Il existe deux sortes de hasards, m’explique Benoît Mandelbrot, le « hasard bénin » et le « hasard malin ». En anglais, il traduit par Mild Randomness et Wild Randomness : cela sonne mieux, dit-il, aux oreilles des Américains.
Cela fait bientôt cinquante ans que Mandelbrot a quitté l’Université française, pour enseigner les mathématiques, puis l’économie à Harvard et à Yale. Plus, trente ans passés au Centre de recherche d’IBM de Yorktown-New York : une carrière atypique et un personnage, à 86 ans, toujours surprenant.
La gloire scientifique de Mandelbrot connaît des hauts et des bas : en temps de crise, maintenant, dans son appartement de Cambridge, face à Boston, il est assiégé par les médias et les éditeurs (il rédige en ce moment ses Mémoires). Mandelbrot est, en effet, un rare homme de sciences à s’intéresser aux catastrophes, aux événements « monstrueux » tandis que la plupart cherchent dans la nature ce qui est régulier, répétitif, prévisible : ce hasard bénin que l’on peut réduire à des formules mathématiques prédictives. Le temps qu’il fera demain, par exemple . Ou la chute des objets .
Avant d’évoquer la crise financière présente, rappelons que Mandelbrot a surgi au firmament des mathématiques en 1974, avec la découverte des Fractales. En observant, entre autres phénomènes naturels, les côtes de Bretagne, Mandelbrot s’aperçut que leur contour, d’apparence chaotique, obéissait en fait à une forme géométrique, infiniment répétée, mais de plus en plus petite. Ceci vaut pour un flocon de neige ou… un chou-fleur. Derrière le désordre apparent de la nature règne donc un ordre descriptible ; en même temps, il devient impossible de mesurer les côtes de Bretagne puisque leur longueur dépend de l’échelle, proche ou lointaine, que l’on adopte. À la suite de Mandelbrot, on découvrit des fractales un peu partout, dans les turbulences de l’air, de l’eau ou du son : tout cela qui paraissait chaotique était en réalité fractal et pouvait donc être maîtrisé . La théorie de Mandelbrot réduisait - en certains lieux - le hasard malin à un hasard bénin. Mais – là tout se complique – ce qui est chaotique peut être fractal mais peut aussi ne pas l’être : sur le marché financier, par exemple.
Dès les années 1960, Mandelbrot a tenté – en vain – de trouver un ordre caché, et donc de la prévisibilité, dans l’avenir des prix – la volatilité – sur les marchés financiers. Partant de l’exemple du prix du coton à la Bourse de New York (parce que les données chiffrées existaient sur une longue période (« sans données, pas de science », rappelle Mandelbrot), il démontra que plus on cernait de près l’évolution des prix du coton, plus il était difficile de les prévoir. La volatilité des prix est une suite d’accidents, tous différents : pas de fractales ici.
Mais cette modestie scientifique de Mandelbrot n’a jamais satisfait les économistes : eux veulent des courbes en cloche, des algorithmes et des lois. Ce qui sur le marché de l’économie réelle se conçoit : on peut, aujourd’hui, avec suffisamment de précision, tracer une relation prévisible entre la quantité de monnaie émise par une banque centrale et les hausses de prix. On peut aussi prévoir la relation entre le niveau des salaires et l’évolution du chômage. Ou entre un monopole et les prix. Mais sur le marché financier, à la Bourse, cela ne se peut pas. Pas encore ? Jamais ? Mandelbrot penche pour « jamais ». Plus il étudie les variations des cours à la Bourse, plus il lui paraît que le Hasard sauvage, l’aléa total, le chaos sans normes constituent la loi fondamentale du marché financier.
Ceux qui sont en désaccord avec Mandelbrot , ils sont légions, n’en sont pas moins, depuis un siècle (le pionnier fut le mathématicien français Bachelier) à tracer des courbes de relation entre le temps et les prix : une martingale imparable pour les boursicoteurs , n'est-ce pas ! Hélas, Bachelier travaillait sur des données fausses. Il n’empêche que cette tentation de maîtriser le hasard persiste à base de formules toujours plus complexes comme la théorie de Scholes et de Merton qui leur a valu le prix Nobel d’économie en 1997. Il se trouve que tous les investisseurs qui ont appliqué cette célèbre méthode de Scholes et Merton, selon laquelle on ne pouvait jamais perdre, sont aujourd’hui ruinés. Ou leurs clients le sont. Où fut l’erreur ?
Le désir de dompter le hasard, et de s’enrichir, est telle, observe Mandelbrot, qu’il a conduit ces économistes à commettre deux péchés scientifiques majeurs. Ils ont construit leur modèle théorique a priori et ils n’ont retenu que les données qui entraient dans leur modèle : les aberrations étaient rejetées alors même que le marché financier est une succession d’aberrations.
L’autre erreur, classique, est de transporter une loi (il s’agit ici des Fractales) d’un domaine où elle opère vers un nouveau domaine où elle n’opère pas : ici, des turbulences naturelles où les Fractales s’appliquent, et là sur le marché financier où elles ne s’appliquent pas. Cette observation critique de Mandelbrot rappelle une autre erreur fameuse, celle de Karl Marx qui transposa à l’Histoire des sociétés, la théorie de l’évolution des espèces selon Darwin : Darwin protesta et obtint que Marx ne lui dédie pas Le Capital.
Les modèles financiers où on gagne à tout coup ont eu, dans le monde entier, ( juqu'en 2008 ) leurs années de gloire : les investisseurs appliquaient le modèle, les cours montaient, tout le monde s’enrichissait. Mandelbrot ne recevait plus aucune sollicitation, ni visite.
Mais ce n’était qu’une coïncidence. Il a suffi que les cours se retournent pour que le modèle s’avère, tout simplement, faux. Mandelbrot n’en est pas surpris. Il suffit, dit-il, d’observer les cours sur une longue période pour constater que les retournements de tendance imprévisibles sont, le plus souvent, sans aucune relation avec l’économie réelle (un exemple fameux: la crise boursière de 1987, surgie de nulle part, inexpliquée et inexplicable) . Les accidents inexpliqués sont une constante. La Bourse, dit Mandelbrot, est par définition un « endroit très dangereux », voué au Hasard sauvage.
Il n’empêche que certains y ont fait fortune? « Uniquement parce qu’ils ont eu de la chance », rétorque Mandelbrot. Le marché financier étant très accidenté, les probabilités d’y faire faillite sont statistiquement plus nombreuses que celles d’y faire fortune. Mais si on a la chance de se trouver du bon côté de la route, un accident peut aussi faire votre fortune. C’est ce qui est arrivé à George Soros en 1992 qui a gagné deux milliards de dollars en une journée, en jouant contre la Livre Britannique. Depuis lors, Soros gère sa fortune mais n’est jamais parvenu à répéter ce qui fut un coup de chance. Cette règle selon laquelle on ne fait fortune qu’une fois, Mandelbrot l’a vérifiée empiriquement : « Toutes les grandes fortunes sur les marchés financiers se sont toujours constituées en une seule journée, jamais par des investissements continus ». Dans la longue durée, on ne peut, dit Mandelbrot, qu’accompagner le marché, à la hausse ou à la baisse.
Mandelbrot, après avoir démoli toutes les théories existantes qui prétendent expliquer la volatilité des marchés, propose-t-il une théorie alternative ? Non. « Je dénonce les charlatans, dont les prévisions sont objectivement fausses, mais je n’ai pas, dit Mandelbrot, l’intention de devenir moi-même un charlatan de rechange ». La science, il est vrai, consiste aussi et exige d’abord (c’était la position du philosophe Karl Popper) de débusquer l’erreur : Mandebrot est dans la lignée de Karl Popper. « Ne comptez pas sur mes conseils, dit Mandelbrot, pour gagner de l’argent à la Bourse ; mais en attirant votre attention sur le Hasard sauvage qui détermine les prix, je vous éviterai peut-être de faire faillite ».
Après s’être entretenu avec Mandelbrot, on comprend mieux le désir de réglementation du marché qui s'est emparé des gouvernements et qui ferait passer la volatilité du Hasard malin (Wild) au hasard bénin (Mild) : mais on ne voit pas comment on pourrait y parvenir. Autant décréter qu’il fera beau tous les jours. Si on supprime le marché financier , par ricochet, on anéantit l’économie réelle. La récession présente est une illustration de l’économie réelle coupée du marché financier « sauvage » : sans risque , pas de croissance . Existe -t-il une voie moyenne qui préserverait le hasard sauvage tout en évitant la récession ? Le gouvernement américain aprés avoir été tenté de geler à l'excés la prise de risque , s'aventure sur un chemin nouveau : informer l' investisseur sur les risques qui'l prend mais ne pas l'empécher de prendre ces risques. Telle est la voie de la science et de la reprise économique.
Vous avez rencontré le grand Mandelbrot !
Respect !
Rédigé par : Quimboiseur | 18 mai 2009 à 17:02
Merci pour cette article tres interessant.
Il me semble que les fractales ne sont applicables qu'a un systeme fermé, en regime permanent, et qui s'autoregulerait. Telles le long reflux de l'ocean sur les cote bretonnes pendant des milliers d'années.
L'économie elle est un systeme ouvert, perturée par tout un tas de choses n'ayant rien a voir avec elle : decouverte scientifique entre autres.
Rédigé par : Sakuragikan | 18 mai 2009 à 18:45
Je n'ai jamais rien compris aux mathématiques, mais j'ai bien aimé, en particulier cette phrase:"...les retournements de tendance...sont, le plus souvent, sans relation aucune avec l'économie réelle".
Effectivement, depuis le 9 mars les bourses n'arrêtent pas de monter,environ 40% à Wall Street, quand même (!),alors que les fondamentaux de l'économie mondiale continuent à se détériorer...Oui, la bourse est un endroit imprévisible, et parfois dangereux...
Rédigé par : El Oso | 18 mai 2009 à 19:42
Merci Guy Sorman pour cet article.
Il faut aller jeter un coup d'oeil au site de Philippe Herlin qui parle beaucoup de Mandelbrot.
http://www.philippeherlin.com/
Rédigé par : lucotte | 18 mai 2009 à 19:57
"plus on cernait de près l’évolution des prix du coton, plus il était difficile de les prévoir"
Hmmm... les marchés obéiraient-ils aux mêmes lois que les quanta/ondes de la physique quantique? On ne pourrait à la fois connaître la position et la célérité du cours du coton?
Plus sérieusement, la réglementation des marchés et le rééquilibrage entre économie réelle et finance est parfaitement réalisable et vous vous laissez avoir (délibérément ou pas, je ne sais pas) par le mythe du "les marchés sont trop sophistiqué" ou du "la réglementation tuera l'innovation". Non. La réglementation ne tue pas nécessairement l'innovation. Elle la stimule d'ailleurs, et l'oriente souvent, voir les nouvelles lois qui vont être votées aux US pour obtenir du 42 miles a gallon en 2016. L'industrie automobile va faire un bond technologique.
Une réglementation intelligente et appliquée (ça c'est le plus difficile) n'entraînera pas la fin des fluctuations, ni l'imprédictabilité (sorry à Pivot) des marchés, mais elle devrait aider à prévenir les catastrophes et à freiner quelque peu le banditisme en col blanc (peu d'illusions là dessus), comme cela est fait dans tout un tas d'autres domaines, alimentaire, santé, risques naturels, industrie, etc, etc, etc.
Sortons du mythe.
Rédigé par : ETF | 18 mai 2009 à 22:04
Encore Merci pour cette piqure de rappel qui ressurgit a chaque crise. C'est une thèse que réinterprète aussi ironiquement Nicholas Taleb. Le scepticisme érigé en modus operandi est a la base de la société ouverte telle que la décrit Karl Popper. Je travaille en Chine depuis 15 ans, je ne puis être qu'atterré et en constante veille vis a vis de ces systèmes qui réécrivent le passé, fixent le présent et déterminent un futur expurgé de toute incertitude.
Rédigé par : Paul Sinan | 19 mai 2009 à 04:15
"outes les grandes fortunes sur les marchés financiers se sont toujours constituées en une seule journée"
Hasard, fortune... Finalement, devenir riche en pariant au Loto ou devenir riche en parian en Bourse, cela revient à la même chose : gagner en spéculant sur le hasard...
Rédigé par : Quimboiseur | 19 mai 2009 à 10:59
@quimboiseur
Le hasard de la bourse et le hasard du loto ne sont pas de même nature.
Rédigé par : elbarto | 19 mai 2009 à 16:21
Pour le loto c'est du vrai hasard, pour la bourse c'est la complexité des interactions des hommes motivés par l'avidité du gain...
Ne pas confondre hasard et complexité !
Rédigé par : Quimboiseur | 19 mai 2009 à 18:10
"Le hasard de la bourse et le hasard du loto ne sont pas de même nature."
Pas sûr.
Les tirages du loto résultent d'un processus déterministe.
Si vous me donnez les conditions initiales exactes, les propriétés mécaniques des boules et les instants d'ouverture de la trappe, je vous calcule le résultat à l'avance avec ce type de modèle :
http://www.dem-solutions.com/index.php
Comme vous ne connaitrez jamais EXACTEMENT tous les paramètres et qu'une erreur initiale infime induit des résultats totalement différents (système chaotique), celà n'arrivera jamais.
Comme à la bourse.
Le hasard, çà n'existe pas dans la réalité. C'est une pure invention de mathématiciens. Et les mathématiciens n'ont pas inventé deux sortes de hasard, il n'en on inventé qu'une. Pour les physiciens, le hasard, c'est toujours la complexité.
Rédigé par : Gatien | 19 mai 2009 à 23:19
Ravi d'apprendre que Mandelbrot est toujours de ce monde.
Si le prochain billet est rédigé après un entretien avec Edward Lorenz, je mange mon chapeau.
Rédigé par : Gatien | 19 mai 2009 à 23:26
Mandelbrot écrivait:
“I claim that variations in financial prices can be accounted for by a model derived from my work in fractal geometry. Fractals—or their later elaboration, called multifractals—do not purport to predict the future with certainty.
But they do create a more realistic picture of market risks. Given the recent troubles confronting the large investment pools called hedge funds, it would be foolhardy not to investigate models providing more accurate estimates of risk.
What should a corporate treasurer, currency trader or other market strategist conclude from all this? The discrepancies between the pictures painted by modern portfolio theory and the actual movement of prices are obvious.
Prices do not vary continuously, and they oscillate wildly at all timescales. Volatility—far from a static entity to be ignored or easily compensated for—is at the very heart of what goes on in financial markets. In the past, money managers embraced the continuity and constrained price movements of modern portfolio theory because of the absence of strong alternatives. But a money manager need no longer accept the current financial models at face value.
Instead multifractals can be put to work to “stress-test” a portfolio. In this technique the rules underlying multifractals attempt to create the same patterns of variability as do the unknown rules that govern actual markets. Multifractals describe accurately the relation between the shape of the generator and the patterns of up-and-down swings of prices to be found on charts of real market data.
On a practical level, this finding suggests that a fractal generator can be developed based on historical market data.
The actual model used does not simply inspect what the market did yesterday or last week. It is in fact a more realistic depiction of market fluctuations, called fractional Brownian motion in multifractal trading time. The charts created from the generators produced by this model can simulate alternative scenarios based on previous market activity.”
http://www.scientificamerican.com/article.cfm?id=multifractals-explain-wall-street&offset=3
La meilleure application de son travail aux marchés financiers semble bien être celle des « Stress tests ». Le récent rapport SCAP sur les résultats des tests de robustesse appliqués aux 19 plus grandes institutions financières américaines, nous apprend que l’hypothèse utilisée fut celle d’une perte cumulée de 9.1% du montant des prêts sur deux années, reflétant les conditions de la dépression de 1930.
Manifestement cette hypothèse ne prend en compte qu’un évènement historique fini sans relation avec les travaux de Mandelbrot.
Par ailleurs, si Mandelbrot avait renoncé à prédire avec exactitude les prix sur les marchés financiers, il demeurait persuadé qu’une analyse du risque basée sur la gestion de portefeuille traditionnelle (hasard bénin) associée à un bornage du risque sauvage issu de ses travaux représentait une approximation acceptable (communauté financière réticente à l'appliquer).
Note: la théorie du chaos, appliquée aux marchés financiers, vient peut-être à point nommé pour tenter de disculper une communauté financière bien imprudente voire coupable (Madoffland)
Alain
Rédigé par : Alain Soler | 19 mai 2009 à 23:30
Le hasard, ça n'existe pas dans la réalité? Ah bon? Il me semble pourtant qu'au niveau quantique, le déterminisme s'efface par définition (modèle standard) pour laisser place à la probabilité, sans que l'on puisse jamais déterminer le comportement ou le devenir individuel des particules.
Non seulement le hasard existe, mais le monde matériel dans son entièreté est bâti sur des fondements... hasardeux et imprévisibles.
Comme la bourse, d'ailleurs ;)
Rédigé par : ETF | 19 mai 2009 à 23:34
Pas de prévisibilité !!?
Mais alors... vous, vous voulez dire que le planisme ne serais à peu prés impossible et donc que... que le socialisme serait un mensonge !?
Non, non, ça ne se peut pas. Vous dites n'importe quoi.
pfff !
Rédigé par : Patrick | 20 mai 2009 à 13:23
Merci pour ce rappel historique et theorique. Sans aller jusqu a chercher une relation entre les fluctuations boursieres passees pour deviner les cours futurs, il est interessant de rapprocher les cycles de hausse et de baisse a l etude demographique comme le fait H.Dent. Cela permet de determiner des periodes de croissance et de ralentissement economique, qui finissent par se repercuter dans les cycles boursiers. On parle alors de cycles de 80 ans, et de sous cycles de 40ans.
Rédigé par : aymeric | 20 mai 2009 à 15:02
"Les accidents inexpliqués sont une constante. La Bourse, dit Mandelbrot, est par définition un « endroit très dangereux », voué au Hasard sauvage.
Il n’empêche que certains y ont fait fortune? « Uniquement parce qu’ils ont eu de la chance », rétorque Mandelbrot. Le marché financier étant très accidenté, les probabilités d’y faire faillite sont statistiquement plus nombreuses que celles d’y faire fortune."
Je n'ai sûrement pas tout compris... ? Investir en actions sur du long terme n'est-il pas statistiquement le meilleur placement ? Je veux dire qu'on entend régulièrement les conseils en patrimoine marteler ce fait (tout en admettant que la diversification des placements est également nécessaire : pas tous ses oeufs dans le même panier).
Rédigé par : Doc38 | 20 mai 2009 à 15:41
Bonjour à tous
Je rebondirai sur l'article de Guy à propos de mon propre travail historique sur l'explication du meurtre de Georges Mandel, qui a fait l'objet récemment de deux critiques au vitriol, heureusement compensées, tout dernièrement, par une approbation de marque (je veux dire heureusement pour le débat, quant à moi je n'ai point été ébranlé par des coups bien peu élaborés) :
http://www.nonfiction.fr/article-2397-mandel_un_martyr_republicain.htm
Les objections tournent autour de l'idée que le nazisme serait, notamment en France pendant l'Occupation, un "foutoir" où s'affronteraient d'innombrables ambitions de potentats petits et grands.
La discussion de Sorman avec Mandelbrot vient à point nommé pour clarifier mes idées et m'aider à les exposer. J'en extrais ceci :
"La science, il est vrai, consiste aussi et exige d’abord (c’était la position du philosophe Karl Popper) de débusquer l’erreur : Mandebrot est dans la lignée de Karl Popper. « Ne comptez pas sur mes conseils, dit Mandelbrot, pour gagner de l’argent à la Bourse ; mais en attirant votre attention sur le Hasard sauvage qui détermine les prix, je vous éviterai peut-être de faire faillite »."
Ma prétention est inverse : depuis vingt ans j'ai évité quelques erreurs, à moi-même et à d'autres, en postulant que le chaos apparent de l'univers nazi était, dirait ce mathématicien, "fractal".
Mon approche de la mort de Mandel consiste à dire : attention ! il y a sans doute plus d'ordre (et d'ordres !) là-dedans que vous ne l'imaginez.
Rédigé par : François Delpla | 20 mai 2009 à 16:29
@Doc38
Je n'ai sûrement pas tout compris... ? Investir en actions sur du long terme n'est-il pas statistiquement le meilleur placement ?
"Dans la longue durée, on ne peut, dit Mandelbrot, qu’accompagner le marché, à la hausse ou à la baisse."
Et sur une suffisamment longue période les actions surperforment tous les autres types de placements.
Et c'est pourquoi il est conseillé quand on investit (en bon père de famille) d'avoir dans son portefeuille (en pourcentage) 100 -(son age) en action.
Rédigé par : elbarto | 20 mai 2009 à 18:18
@ETF
"Le hasard, ça n'existe pas dans la réalité? Ah bon?"
Bin non...
"sans que l'on puisse jamais déterminer le comportement ou le devenir individuel des particules."
Ce n'est pas un contre-exemple. Ce n'est pas parceque l'on ne peut jamais connaître une chose que cette chose n'est pas déterminée.
C'est le principe même du chaos : un système purement déterministe qui a une évolution imprédictible (à long terme). Comme le résultat du loto, qui obéit à des lois mécaniques simples, mais ne peut être prédit.
C'est le modèle quantique qui est probabiliste, pas les particules réelles.
@Elbarto
"Et sur une suffisamment longue période les actions surperforment tous les autres types de placements."
Corrigeons :
"Et sur une suffisamment longue période les actions ONT surperformé tous les autres types de placements."
Vont t'elles continuer à surperformer tous les autres types de placements?
Personne ne sait.
Rédigé par : Gatien | 20 mai 2009 à 20:34
@Patrick
"Pas de prévisibilité !!?
Mais alors... vous, vous voulez dire que le planisme ne serais à peu prés impossible et donc que... que le socialisme serait un mensonge !?"
Bof.
Vous connaissez beaucoup de planistes qui prétendent organiser l'économie d'un pays en spéculant à la bourse?
Rédigé par : Gatien | 20 mai 2009 à 20:44
"Ce n'est pas un contre-exemple. Ce n'est pas parceque l'on ne peut jamais connaître une chose que cette chose n'est pas déterminée."
Hé si. Relisez votre physique quantique, vous verrez que l'indéterminisme est au coeur même de la matière (dans le modèle standard ou "interprétation de Copenhague", la seule qui tienne pour le moment, même si personne n'y comprend rien). Il s'agit d'une Loi, qui déplaisait d'ailleurs fort à ce cher Albert Einstein. Et ceci n'a strictement rien à voir avec le chaos, qui obéit au déterminisme, mais qui est incalculable (car trop complexe).
Bref, point de raison sans émotions, et un flou terrible et incontournable dans le quantique, comment voulez-vous, dans ces conditions, éviter le banditisme en col blanc et les Crash boursiers?
Rédigé par : ETF | 20 mai 2009 à 22:09
@ETF
Rien à voir avec le chaos, nous sommes d'accord.
Mais l'interprétation de Copenhague dit exactement ce que je me tue à répéter. Il ne faut pas confondre le modèle mathématique (probabiliste) et la réalité.
"Cette approche repose sur la conviction que la mécanique quantique n'est qu'une description de tout ce que nous pouvons connaître de la réalité, mais ne décrit pas la réalité en elle-même."
http://fr.wikipedia.org/wiki/Probl%C3%A8me_de_la_mesure_quantique
Donc, vous pensez bien que le "coeur de la matière" est hors-sujet avec cette approche.
Je ne suis pas adepte de tous les paradoxes métaphysiques supposés être impliqués par la mécanique quantique.
La plupart de ces paradoxes deviennent ridicules quand on les dépouille de leur formalisme complexe.
Finalement, tous çà se résume à quoi?
J'ai un objet dans une main, mais vous ne savez pas laquelle. Vous estimez qu'il a 50% de chances d'être dans la main droite.
C'est raisonnable.
J'ouvre ma main gauche qui est vide. Vous concluez que la probabilité de la main gauche passe à 1.
Rien de paranormal.
Là, les métaphysiciens débarquent : "En réalité, tant que la main gauche n'est pas ouverte, l'objet est vraiment à 50% dans chaque main, il "est" et "n'est pas" dans chaque main. Quand j'ouvre la main gauche, l'objet qui y est à 50% se dématérialise et se matérialise simultanément dans la droite. Il y a donc une action à distance entre les deux mains. C'est paradoxal."
Il n'y a vraiment que des illuminés pour confondre à ce point réalité physique et représentation mathématique de l'incertain. Et des illuminés, chez les scientifiques, il y en a pas mal.
A Copenhague, ils disent juste : arrêtez le délire! (« Shut up and calculate! »)
Rédigé par : Gatien | 21 mai 2009 à 01:35
Je suis content d'apprendre qu'il y a beaucoup d'illuminés chez les scientifiques. Il en faut. Einstein en fut un à sa manière, car il fallait être un peu barge pour imaginer l'inimaginable.
Par ailleurs, il me semble que la bagarre autour de variables cachées et, au delà, de l'interprétation générale de la physique quantique (causalité dans une réalité voilée, indéterminisme réel), montre que personne n'a, à ce jour, le fin mot de l'histoire. Donc, dire que le "hasard n'existe pas", ou que le déterminisme règne en maître absolu, me semble aujourd’hui plutôt relever de la croyance et/ou de l’intuition. Mais est-ce La Vérité? Is it Ze Truth? Who knows? Peut-être Madoff?
Rédigé par : ETF | 21 mai 2009 à 04:08
A propos, je suis pour que Sa Teutonique Papautée béatifie sans tarder l'ami Madoff: Saint Patron des Arnaqueurs, et que l'on décrète, aux US notamment, un jour férié annuel en son honneur: « Le Madoff Day ».
Journée pendant laquelle il serait de tradition d’aller arnaquer son prochain. Avec, bien entendu, remise de prix pour la plus belle arnaque de l’année. Et produits dérivés: à la télé, “L’arnaque académie », au cinéma, « L’empire contre-arnaque », et chez les marchands de jouets, la poupée Madoff, avec famille, maisons, faux trading floor, et autres accessoires.
Rédigé par : ETF | 21 mai 2009 à 04:26
20 mai 2009 :
La Réserve fédérale américaine annonce avoir révisé à la baisse ses prévisions de produit intérieur brut pour l'économie américaine en 2009 et 2010.
Pour cette année, la banque centrale anticipe désormais une contraction comprise entre - 2,0 % et - 1,3 % (alors que, en janvier, elle avait dit tabler sur une baisse du PIB comprise entre 1,3% et 0,5%).
En 2010, la Fed voit le PIB croître de 2,0 % à 3,0 % alors qu'il y a quatre mois, elle avait dit tabler sur une progression comprise entre 2,5 % et 3,3 %.
Le taux de chômage 2009 est désormais estimé entre 9,2 % et 9,6 % (contre une fourchette de 8,5 % - 8,8 % anticipée en janvier).
http://www.lesechos.fr/info/inter/reuters_00149967-la-fed-abaisse-ses-previsions-de-pib.htm
PIB des Etats-Unis en 2008 : 14 264,6 milliards de dollars.
Déficit public pour l’année 2009 : 1 841 milliards de dollars, soit 12,9 % du PIB.
Dette publique des Etats-Unis au 14 mai 2009 : 11 270 547 397 564 dollars (soit 11 270 milliards, 547 millions, 397 564 dollars), soit 79 % du PIB.
http://www.treasurydirect.gov/NP/BPDLogin?application=np
Pour lire le montant de la dette totale (publique + privée) des Etats-Unis, il faut lire la page 15 :
http://www.federalreserve.gov/releases/z1/Current/z1.pdf
Domestic nonfinancial sectors : 33 517,9 milliards de dollars.
Domestic financial sectors : 17 216,5 milliards de dollars.
Foreign : 1 858,3 milliards de dollars.
Dette totale (publique + privée) des Etats-Unis : 52 592,7 milliards de dollars, soit 368 % du PIB.
Rédigé par : BA | 21 mai 2009 à 09:03
"Donc, dire que le "hasard n'existe pas", ou que le déterminisme règne en maître absolu, me semble aujourd’hui plutôt relever de la croyance et/ou de l’intuition."
Et peut-être un peu de raison aussi. Pour résumer : ceux qui pensent que la mécanique quantique implique le hasard trouvent celà absurde et cherchent à modifier le modèle (Einstein).
Et puis il y a ceux qui pensent que le modèle fonctionne très bien comme çà, qu'il n'implique rien, et que toute discussion sur sa signification "réelle" est non-scientifique (Copenhague).
Personne ou presque ne sort dans la rue en annonçant que le hasard existe. A part les illuminés donc, et ceux qui veulent emballer l'auditoire.
Dire que le hasard existe semble bien plus déraisonnable (même si intellectuellement confortable parfois) que l'inverse, mais je vous accorde qu'il y a dans les deux cas une irréductible part d'intuition.
Rédigé par : Gatien | 21 mai 2009 à 14:44
Les réformes de la réglementation des institutions financières sont en gestation, y-compris une réforme du mode de rémunération de nos amis de la place. Mieux vaut tard que jamais. Le hold up du siècle a déjà eu lieu, mais l'indispensable moralisation du capitalisme financier est enfin en marche. Espérons qu'elle incitera la cream of the crop à choisir d'autres carrières que celle de l'argent facile et la mentalité Las Vegas, que toute cette matière grise et cette énergie créative se tournera vers la vraie innovation productive dont l'économie US a tant besoin...
"Geithner Calls for ‘Very Substantial’ Change in Wall Street Pay"
"He (Geitner) said that Wall Street’s pay practices, which include big year-end bonuses, encouraged excessive risk-taking and helped precipitate the financial crisis. What’s needed is a set of broad standards that financial supervisors can use to make sure that doesn’t happen again, he said."
http://www.bloomberg.com/apps/news?pid=20601087&sid=aCwz3Hlyo9sg&refer=home
Rédigé par : ETF | 22 mai 2009 à 15:33
A noter que le transfert de richesse vers une infime minorité, que je dénonce ici depuis des lustres, a bel et bien eu lieu. Sur ce point, le modèle américain hérité de Reagan a complètement foiré (sauf pour cette infime minorité). Les finances publiques sont au bord de la faillite (pauvre Californie!), le pouvoir d'achat de la middle est resté collé au plancher quand il ne diminuait pas, et tout le monde a vécu une illusion de croissance et d'abondance, à grands coups de re-fi de l'immobilier et de cartes de crédit, pendant que les coûts fixes du healthcare et ceux de l'éducation trouaient le plafond. Le Reaganisme, dévoyé peut-être, a complètement foiré. Now what's next?
Rédigé par : ETF | 22 mai 2009 à 15:46
Vendredi 22 mai 2009 :
Comment la bombe des retraites va exploser dans le New Jersey.
Californie, New York, Illinois, la liste s'allonge chaque jour des Etats américains qui tentent désespérément d'arrêter l'hémorragie de leurs fonds de pension destinés à payer les fonctionnaires.
Déjà mal financés, devant faire face à un afflux démographique prochain, ces institutions qui gèrent des dizaines de milliards de dollars d'actifs ont pris de plein fouet l'effondrement des marchés. Le magazine « Fortune » prend l'exemple de l'Etat du New Jersey, près de New York, l'un des plus riches du pays. Avec la chute des marchés, son capital est passé de 82 milliards de dollars à 56 milliards de dollars, alors qu'il était déjà en déficit de 34 milliards pour faire face à ses obligations.
Son histoire montre avec quel cynisme et impéritie les politiques successifs, depuis 1990, ont sans vergogne pillé dans la caisse du fonds ou réduit leur contribution pour boucler les fins de mois du budget, y compris avec des acrobaties financières dignes des plus aventureux traders de Wall Street. Du coup, l'âge de la retraite est augmenté, les pensions diminuées, les cotisations augmentées. Les syndicats s'enflamment.
Au bout de la route, quand le fonds de pension ne pourra plus rembourser, l'Etat du New Jersey devra assumer sur son propre budget. Mais comme il est déjà celui où les impôts sont les plus élevés, la spirale du surendettement guette. En ultime ressort, Washington pourrait être amené à intervenir pour empêcher la faillite de l'Etat du New Jersey, comme il l'a fait avec les banques. Une nouvelle spirale meurtrière.
http://www.lesechos.fr/info/inter/4866764-comment-la-bombe-des-retraites-va-exploser-dans-le-new-jersey.htm
Rédigé par : BA | 23 mai 2009 à 14:06
http://www.jpost.com/servlet/Satellite?cid=1241773221488&pagename=JPost/JPArticle/ShowFull "Iran will turn to China instead of Russia to acquire an advanced air defense system after relations between Iran and Russia hit rock bottom, the official Iranian news agency PressTV reported.For years Iran has been trying to purchase the S-300 anti-aircraft missile, which is considered to one of the most advanced systems available on the market and would dramatically increase Iran's air defense capabilities against any attacks on its nuclear installations.The S-300 surface-to-air missile system, which can track targets and fire at aircraft 75 miles away, features high jamming immunity making it harder to incapacitate the system electronically, and is able to engage up to 100 targets simultaneously.Teheran will now turn to China for the HongQi-9/FD-2000 system which reportedly combines elements "borrowed" from the Russian S-300 and the American MIM-104 Patriot system, according to the Iranian news agency." Ah l' Iran se tourne vers la Chine en plus de la Russie pour faire leurs emplettes. A quand l' axe Islamo confucianiste qui sauvera le monde de l' impérialisme occidentalo sioniste chrétien.
Rédigé par : Kim Jong Ilien | 24 mai 2009 à 06:34
"A noter que le transfert de richesse vers une infime minorité, que je dénonce ici depuis des lustres, a bel et bien eu lieu. Sur ce point, le modèle américain hérité de Reagan a complètement foiré (sauf pour cette infime minorité)."
La politique des subprimes,n'eszt pas née de la volonté de Reagan,mais bien celle de Clinton.C'est bien la politique reaganienne qui va nous sortir de cette crise,puisque c'est cette dernière qui à dynamiser l'économie américaine.
D.J
Rédigé par : D.J | 25 mai 2009 à 17:12
BA l' endettement des USAs: http://www.lacrisedesannees2010.com/ "Logiquement l'excédent commercial chinois devrait se trouver éliminé par une hausse de la devise chinoise. En effet cet excédent a pour contre partie une entrée massive de dollars et donc une émission de monnaie interne susceptible d'engendrer une hausse de prix affaissant la compétitivité chinoise. Nous avons la thèse de l'équilibre automatique de la balance des paiements. Le mécanisme est simple : puisqu'une partie importante de la production chinoise se trouve hors des frontières et que le volume monétaire correspondant se trouve sur le territoire chinois, alors la base monétaire excède le stock de marchandises disponibles et donc leur expression monétaire doit s'élever. La réalité contredit le raisonnement car la base monétaire va être gelée et les dollars chinois se convertiront en volumes croissants de bons du trésor venant financer un déficit public américain lui-même très fortement croissant. C'est comme cela qu'on a pu dire que les chinois finançaient l'intervention américaine en Irak.
Mais en contre partie l'excédent commercial croissant signifie que les marchandises chinoises aux USA (éventuellement fabriquées à partir d'entreprises américaines implantées en Chine) concurrencent avec une efficacité croissante l'appareil productif installé sur le territoire américain. La concurrence peut ainsi accélérer le rythme des délocalisations contre lequel, ou vis-à-vis duquel une politique de déflation salariale peut être mené. En termes simples la concurrence chinoise empêche une hausse du coût du travail américain. Les gains de productivité américains ne peuvent être facilement redistribués aux salariés et sont plus volontiers redistribués sous forme de baisse de prix à effet de contenir la concurrence asiatique. Cette stagnation bien connue du pouvoir d'achat aux USA- et aussi dans nombre de pays européens pour des raison semblables- fût compensée par le développement fantastique du crédit et ce qui ne pouvait pas être acheté avec du revenu a pu l'être sur la base d'un endettement continuellement croissant. Nous retrouvons l'idée de politique monétaire laxiste , l'intervention fédérale pour développer les subprimes, les faire disparaître des bilans pour maintenir le levier et continuer l'endettement...etc. Il existe donc un lien entre mercantilisme agressif chinois, déflation salariale et finance qui sort de sa boîte. Bien sûr le tout aboutit à des niveaux gigantesques d'endettement puisqu'à l'endettement privé il faut ajouter l'endettement public directement financé par l'achat de bons du trésor. Pour ne prendre que la seule économie américaine le total de cet endettement représentait au moment du déclenchement de la crise 450% du PIB US, ce qui est un record historique."
Rédigé par : Kim Jong Ilien | 26 mai 2009 à 07:21
Gros titre du site du Monde, ce matin:
"EDF va lancer un emprunt de 1 milliard d'euros pour se désendetter"
http://www.lemonde.fr/economie/article/2009/05/26/edf-un-emprunt-d-un-milliard-d-euros-aupres-des-particuliers_1198437_3234.html
"Emprunter pour se désendetter"... La devise ubuesque de ce début de siècle...
Rédigé par : ETF | 27 mai 2009 à 08:54
@ ETF,
Peut-être que les dirigeants d'EDF,préfèrent en empruntant,d'avoir un créancier plutôt que plusieurs éparpillés.
Mais vu à quoi se heurtent les patrons qui restructures leurs entreprises (séquestration de leurs personnes par les grêvistes)on peu imaginer qu'ils optent par peur,pour la solution "tour de passe-passe.
D.J
Rédigé par : D.J | 27 mai 2009 à 19:40
Le Trésor américain prépare la nationalisation de General Motors à travers sa mise en faillite.
Faute d'accord avec les créanciers obligataires, General Motors s'achemine vers l'une des plus lourdes faillites de l'histoire des Etats-Unis.
A l'issue de sa restructuration, le Trésor américain détiendra 70 % de son capital, aux côtés du syndicat UAW (United Auto Workers), à 17,5 %.
http://www.lesechos.fr/info/auto/4869086-le-tresor-americain-prepare-la-nationalisation-de-general-motors-a-travers-sa-mise-en-faillite.htm
Rédigé par : BA | 28 mai 2009 à 09:28
Bill Bonner, co-fondateur de La Chronique Agora, à Londres, écrit le samedi 30 mai 2009 :
*** L'ARNAQUE EN PYRAMIDE DU GOUVERNEMENT US
** "Les prix de l'immobilier ont chuté plus que prévu", rapporte Bloomberg. Ils baissent encore au taux de 19 %. Le chômage grimpe.
* La Californie fait faillite. Idem pour le plus grand industriel des Etats-Unis, General Motors. Les profits dégringolent. Et le gouvernement américain se bat pour mettre en place une forme de socio-capitalisme d'Etat ressemblant fort à l'Italie de Mussolini... ou à l'Argentine de Peron.
* Voilà qui ne fait guère penser, selon nous, aux conditions idéales pour un marché haussier.
* Avons-nous dit "penser" ? Il n'y a pas grand monde qui pense en ce moment. Les gens ne pensent pas souvent... pas s'ils peuvent l'éviter. Et ça vaut probablement mieux. Qui sait quelles opinions ils pourraient inventer s'ils s'y mettaient tous ?
* Au lieu de penser, ils réagissent. Et après une longue chute des prix, ils rebondissent. Nous vivons actuellement un rebond prolongé... qui pourrait durer une partie de l'été... et remettre le Dow à 10 000 points.
* En d'autres termes, il n'y a rien d'inhabituel dans ce genre d'activité boursière. Au contraire... c'est classique.
** Les investisseurs réagissent aussi sur le marché obligataire. Ils achètent des bons du Trésor en réaction aux faillites, aux défauts de paiement, et aux baisses des prix des actifs. Les investisseurs sentent qu'ils peuvent mettre leur argent dans des bons du Trésor américain sans s'inquiéter.
* Mais peut-être devraient-ils réfléchir une minute ou deux à ce qui se passe vraiment. Prêter de l'argent au gouvernement américain n'est pas sûr. Loin de là. En fait, dans les circonstances actuelles, prêter de l'argent aux autorités américaines, c'est s'attirer des ennuis. Récemment, on pouvait mettre son argent dans des T-Bills et obtenir zéro rendement. "Une chose extraordinaire"... a déclaré Warren Buffett -- si extraordinaire qu'il "n'était pas certain de la revoir de son vivant".
* Le marché des bons du Trésor américain est dans une bulle. Et comme toutes les bulles, il éclatera.
* Si l'on s'en tient aux chiffres, le gouvernement américain représente le pire risque de crédit au monde. On détermine la solvabilité d'une personne en observant son bilan. Additionnez ses actifs et soustrayez-en ses dettes. Faites de même pour le gouvernement fédéral américain, et vous obtiendrez un très gros chiffre précédé du signe moins. Même s'ils vendaient le Capitole et toutes les terres fédérales à l'ouest du Mississippi, les dirigeants américains auraient encore dans leurs finances un trou plus profond que tout autre au monde.
* Et si le bilan semble épouvantable, la trésorerie est pire encore. Cette année, les autorités engrangeront environ 1 900 milliards de dollars de taxes et en dépenseront 3 600 milliards. En d'autres termes, le gouvernement américain ne fait pas que vivre au-dessus de ses moyens... il n'est même plus sur la même planète. Quelle personne douée de bon sens prêterait à un panier percé dont les dépenses dépasseraient les revenus de près de 100 % ?
* Le revenu est la seule manière de rembourser raisonnablement un prêt. Les revenus doivent être supérieurs aux dépenses, sans quoi il n'y aura jamais d'argent pour le remboursement. Lorsqu'il prête à une entreprise ou un individu, le prêteur s'attend à ce que l'emprunteur gagne assez pour le rembourser. Sans quoi, c'est un jeu idiot. Le débiteur ne tarde pas à signer des chèques en bois tout en s'enfonçant dans le trou. Il emprunte à un prêteur pour rembourser un autre... Dans les faits, il se retrouve à la tête d'une arnaque en pyramide -- dépendant de nouveaux gogos qui lui donnent de l'argent frais -- jusqu'à ce que tout s'écroule.
* Le gouvernement fédéral américain ne fait même pas semblant qu'il gagnera assez pour rembourser sa dette. Il part du principe qu'il existe une masse infinie d'argent qu'il peut emprunter... et que de nouveaux gogos naissent toutes les minutes prêts à lui donner de l'argent. Sauf que c'est précisément là que craquent toutes les arnaques en pyramide. Celle du gouvernement américain ne fera pas exception -- dès l'instant où elle se trouvera à court de nouvel argent.
* M. Obama affirme qu'il prévoit de diviser le déficit budgétaire par deux d'ici la fin de son mandat. Voyons voir... c'est dans quatre ans. S'il tient parole, cela signifie des déficits atteignant en moyenne 1 500 milliards de dollars par an... ou environ 6 000 milliards de dollars au total. D'où viendra cet argent ? Quel pigeon a ce genre de somme en réserve ?
* Les épargnants américains s'y mettent. Ils épargnent actuellement environ 4 % du PIB, une part qui pourrait monter à 5 %. Ils mettent en général moins d'un pour cent de leur richesse dans des bons du Trésor, mais imaginons qu'ils en utilisent jusqu'au dernier sou pour en acheter. Sur le mandat d'Obama, cela pourrait représenter jusqu'à 2 400 milliards de dollars. L'autre grand acheteur, c'est la Chine. Si les Chinois pouvaient continuer, d'une manière ou d'une autre, à acheter au même rythme que ces six derniers mois, cela viendrait ajouter 2 800 milliards de dollars au pot. Donc même si ces deux fins hollywoodiennes devenaient réalité, le film n'en serait pas moins un film d'horreur. Il resterait toujours 800 milliards de dollars de bons du Trésor invendus.
* Il est plus probable de voir les Américains multiplier par 10 leurs achats de bons du Trésor... plutôt que par 100. Et plus probable aussi que les Chinois en achètent pour environ 1 000 milliards de dollars supplémentaires. Mais bientôt... et pas si tard... les acheteurs commenceront à se rendre compte qu'ils ne sont pas assez nombreux pour que la pyramide puisse être maintenue. Les plus intelligents se dirigeront vers la sortie avec un peu d'avance... les plus lents et les moins malins se feront piétiner dans la bousculade qui s'ensuivra.
Rédigé par : BA | 30 mai 2009 à 15:28
Tout ceci va mal finir. Les déficits budgétaires peuvent être en partie résorbés par des hausses d’impôts. Sauf que personne ne veut en entendre parler. Mais ça va venir, d'une manière ou d'une autre (on reparle ces temps ci d'une TVA fédérale). Plus inquiétant encore, les déficits commerciaux gravissimes et qui durent depuis 30 ans.
Je ne comprends pas du tout l'euphorie des marchés. Je vois mal comment la consommation des ménages US, qui était totalement dopée par le crédit facile, notamment le crédit hypothécaire, peut redémarrer comme si de rien était. Ces millions d'andouilles qui s'achetaient des voitures neuves (le pire investissement au monde) en hypothéquant leur maison (leur seul vrai "bien") sont rétamés, quand ils n'ont pas perdu leur job.
Comme eut dit l'ami Vian, "y'a queq’chose qui cloche là d'dans".
Is it the Obama bubble?
Rédigé par : ETF | 30 mai 2009 à 23:10
De plus en plus d’Américains se retrouvent au chômage. Le taux de chômage 2009 est désormais estimé entre 9,2 % et 9,6 % par la Reserve Fédérale.
Trois conséquences désastreuses pour les banques :
1- De plus en plus d’Américains ne peuvent plus rembourser leurs emprunts immobiliers pour leur logement : regardez la courbe bleue sur le graphique. Les défauts de paiements explosent.
2- De plus en plus d’Américains ne peuvent plus rembourser leurs emprunts pour l’immobilier commercial : regardez la courbe rouge sur le graphique. Les défauts de paiements explosent.
3- De plus en plus d’Américains ne peuvent plus rembourser leurs crédits à la consommation : regardez la courbe verte sur le graphique. Les défauts de paiements explosent.
http://3.bp.blogspot.com/_pMscxxELHEg/ShHOSI9n-nI/AAAAAAAAFSU/vv1co4fr2qI/s1600-h/FedDelinquencyQ1.jpg
En clair : les banques américaines vont subir une deuxième crise financière.
La deuxième vague arrive, et cette deuxième vague sera encore plus violente que la première.
Tsunami ! Tsunami !
Rédigé par : BA | 31 mai 2009 à 09:54
Une info pour Guy Sorman.
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/2200ff1c-5212-11de-a9b2-e3248f76716f/LEtat_est_responsable_de_la_crise
D.J
Rédigé par : D.J | 06 juin 2009 à 13:55
11 novembre 2009 — Le 9 novembre 2009, BBC.News a publié les résultats d’un sondage global, réalisé par Globescan dans 27 pays. Le même sondage est présenté sur le site de Globescan, avec texte de commentaire du 8 novembre 2009. Il s’agissait de célébrer, ou de marquer c’est selon, les vingt ans de la chute du Mur de Berlin et, par conséquent, à cette époque dans tous les cas, dans l’enchaînement mécanique de notre raison apprivoisée pour aller dans le bon sens, la victoire du capitalisme.
• Deux sortes de questions ont été posées. La première concerne la chute de l’URSS (un bien ou un mal?), d’assez peu d’intérêt en raison des manipulations réalisés depuis vingt ans autour de l’interprétation de cet événement, et qui continuent activement. Dans nombre de cas, dans ce cas, nous sommes encore dans la période infantile de la dichotomie de la propagande Guerre froide. La seconde concerne la valeur, la vigueur, la santé du capitalisme aujourd’hui, plus intéressante parce que chacun peut en juger, quotidiennement, par expérience directe. (Le graphique est accessible sur un lien différencié.) Trois questions sont posées, en gros: le capitalisme est-il mort? Le capitalisme est-il malade mais réparable? Le capitalisme est-il en bonne santé?
• 29.033 personnes interrogées dans 27 pays de par le vaste monde, du 19 juin au 13 octobre 2009. Les résultats détaillés qui sont présentés comprennent essentiellement 12 pays, qui sont les suivants dans un ordre indicatif décroissant, selon le schéma présenté, dont on verra la signification plus loin: France, Mexique, Brésil, Ukraine, Espagne, Russie, Pologne, Canada, Pakistan, UK, USA, Allemagne.
• Aucun des pays présentés ne considère en majorité que le capitalisme est en bonne santé. Les plus optimistes: 25% aux USA (tout de même bien peu pour les USA), 21% au Pakistan (mystérieux Pakistan). Résultats généraux : 23% (mort), 51% (malade mais réparable), 11% (bonne santé).
• Ces résultats donnent une image très remarquable et spécifique de la crise actuelle, qui font de cette crise un événement qui n’a aucun précédent. Dans ce cadre, la France, championne absolue de l’hostilité au capitalisme dans le sondage, est un cas à part qui éclaire parfaitement la singularité exceptionnelle de la crise – après tout, exception pour exception. (Ainsi, l’“exception française” ne l’est que dans ceci qu’elle est en avance, à la tête du caractère exceptionnel de la situation.) Ces résultats méritent des appréciations dans deux domaines: celui de la crise elle-même, considérée d’une façon générale, celui du cas de la France considéré d’une façon spécifique. C’est dans cet ordre que nous poursuivons notre commentaire.
Rédigé par : Pavel Vasilevski | 02 mai 2010 à 22:24