut-il corrigé entre temps. Toujours est-il que dans ce contexte, l'utilisation de ce verbe est on ne peut plus justifiée lorsque l'on a à l'esprit les théories épistémologiques de Karl Popper auxquels Guy faisait sûrement référence, et que l'on nomme le falsificationnisme. Ce n'est que sur le tard que Popper s'inquiéta de savoir comment il était traduit en France, et qu'il dit qu'il était préférable d'utiliser le verbe "réfuter" plutôt que "falsifier". En l'occurrence, la barbarie se niche ici bien plutôt dans l'ignorance de cet arrière-plan théorique plutôt que dans la pédante dénonciation d'un problème sémantique chez notre auteur.
@Guy Sorman : Serait-il possible d'obtenir la source de cette étude sur le pénalty sur laquelle vous vous appuyez ?
Sur le fond, je pense qu'il faut prendre garde à l'historicisme, à savoir, ce travers qui est de penser savoir vers où l'histoire se dirige. Si, par hypothèse, on suppose la fin de l'histoire connue, soit en bien, soit en mal, deux attitudes s'opposent (cf. : http://www.morbleu.com/de-la-fin-de-lhistoire/). L'attitude courageuse, qui consistera à accélérer l'histoire pour arriver au plus tôt à cette fin (pensez à la révolution bolchévique précipitant l'avènement de la société sans classes ou à la guerre en Irak accélérant un monde partout démocratique). Et l'attitude paresseuse, qui consistera à attendre sagement sans rien faire que cette fin advienne, puisqu'elle doit, quoiqu'il en soit, advenir un jour ou l'autre (attitude de Fukuyama ou d'Emmanuel Todd quant à la démocratie ici et là dans le monde).
Pardonnez-moi, Guy, mais je crains que vous ne soyez paresseux. À vous lire ces dernières semaines, il me semble que vous supposiez la fin de l'histoire déjà connue : la crise se résorbera d'elle-même ; tout keynesianisme ne ferait qu'aggraver les choses ; ne faisons rien. Dire cela ébranle évidemment le fondement de toute action politique. Que reste-t-il alors de légitimité aux gouvernements ? Même si ne je suis pas loin d'être d'accord avec vous, c'est-à-dire à me méfier de l'interventionnisme, peut-on à ce point être sûr que l'histoire et déjà écrite et ce permettre de rester immobile tel ce gardien de but qui, ne l'oublions pas, conserve au moins 5% d'efficacité ?
Rédigé par : Gnouros | 21 décembre 2008 à 19:11
Angela Merkel vient de décider un deuxième plan de relance de 41 milliards d'euros.
George W. Bush et Henry Paulson injectent des centaines de milliards de dollars en plan de relance, alors qu'ils vont quitter la vie politique dans quelques semaines.
Etc.
Décidément, Angela Merkel, George W. Bush, Henry Paulson, etc. etc. ne sont que de stupides interventionnisto - communisto - gaullistes.
Rédigé par : BA | 21 décembre 2008 à 19:24
Le penalty est la sanction ultime. Si le gardien avait bien commandé sa défense, l'entraineur avait bien organisé le jeu, son équipe n'aurait pas été acculé en défense et n'aurait pas concédé de penalty. Bref, un peu d'organisation eut été préférable avant de se prendre un vieux contre entrainant une faute grossière.
le penalty condamne la faute grossière et le législateur pense, que dans le cas d'une vilaine faute, il faut 95% de chance de sanction (en prenant un but). En fait, c'est le législateur qui place le gardien dans une condition telle qu'il lui est impossible ou presque d'arrêter le penalty. (en mettant le point de penalty a une distance ridicule par rapport à la taille du but).
Dans le monde de Guy Sorman, l'arbitre n'existant pas, l'attaquant se ferrait scier en deux par le défenseur, n'entrainant aucune sanction. Il faut laisser faire.
Puisque vous vous voulez des métaphores à la noix.
Rédigé par : Buzzcocks | 21 décembre 2008 à 19:57
Cher GS,
Analogie sympa !
(1) Il est probable que l’analyse rapportée est conforme dans le cas d’une distribution normale de gardiens de but n’ayant démontré comme réponse que leurs seules qualités purement physiques, coup d’œil, détente latérale, détente verticale, envergure et puissance des bras.
Dans cette hypothèse, demeurer au centre est sans doute une stratégie gagnante par rapport à une anticipation aléatoire.
(2) Les butteurs talentueux ont une signature individuelle dans la façon d’appréhender le penalty, ces signatures sont analysées par le coach entraîneur.
Les spécialistes savent que les gardiens purement techniques, s’ils produisent de bons résultats, doivent en outre être dotés de qualités d’intelligence de jeu et de psychologie afin d’exploiter au mieux les informations collectées par le coach (biais d’anticipation) et atteindre le sommet de leur art.
A l’inverse du scénario proposé, certains gardiens talentueux se sont faits une spécialité dans la défense de leur but. Ils sont reconnus et particulièrement craints dans les séances de tirs aux buts. La charge psychologique pour le butteur face à ce type de gardien est très lourde, conduisant souvent le butteur à contrarier son tir naturel et d’échouer.
()) Au final, face à une crise économique et financière, nos gouvernants ont depuis longtemps collecté de nombreux paramètres (informations).
Ils ont au travers des crises successives pu apprendre quelles sont les réponses les mieux adaptées, il est frappant de constater parmi les membres du G7-G20 la grande convergence dans le choix des réponses. La relance budgétaire a fait l’unanimité.
Ni scientisme ni futurologie, mais détenteurs des informations qui font de nos économistes des initiés susceptibles de détecter les tendances et les paramètres annonciateurs de récession.
Qui peut nier que ces paramètres et ces tendances ne soient déjà une réalité persistante, 533.000 emplois perdus aux US, partout des industries automobiles en souffrance, des réseaux bancaires sous perfusion...La liste est longue!
Pour revenir au football, il ne fait aucun doute que le butteur a déjà frappé le ballon, ce dernier file vers sa cage !
-------- Pour le gardien, il n’est plus question d’anticiper le tir, mais il faut le contrer !
La crise qui se développe est la première de la mondialisation, pour être efficaces les mesures de relance doivent être équilibrées et coordonnées par toutes les économies du G7/G20.
---------Tous les gardiens nationaux doivent se détendre en même temps dans la même direction, not so easy !
Je comprends que face à des financiers & économistes acting dont les recommandations vont toutes dans le même sens, les autres spécialistes pour tenter d’exister puissent prendre des positions distinctes ; tantôt d’immobilisme ou de fuite en avant ; bref prendre date en espérant que l’échec viendra rétrospectivement les récompenser, eux si clairvoyants !
Rédigé par : Alain Soler | 21 décembre 2008 à 21:57
Le seul bon goal est celui qui "voit" le dernier dixième de seconde avant le tir; dans notre jeu économique, aucun goal n'a vu.
Tout est image et celle d'aujourd'hui, celle qui hante, c'est "les raisins de la colère"...tout mais pas çà, alors jetons nous dans les bras de l'Etat nourricier.
Rédigé par : atao | 21 décembre 2008 à 22:25
Il y a quelques mois, GS parlait juste de ralentissement, America at work.Le site www.alterinfo.net/ parlait de la crise dès 2007 et Lyndon Larouche ainsi que Jacques Cheminade ont prévu la crise ainsi que l' effondrement du système financier bien avant 2007. Un collègue de mon frère veut devenir Trader et a prévu comme beaucoup de monde la crise bien avant les médias. http://www.lesechos.fr/info/inter/300317298-ukraine-le-recul-du-pib-pourrait-atteindre-jusqu-a-10-au-1er-trimestre-2009.htm "Ukraine : le recul du PIB pourrait atteindre jusqu'à 10% au 1er trimestre 2009" Je pense que GS attend avec impatience les prochaines statistiques chinoises qui seront catastrophiques. L' Ukraine a un niveau de vie comparable à la Chine avec des taux de croissance équivalent: autour de 10% ces dernières années. Et ce qui ce passe en Ukraine peut préfigurer ce qui se passe en Russie et dans les Ex pays communistes.
Rédigé par : Kim Jong Ilien | 22 décembre 2008 à 03:33
@ Gnouros
Je connaissais le contexte de «falsifier». Sommes nous obligés de répéter les erreurs de nos prédécesseurs ? (Remarque valable pour les plans de relance).
@ BA
Ce que vous me répondez sont des arguments d'autorité, utiles mais sans portée : où sont les réussites économiques de Bush qui justifieraient de lui faire confiance ?
Il est vrai que cette crise a des cotés plaisants : des gens qui il y a peu traitaient Bush plus bas que terre le citent désormais comme exemple !
Rédigé par : Franck Boizard | 22 décembre 2008 à 09:13
Citer George W. Bush en exemple ?! Où avez-vous vu que je citais George W. Bush en exemple ?! Vous disjonctez ?!
Le premier ministre du Canada s’appelle Stephen Harper. Au Canada, tout le monde pensait qu’il était le chef du Parti Conservateur.
Le masque est tombé. Stephen Harper n’est pas le chef du Parti Conservateur. Dans la réalité, Stephen Harper est un horrible interventionnisto – communisto – gaulliste.
« Le Canada annonce un plan massif d'aide au secteur automobile.
Le premier ministre canadien Stephen Harper a annoncé, samedi 20 décembre, une aide de 4 milliards de dollars canadiens (2,3 milliards d'euros) aux constructeurs automobiles américains établis dans la province d'Ontario. »
http://www.lemonde.fr/la-crise-financiere/article/2008/12/20/le-canada-annonce-un-plan-massif-d-aide-aux-constructeurs-americains_1133739_1101386.html#ens_id=1126141
Rédigé par : BA | 22 décembre 2008 à 11:48
L'aide d'Etat aux constructeurs automobiles est une forme de protectionnisme qui fausse la concurrence entre les Nationaux et les Etrangers; Les contribuables payent deux fois , par leurs impôts et en achetant des voitures plus chères . La seule bonne dépense publique , celle que réclamait Adam Smith pour les ports , est l'éducation et les infrastructures si elles profitent à tous , type broadband qui est l'équivalent des autoroutes de naguére.A financer par l'emprunt , pas par l'inflation : une porte étroite.
Rédigé par : guy sorman | 22 décembre 2008 à 12:19
GS, je suis d'accord avec vous sur ce point. J'aurais tout de même aimé entendre Hayek sur la nécessité et la nature des interventions gouvernementales pour favoriser une sortie rapide de crise.
Nous les savons en grande partie causes de la dégringolade des banques, secteur surréglementé et contraint à faire des prêts subprime avec un argent surabondant et peu cher de la part de la banque centrale.
Mais Hayek ne considère pas que l'Etat doit être totalement absent du marché dans des situations difficiles. Bien qu'il soit le premier à reconnaître les risques de telles actions constructivistes, il admet une marge de tolérance, notamment pour offrir des services que le marché ne propos pas de "manière adéquate" (dans "Droit, législation et liberté") mais aussi à l'occasion de crises graves.
Reste à savoir quelles mesures aurait préconisé le vieux sage s'il était encore en vie. Certainement pas un plan keynésien, encore moins l'agitation désespérée de notre gouvernement sans boussole. Education et infrastructures, comme le propose Obama ?
Rédigé par : Aurelien | 22 décembre 2008 à 14:02
Hayek,préconnisait l'état garant,plutôt que l'état gérant.Maintenant reste à savoir jusqu'où ces garanties publics envers banques ou constucteurs automobile sont elle économiquement salutaire.Le faussement de la concurrance comme le souligne G.Sorman,est surement la goutte qui fait déborder le vase.
D.J
Rédigé par : D.J | 22 décembre 2008 à 15:03
Hayek considère que les gouvernements ont 2 missions essentielles :
- protéger les droits de chacun conformément au droit naturel. Contrairement aux tenants du droit positif, Hayek considère que les lois ne devraient pas être établies, sauf cas particuliers, par le législateur mais par le lent processus jurisprudentiel adaptant les lois anciennes aux nécessités du moment (droit coutumier).
- procurer des prestations que le marché n'est pas à même de produire de manière adéquate (accès universel à l'éducation, sans doute aussi à la santé).
La sauvegarde d'entreprises en faillite ne rentre pas dans ces points, sauf si celles-ci mettent l'ensemble du système en danger. C'est le cas des grandes banques comme Lehman Bros (faillite salutaire isolément prise mais qui a mis le système bancaire global en danger et nécessité des interventions exceptionnelles), pas des constructeurs automobiles.
Rédigé par : Aurelien | 22 décembre 2008 à 15:53
Cher GS,
Proposer des aides financières dans un contexte de maintien de la concurrence, hors de tout protectionnisme des Etats était une directive importante défendue par l’UE et l’administration américaine lors du G20 du 15 novembre dernier.
Dans un contexte de légalité de l’aide par rapport aux règles de l’OMC, les conditions du soutien aux fabricants US d’automobiles seront étudiées avec vigilance par la Commission européenne.
Le mois dernier, alors que le congrès US envisageait une aide de 25 B$, la commission européenne de José Manuel Barroso envisageait déjà de déposer une plainte auprès de l’OMC si elle jugeait cette aide financière illégale.
Les Echos : la Commission prête à saisir l’OMC
http://www.lesechos.fr/info/inter/300309461.htm
Rédigé par : Alain Soler | 22 décembre 2008 à 17:15
Peut-on dire que dans le cas de l'économie, le simple fait de savoir que le gouvernement fait quelque chose amène une certaine confiance ? Dans ce cas-là,nos gouvernements ont raison de s'agiter.
Rédigé par : Uchimizu | 22 décembre 2008 à 19:11
L’Amérique qui attend le pire.
Reportage à Philadelphie gagnée par la sinistrose.
Crise oblige, la ville de Philadelphie ferme des casernes, des piscines, des librairies. Des habitants doivent vendre leurs bijoux en or contre du cash, pour survivre.
Le pompier s'est transformé en général. Avec un crayon, il montre le plan de Philadelphie, avec ses casernes disposées de manière stratégique sur le champ de bataille. Mettons que l'incendie se déclare dans ce quartier. Les camions de 25 tonnes, ceux qui doivent être les premiers sur les lieux, partent d'ici. Les autres, ceux de 31 tonnes qui disposent d'échelles, sont parqués là. Mais le vieux pont de la South Street tombait littéralement en morceaux. Il vient d'être fermé pour deux ans, après des années d'atermoiements. Et, autour, d'autres routes vétustes supporteraient mal le passage des véhicules lancés à toute allure. «Parfois nous sommes obligés de tricher, et de nous engager n'importe où pour parer au plus pressé, concède Willam Gault. Pour nous, chaque minute compte. Notre efficacité est à ce prix.»
Si William Gault - qui est aussi vice-président du syndicat des pompiers - tient à faire sa démonstration, c'est que l'alarme a sonné. Non seulement les infrastructures sont en ruine, mais le nouveau maire, Michael Nutter, a aussi décidé de trancher dans le vif, et de fermer 7 des 60 casernes que compte la ville. Dix millions de dollars d'économies. Le pompier-général soupire: «Si chacun y mettait du sien, cela reviendrait à augmenter de un seul dollar les impôts par habitant. On ne se rendra compte du désastre que lorsqu'on alignera des morts carbonisés sur le trottoir. A ce moment, on nous reprochera de ne pas être intervenus assez rapidement.»
Les pompiers de Philadelphie sont sur le pied de guerre. Faute de pouvoir se mettre en grève, ils multiplient les manifestations dans la rue, avec ce slogan: «Les coupes budgétaires tuent.» Mais ils ont à faire à forte concurrence: dans cette ville où Benjamin Franklin fonda, en 1723, la Library Company of Philadelphia qui contient encore la mémoire de la Guerre d'indépendance, onze des cinquante librairies municipales vont aussi fermer. Pareil pour la moitié des piscines. En tout, la ville prévoit de jeter 800 postes à la trappe. «Philadelphie doit se préparer au pire», a expliqué le maire dans une longue et dramatique intervention télévisée.
Le pire ? Il est déjà là, du côté de la Chesnut Street, en plein quartier financier. Entre deux magasins qui ont tiré leurs rideaux, c'est là que se trouve le siège de Philadelphia Gas Works, la compagnie municipale du gaz. Laura est un peu gênée. Mais elle avoue qu'elle est ici pour négocier sa facture mensuelle. C'est presque devenu une routine. Cette femme noire d'une quarantaine d'années élève seule ses deux enfants. «A proprement parler, je n'ai pas d'emploi fixe, si tu vois ce que je veux dire. Les gens ici sont assez compréhensifs. Mais j'attends le jour où on me dira qu'on me coupe le gaz. Qu'est-ce que je ferai, ce jour-là ?»
Au coin de la rue, dans le quartier des bijoutiers, Shai Cohen, 31 ans, ne peut s'empêcher de partir d'un grand éclat de rire: «Nous, cela fait dix-huit ans que nous sommes dans le business, mais jamais il n'y a eu autant d'activité. «Je prends l'or, vous prenez le cash», disent les affiches qui montrent «Joe le bijoutier», son patron, un peu partout, dans ce qui est devenu la campagne publicitaire la plus agressive de la ville: dans les journaux, sur les chaînes de télévision locales, sur des grandes enseignes criardes accrochées sur les autobus.
«Joe le bijoutier» ne vend pratiquement plus rien, peut-être une ou deux pièces par semaine. Mais les gens font désormais la queue devant son magasin pour se défaire de leurs bijoux de famille. Les pièces sont ensuite amenées dans une raffinerie d'or, au nord de la ville, pour y être fondues. «Tout le monde vient ici, les Blancs, les Noirs, les riches, les pauvres, les jeunes, les vieux, explique Shai Cohen. Certains sont en larmes, je n'aurais jamais pensé être témoin de ça.» L'employé s'attend qu'après Noël la plupart de ses concurrents ferment définitivement leurs portes. «Pour l'instant, faute de vendre quoi que ce soit, ils se contentent d'essayer d'acheter de l'or eux aussi. Mais ils sont trop cupides, ils ne s'intéressent qu'au court terme. De toute façon, c'est à nous qu'ils le revendent, cet or. C'est nous qui l'amenons ensuite à la raffinerie.»
Des bijoutiers aux balayeurs, des restaurateurs aux employés des péages sur les autoroutes... la sarabande de la crise frappe un peu partout, sans crier gare. Même là où on ne l'attendrait pas: Au Colosimo's Gun Center, on vend des Colt, des Beretta ou des Smith & Wesson depuis deux générations. Mais, même ici, l'époque est devenue compliquée. «Nos clients sont tiraillés, explique Ed, un employé, devant un long alignement de fusils à lunette. D'un côté, la crise économique fait craindre des temps plus durs, et les gens veulent se préparer. Mais, de l'autre, la crise les frappe eux aussi. C'est devenu difficile de débourser 800 dollars pour s'acheter un pistolet.»
Dans le magasin, une bande de jeunes gens est entrée, pour demander des précisions sur la manière d'obtenir un permis de port d'armes. «Quarante-cinq dollars de frais, et un coup de fil à la police pour vérifier les antécédents judiciaires», répond mollement l'employé. A Philadelphie, seul l'Etat est autorisé à vendre de l'alcool. Mais les armes s'acquièrent librement. Le taux de meurtres est trois fois supérieur à celui de New York.
Pourtant, ce n'est pas à cette criminalité-là que pensent d'abord les habitants, dans une ville systématiquement classée comme l'une des plus corrompues du pays. «L'alcool, les cigarettes, le pétrole, tout est taxé... Et où va donc tout cet argent ?» interroge William Gault, le syndicaliste. «Si aujourd'hui le maire nous laisse tomber, c'est parce que les pompiers n'ont pas assez soutenu sa campagne électorale. C'est le système des lobbies. C'est comme cela que fonctionnent les Etats-Unis.»
«Les politiciens actuels sont les enfants de ceux qui étaient au pouvoir la génération précédente. Ils pensent à s'enrichir et ne créent rien, sinon le chaos», reprend comme en écho dans son antre Victor Gordon, 66 ans. Le marchand a eu des démêlés avec les autorités locales, qui voulaient lui saisir sa maison s'il ne payait pas une taxe qu'il jugeait «inventée». Il a menacé de porter plainte pour des millions de dollars. Les politiciens ont reculé. «A tout faire, je préférerais encore être au temps de la mafia. Au moins, les choses étaient plus claires», grince-t-il.
Victor Gordon n'est pas syndiqué. L'homme dispose sans doute de la plus importante collection d'art africain de tous les Etats-Unis. Mais il n'a jamais mis les pieds en Afrique. «J'ai commencé par vendre des vêtements aux Africains. Puis j'ai ramené des œuvres de très grand prix. Certaines valent des centaines de milliers de dollars aujourd'hui», explique-t-il. La crise ? «Elle ne frappe que les imbéciles, ceux qui passent leur temps à boire des bières en rêvant de socialisme. Ce que doivent faire les hommes politiques, c'est disparaître. Et nous laisser travailler.»
Luis Lema, envoyé spécial à Philadelphie, lundi 22 décembre 2008.
http://www.letemps.ch/template/tempsFort.asp?page=3&article=246705
Rédigé par : BA | 22 décembre 2008 à 22:03
Alors que les organismes internationaux ont toujours prôné pour l’Afrique, un libéralisme débridé de ses marchés, voilà que les donneurs de leçon US se sont pris à leur propre piège.Le faible dynamisme français à l’étranger et l’envol de l’euro, ne peuvent constituer des portes de sortie fiable. http://www.africamaat.com/Vague-de-nationalisation-massive
Rédigé par : Kim Jong Ilien | 23 décembre 2008 à 06:03
Excellente conclusion par analogie, c'est bien ce qui se passe.
On amuse la galerie après avoir créé les conditions de la crise.
Il ne faut pas oublier le rôle de la création massive de monnaie sous la houlette des banques centrales elles mêmes contrôlées par les États et pour cause. La plus grande partie de cette nouvelle monnaie trouve le chemin des emprunts d'États ("achat des électeurs constitués en groupes de pression").
Sans cette création massive de monnaie pratiquement rien de ce qui est honni n'aurait pu se produire.
Quand à la régulation demandée à hauts cris, rions un peu :
disons régulations et pensons : la SEC, Madoff et Enron.
la dérégulation : quand il y a 57 régulations d'une activité et que l'en en ôte 2 on conclut : dérégulation, hyperlibéralisme. (Il y a des dégâts mais ils proviennent du fait de l'utilisation des dispositions existantes qui demeurent et permettent de nouvelles combinaisons créatives sans amener ce qui serait une nouvelle vraie régulation par la concurrence et la responsabilité à savoir que tout le monde peut faire faillite, que personne n'est protégé par les dispositions qui demeurent ni par sa taille.)
Il y a actuellement des entreprises qui fonctionnent aux USA sous le régime de la faillite. Ni emplois ni clients n'ont été perdus. Ce serait possible pour les banques et l'automobile surtout. Le fond du problème est non pas la protection des emplois mais celles des situations acquises dans l'establishment pour les banque et du très puissant syndicat de l'automobile pour General Motors.
@ gnouros fb et aurelien
Si on s'amusait à faire une petite exégèse de Popper et Hayek
Il y a eu deux Popper : le jeune et le vieux .
Popper a fait une distinction (démarcation) entre le scientifique et le métaphysique.
Le jeune Popper - plus intransigeant que le vieux - déclarait qu'était scientifique une théorie qui était falsifiable, c'est à dire que l'on pouvait imaginer une expérience - peut être dans des conditions futures - dont le résultat permettrait de montrer qu'elle était fausse.
"To falsify a theory" : montrer que l'on peut imaginer l'existence d'une telle expérience ; ce qui n'est pas exactement réfuter.
Le vieux Popper - plus accommodant - a déclaré qu'il suffisait que l'on puisse critiquer cette théorie. Ce qui n'est pas le cas pour ce qui métaphysique, irréfutable, incriticable par essence.
Hayek lui aussi a évolué. Le jeune Hayek a écrit "The Constitution of Liberty" - qui conservait beaucoup de rôles pour l'État. Le vieux Hayek avait vu bien davantage comment l'État saccage ce sur quoi il met la main. Il ne voyait plus qu'un rôle beaucoup plus réduit pour l'État : paix et sécurité et pour le reste pensait que l'ordre spontané né des interactions humaines donnait de biens meilleurs résultats.
Raymond Aron a fait le même chemin à la fin de sa vie à la grande déception de ces amis de gauche. Idem pour Jean François Revel.
Rédigé par : raoul | 23 décembre 2008 à 13:50
Eh bien, j’ai l’impression que personne n’a relevé le défi lancé à la fin du billet : démontrer que cette analyse sur le gardien de foot n’est pas juste. Je m’y colle donc !
Plonger d’un côté ou de l’autre est-il si irrationnel ? Pas forcément, pour trois raisons, l’une technique, les deux autres psychologiques :
- Dans un but plus long que haut (7,30 m de long pour 2 m de haut), en plongeant à l’horizontale et en tendant les bras, le gardien couvre avec son corps presque 2,50 m de la longueur du but ; il couvre tout simplement plus de surface qu’en restant à l’horizontale (puisque le but est lui aussi allongé).
- en plongeant d’un des deux côtés, le gardien ne fait que faire comme le tireur qui tire ausis d’un des deux côtés. Puisque l’on sait que, quoi qu’il arrive, le gardien va plonger d’un des deux côtés, pourquoi le tireur ne tire-t-il toujours pas au centre ? Ce serait le moyen le plus sûr de marquer. Or le plus souvent, le tireur tire à droite ou à gauche. C’est d’abord le tireur qui doit produire du spectacle pour son public. Peut-être aussi faut-il y ajouter un aspect psychologique : je ne vais pas tirer au centre, puisque le gardien y est ; même si, dès que j’aurai tiré, il ne sera plus au centre, au moment de viser, c’est trop dur de viser un espace bouché.
- enfin, d’un point de vue plus rationnel : si le meilleur moyen d’optimiser ses chances pour un gardien, c’est de rester au centre, alors il devra TOUJOURS rester au centre. Et le tireur qui sait ça tirera donc TOUJOURS à droite ou à gauche. Le moyen le plus rationnel, c’est donc d’AGIR : ce n’est pas que du spectacle, car adopter toujours la solution soi-disant optimale (rester au centre), c’est s’exposer à toujours perdre. L’action aléatoire – et donc apparemment irrationnelle - est ici rationnelle : si le gardien agit toujours de façon optimale, le tireur fera exactement le contraire pour marquer. Plonger de façon aléatoire est le meilleur moyen pour contrer le tir de l’adversaire.
Peut-on donc reprendre l’analogie faite avec l’économie et le rôle de l’Etat ? En un sens oui. Même si l’Etat ne sait pas ce qu’il fait, il est important, comme le goal pour le fonctionnement du jeu (ici l’économie de marché), qu’il agisse. Notamment pour rassurer. D’accord, si l’Etat ne renflouait pas les banques, elles prendraient peut-être moins de risques. En même temps, si les marchés savaient par avance que l’Etat ne ferait rien, comme le gardien de but qui reste au centre, alors, en cas de crise, ce serait la panique généralisée. Même en ayant une politique keynésienne ponctuelle, l’Etat n’est pas forcément un Etat gérant, il peut n’être qu’un Etat garant ou Etat-gendarme : on sait que, puisqu’il peut toujours décider d’agir, l’économie peut continuer de tourner.
Car finalement, le problème de cette analogie, c’est que, dans un match de foot, les spectateurs n’interviennent pas. Or, dans l’économie de marché, les citoyens censés être rassurés par l’action étatique, sont les moteurs même de l’économie. S’ils savaient que, de toute façon l’Etat ne bougera pas, ils arrêteraient peut-être de prendre des risques et d’innover.
Rédigé par : Charles | 23 décembre 2008 à 15:37
Charles a raison, à ceci près que le tire en force au centre est une technique pratiquée de temps à autre. J'en ai vu.
Si le gardien ne reste pas au centre, c'est bien-sûr parceque c'est la plus mauvaise position.
En étant au centre au moment du tir, il n'a le temps d'atteindre ni le côté droit ni le côté gauche avant le ballon.
En sotant aléatoirement (cas du gardien qui n'a pas étudié le jeu du tireur), il a au moins une chance sur deux d'être du bon côté, c'est déjà mieux.
Sauf quand le tireur tire au centre donc...
Observer une activité humaine qui met en jeu des milliards d'euros, des années d'entrainement pour les joueurs, presque un siècle d'expériences sur le plan tactique, et affirmer aussi gratuitement que ces gens font n'importe quoi juste pour amuser la gallerie, c'est un peu fort (ou idéologique?).
J'inverse donc la charge de la preuve. Guy Sorman : prouvez nous que rester au milieu serait la meilleure solution.
Rédigé par : Gatien | 23 décembre 2008 à 16:18
Si vous avez la référence de l'article des frères Becker, je suis preneur.
S'il est question de statistiques et de probabilités, je ferai travailler mes étudiants dessus.
Merci
Rédigé par : Gatien | 23 décembre 2008 à 18:24
Oui, vivement le changement de gardien de la semaine prochaine!
"C’est comme si on essaye de traiter une grippe… Si on va chez le médecin, ça prendra une semaine, si on fait rien, ça prendra sept jours."
Vaclav Klaus
http://jcdurbant.wordpress.com/2008/12/27/crise-financiere-l%e2%80%99angoisse-du-gardien-de-but-au-moment-du-penalty-take-it-from-the-goalie/
Rédigé par : jc durbant | 27 décembre 2008 à 07:36
Si le tireur savait que le gardien ne va pas plonger, son tir serait plus facile et beaucoup moins de pénalties seraient ratés.
L'étude cherche à traiter tir et comportement du gardien comme des variables indépendantes, alors que les 2 sont liés.
Rédigé par : Thierry Klein | 19 janvier 2009 à 18:48