Dès l’arrivée à l’aéroport du Caire, on comprend que l’Egypte n'est pas un état de droit. Le voyageur désorienté fera la queue pour montrer son passeport à la douane ; après une longue attente, il constatera qu’il a attendu pour rien, le douanier l’enverra vers un autre guichet à l’extrémité de l’aéroport, pour acheter un visa d’entrée. Le prix officiel est de 15 $ : si vous donnez un billet de 20, n’espérez pas de monnaie. Demandez un reçu, vous n’en aurez pas. Vous retournerez ensuite faire la queue, où seuls les étrangers attendent en rang : la plupart des Egyptiens doublent, réclament et obtiennent un traitement de faveur. Les Egyptiens les plus importants font ouvrir la file d’attente par un assistant qui transgresse des règles inexistantes. Bienvenue dans un monde chaotique, plus chaotique encore depuis la révolution du 25 janvier 2011 : la police honnie a déserté les rues. À partir de cette simple expérience, n’importe quel observateur comprendra pourquoi il est difficile d'entreprendre dans le monde arabe : l’individu passe avant la loi. Une personnalisation de la loi qui va à l’encontre des principes de toute société libérale.
Cette anecdote de l’aéroport nous renvoie au début du XIXè siècle. En 1829, le Pasha d’Egypte, Mohamed Ali, avait envoyé en France une mission de reconnaissance : un groupe de jeunes princes appartenant à la classe dirigeante fut chargé d’étudier comment Bonaparte avait si facilement envahi et écrasé l’Egypte, quelques années plus tôt. Cette invasion, en 1799, avait révélé à un monde arabe abasourdi son retard scientifique, économique et militaire. Ces princes égyptiens furent plus intéressés par la vie nocturne parisienne que par les sciences. Mais ils étaient chaperonnés par un jeune imam fort subtil, Rifaa Al Tahtawi. Rifaa avait à peu près le même âge qu’Alexis de Tocqueville à la même époque. Tous deux avaient choisi de voyager vers l'Ouest pour explorer l’avenir : la démocratie pour Tocqueville, la science pour Rifaa. Tous deux rapporteraient leurs découvertes et deviendraient d’influents hommes d'Etat.
Au début de son livre, L’or de Paris, Rifaa décrit comment, à son arrivée à Marseille, il entre dans un café : le café, passion partagée des deux côtés de la Méditerranée. Mais un café de Marseille, écrit Rifaa, a peu à voir avec un café du Caire. « Combien je fus surpris », écrit Rifaa, « qu’à Marseille un serveur vienne prendre ma commande sans que je le sollicite. ». Rifaa se voit rapidement servir un café fort convenable. On lui apporte l’addition, le prix est bien celui qui est affiché à la porte du café. « Pas de marchandage », dit Rifaa. Le caissier lui rend la monnaie exacte. « Je rêve du jour », conclut Rifaa, « où les cafés du Caire suivront les mêmes règles prévisibles que les cafés de Marseille ». Dès ce premier pas sur le sol français, il avait compris pourquoi l’Egypte n’était pas un pays moderne. Deux siècles plus tard, les seuls cafés égyptiens qui respectent des règles fiables sont Starbucks et MacDonald’s.
L’Egypte étant une nation arabe et musulmane, devrait-on accuser la civilisation arabe ou la religion musulmane d’être à l’origine d’une économie toujours dysfonctionnelle ? Rifaa avait son explication : fervent musulman, il considérait que l’Islam incarnait la Justice et la France la Science. Les Egyptiens devaient donc associer Science française et Justice musulmane pour se libérer de la pauvreté et devenir aussi modernes que les Occidentaux : cette ambition de Rifaa allait guider sa vie. De retour en Egypte après sept ans en France, il devint le conseiller du Pasha, l’équivalent d'un Premier ministre, pendant vingt ans. Afin de réconcilier Islam et Science, il fit traduire en arabe la plupart des ouvrages scientifiques français. Il fonda les premiers journaux arabes et, plus remarquable, ouvrit des écoles pour les interprètes et les jeunes filles. L’éducation des femmes, selon Rifaa, était la clé d’une société à la fois moderne et pieuse : les jeunes filles éduquées pourraient travailler et lire le Coran. Rifaa était contre le voile, « non prescrit par le Coran », et tout au long de sa carrière il dut affronter l’hostilité des musulmans conservateurs. Les controverses, qui aujourd’hui encore divisent les musulmans, modérés contre fondamentalistes, existaient déjà. Ces réformes de Rifaa ont inauguré l’ère de la modernisation en Egypte et dans tout le Moyen-Orient. À la fin du XIXè siècle, Le Caire, Damas ou Istanbul commençaient à ressembler aux villes européennes, avec l’électricité, des équipements sanitaires, des universités, des journaux indépendants. Pourquoi cette « Renaissance arabe » ne permit-elle pas aux pays musulmans de rattraper leur retard sur l’Europe occidentale, comme ce fut, par exemple, le cas du Japon ?
Parmi toutes les hypothèses – religieuses, culturelles, coloniales, politiques – on soulignera la faiblesse des institutions publiques. Le Pasha d’Egypte, comme les sultans ottomans d’Istanbul, étaient disposés à importer les sciences, l’industrie, l’équipement militaire, mais pas à accepter un état de droit. Rifaa échoua à convaincre le Pasha d’adopter une Constitution sur le modèle français, qui aurait limité son pouvoir absolu. Le Pasha sur l’état de droit s’opposa à Rifaa et c’est probablement pour cela que le chaos règne toujours à l’aéroport du Caire. Cela explique aussi pourquoi les leaders de la Révolution de 2011 exigent une vraie Constitution.
Pourquoi fallut-il que Rifaa aille chercher les sciences, le progrès et la modernité dans la France de 1829 ? Pourquoi le monde musulman avait-il tant de retard sur l’Europe chrétienne ? Après tout, cela n’était pas le cas jusqu’au XIIè siècle : la civilisation musulmane semblait alors plus éclairée que la civilisation occidentale. L’économiste Angus Maddison a montré que jusqu’au XIIè siècle, le revenu par individu dans le Moyen Orient musulman était largement supérieur au revenu européen. Que s’est-il passé pour que la hiérarchie économique entre les deux mondes s’inverse ? Les économistes contemporains peinent à trouver les origines de ce que l‘historien turc Timur Kuran appelle la « Longue Divergence ». D’un point de vue religieux, les Musulmans semblaient bénéficier d'un avantage économique : l’Islam est la seule religion fondée par un marchand, et Mohamed était marié à une femme d'affaires. Les Arabes étaient commerçants par tradition : le Coran ne tarit pas d’éloges envers les marchands prospères et l’accumulation des richesses. La seule obligation sacrée pour ces entrepreneurs est de payer une taxe de 2,5% sur le revenu, le Zakat, à la communauté, pour contribuer à la solidarité collective. Selon le Coran, la propriété privée est aussi sacrée que les richesses accumulées. Un tel éloge de l’esprit d'entreprise est en contradiction totale avec le mépris évangélique pour la richesse : pensez à Jésus chassant les marchands du Temple. Les Musulmans semblaient bénéficier d’un avantage décisif, probablement vrai jusqu’au tournant du XIIè siècle, date de la naissance du capitalisme en Italie.
Avner Greif, économiste à Stanford, a décrit, en s’appuyant sur les archives médiévales de Gênes et du Caire, la façon dont cette invention du capitalisme a inversé les relations économiques entre le Proche-Orient et l’Europe Occidentale. Au début du XIIè siècle, le commerce maritime en Méditerranée était dominé par deux groupes, les familles de Gênes et les Maghrébins basés au Caire, en fait des juifs originaires de Bagdad. Ces Maghrébins respectaient les traditions et les lois arabes : ils étaient de religion juive et de culture arabe, comme les ashkénazes d'Europe Centrale qui appartenaient à la religion juive et la culture allemande. Greif a montré comment au cours du XIIè siècle les Génois ont progressivement dépassé les Maghrébins, grâce à la création de nouvelles institutions juridiques, comme les banques, les lettres de change, les sociétés anonymes. À Gênes, le commerce s’est développé entre individus, non entre communautés. Chacun s’engageait par un contrat signé et empruntait non pas sur la foi de ses origines mais en présentant de solides garanties. Les grandes entreprises de Gênes n’étaient pas familiales mais corporatives : ces sociétés anonymes prenaient tous les risques. Les réseaux maghrébins, eux, restaient ancrés dans la solidarité familiale et communautaire. De tels liens étaient par nature fragmentaires : s’ils étaient défaits, il n’y avait aucun moyen légal de les renouer. Les marchands génois devinrent alors capables d’accumuler davantage de capital pour constituer des entreprises plus risquées et plus rentables ; les Maghrébins furent évincés du marché.
Pourquoi les Maghrébins n’ont-ils pas adopté les institutions génoises ? Selon Greif, ces institutions génoises, capitalistes et modernes, contredisaient les valeurs arabes. Dans la société chrétienne et européenne de Gênes, ancrée dans un passé gréco-romain, les individus étaient liés non par le sang mais par des contrats valides, à commencer par le contrat de mariage. C’était l’opposé en Orient, particulièrement dans le monde arabe. Chez les Maghrébins, l’individu n’existait pas en-dehors de la communauté. On ne concluait rien en-dehors de la famille. Les femmes maghrébines n’avaient aucun droit, elles appartenaient à leur mari et leur famille. Le statut des femmes, observe Greif, suffit à distinguer le monde occidental individualiste de l’Orient communautaire. La culture peut ainsi être interprétée comme étant le facteur déterminant de l’Etat de droit en Occident. Les institutions occidentales, du crédit à la démocratie, sont des substituts établis à la place de la famille communautaire ou tribale, le lien rationnel entre les individus remplaçant les liens du sang.
Dans la théorie de Greif, la culture ou les normes sociales l'emportent clairement sur la religion en soi. Les Génois étaient autant des héritiers de la culture gréco-romaine que des Chrétiens. Ils n’ont pas attendu de devenir protestants pour découvrir l’éthique du capitalisme : la célèbre théorie de Max Weber, publiée en Allemagne en 1900, qui établit un lien entre les origines du capitalisme et l’éthique protestante, est donc fausse. Le même Max Weber écrira plus tard que les Chinois ne deviendraient jamais des entrepreneurs car ils étaient confucianistes. La culture communautaire juive maghrébine étant partagée avec la culture arabe musulmane, on peut en conclure que la foi ne fait pas la différence économique : la culture semble avoir plus d’impact que la religion.
Greif apporte ainsi un début de réponse à la Longue Divergence entre les Arabes et l’Occident. Cette hypothèse culturelle n’est cependant pas suffisante. Pourquoi les Maghrébins puis les Arabes musulmans n’adoptèrent-ils pas les nouvelles institutions capitalistes, dès l'instant qu'elles s'avéraient plus efficaces ? Timur Kuran estime avoir trouvé, non dans le Coran (dicté par Dieu à Mahomet), mais dans la Sharia, la loi musulmane écrite par des légistes, une explication alternative à la Longue Divergence.
Les Arabes du Moyen-Orient, remarque Timur Kuran, citent souvent la colonisation européenne comme raison de leur pauvreté. Les colons européens, en effet, ont freiné le développement arabe. Un exemple significatif est l’industrie textile égyptienne au XIXè, que les britanniques ont détruite en imposant des droits de douane protectionnistes. Mais auparavant, pourquoi les Arabes furent-ils colonisés ? La colonisation, dit Kuran, fut la conséquence et non la cause de la faiblesse de l’économie arabe. La véritable origine de la colonisation commence avec la Longue Divergence et Timur Kuran devine l’origine de cette Divergence dans la Sharia.
À l’origine, cette loi islamique était loin d’être hostile au progrès. L’Islam étant favorable aux affaires et à la justice sociale, la Sharia a tenté de lier les deux à travers des règles de droit souples et en facilitant la création d’œuvres de charité, qui existent toujours, les Waqf. Avant l’émergence du capitalisme occidental, beaucoup d’institutions islamiques se révélèrent efficaces, comme le bazar pour faciliter l’échange, l’arbitrage par des experts islamiques, des services sociaux financés par le Zakat, ou les Capitulations, qui permettaient aux Ottomans de choisir le système légal - islamique ou non - sous lequel leurs affaires personnelles et économiques seraient gérées. La Sharia est devenue contre-productive, non pas parce qu’elle était anti-libérale, ce n’était pas le cas, mais seulement après que le modèle occidental se soit révélé plus efficace. C’est donc par contraste et a posteriori, en raison des transformations progressives ailleurs, que la Sharia, d'un atout, est devenue un handicap. Le plus révélateur de ces handicaps, selon Timur Kuran, fut le partenariat islamique, par contraste avec les sociétés anonymes occidentales. Selon la Sharia, le partenariat islamique n’est pas une entité légale. Il disparaît avec la mort de l’un des partenaires. Ce partenariat éphémère, qui s’était montré productif au Xè siècle, cessa de l'être au XIIè : la taille du marché avait évolué, de nouveaux concurrents mieux armés étaient apparus. Une autre loi islamique, pleine de bonnes intentions au départ, est devenue contreproductive : les lois sur l’héritage. Comme le Coran autorise la polygamie, la Sharia exige qu'après la mort du mari, sa fortune soit équitablement divisée entre ses veuves et ses enfants. Cette mesure est juste, mais elle divise le capital. La justice sociale fondée sur la Sharia défavorise donc l’accumulation du capital, qui fut au contraire la règle en Europe occidentale. Dans la loi romaine qui domina l’Europe jusqu’au XIXè, le fils aîné héritait de la fortune de son père. De même, le Waqf, si célébré à l'origine, s’est révélé contreproductif. Selon la Sharia, tout argent donné à une œuvre de charité est détaxé : une bonne intention détournée par d’astucieux marchands musulmans qui créèrent des œuvres de charité pour échapper aux impôts. Cette fraude fiscale justifiée par la Sharia a empêché les institutions publiques de prospérer comme en Occident. L’état de droit a besoin d’un État minimum que les royaumes arabes et l’Empire ottoman ne furent jamais capables de construire, par manque d’une base fiscale stable. De plus, l'objet social du Waqf est valide éternellement, ce qui interdit toute adaptation à une société en mouvement, rendant souvent ces œuvres de charité inutiles.
La littérature économique fait grand cas de la prohibition par la Sharia des intérêts sur les prêts : c’est la contradiction entre Islam et capitalisme la plus souvent citée. En réalité, elle n’est pas significative. Les légistes de la Sharia, depuis le XIIè siècle, ont autorisé des « honoraires » sur les prêts, qui contournent l’interdiction des intérêts. C’est toujours le cas : les banques islamiques suivent les mêmes règles que les banques non islamiques, seulement sous une appellation différente.
Une autre preuve persuasive de l’importance des institutions comme origine de la Longue Divergence est la comparaison du destin économique de différentes communautés du Proche-Orient. La ville d’Alexandrie semble être le meilleur exemple, car ses habitants, appartenant à un vaste échantillon de cultures et de religions, étaient autorisés à choisir le système légal selon lequel ils pouvaient entreprendre. Ceux qui adoptèrent les lois occidentales du capitalisme, dont certains marchands arabes, virent leurs richesses rapidement augmenter, par contraste avec ceux qui demeuraient contraints par la Sharia.
Kuran éclaire sans aucun doute les origines historiques de la Longue Divergence. Mais, depuis la fin du XIXè, tous les entrepreneurs musulmans ont adopté les institutions du système capitaliste occidental. Comme le disent les légistes musulmans, le capitalisme occidental est « compatible avec la Sharia ». Malgré cette reconversion, les Musulmans restent globalement plus pauvres que les Occidentaux. Existe-t-il une raison cachée à ce que les Musulmans, et parmi eux les Arabes en particulier, ne rattrapent pas le reste du monde ? Nous attendons toujours qu’un Tigre économique arabe, comparable aux Tigres asiatiques, rugisse. Peut-être une raison proprement islamique expliquerait cette torpeur du monde musulman : la loi d’apostasie. Selon la Sharia, un Musulman qui rompt avec l’Islam devient un apostat qui peut être puni de mort. Mais qu’est-ce que l’apostasie ? Les érudits autoproclamés, tout autant que les imams désignés par le gouvernement, sont totalement libres d’interpréter la Sharia : il n’y a pas d’autorité centrale théologique dans l’Islam Sunni. On ne trouve d’autorité théologique que dans le régime Shia théocratique d’Iran. N’importe quel imam Sunni peut donc prêcher une lecture extensive de l’apostasie. Cette règle pourrait dissuader, (hypothèse émise par Kuran), de nombreux Musulmans d’innover. Le risque d’apostasie peut être considéré comme un obstacle à l’entreprise. Ceci n’est pas facile à prouver, mais les sociétés musulmanes sont peut-être plus hantées par le risque de l’innovation que par la tentation d’innover.
Voici pour les origines, mais en notre temps, les causes politiques et idéologiques ont pris le relais de ces hypothèses culturelles et religieuses. Le Coran et la Sharia ne suffisent plus à expliquer pourquoi les nations musulmanes peinent à rattraper leur retard. Il faut désormais se tourner vers l’histoire moderne. Dans presque tous les pays arabes, le gouvernement, pas l’Islam, se révèle être le pire ennemi du capitalisme. Aucun pays arabe n’a de gouvernement démocratique. Très peu de pays musulmans non arabes sont des démocraties. Il se trouve par contraste que la Malaisie et l’Indonésie, loin du monde arabe, et fortement influencées par les valeurs asiatiques, sont les plus proches de l’état de droit et les plus proches de rattraper le capitalisme mondial. C’est aussi le cas d’un autre pays musulman mais non arabe, la Turquie, qui devient démocratique et développée. Les gouvernements forts, habituellement despotiques, qui dominent les Arabes, n'ont trouvé ni leur origine ni leur légitimé dans l’Islam : tous découlent des guerres de décolonisation des années 60. Tous ont emprunté leur rhétorique nationaliste à l'Occident. Nombre d’entre eux ont emprunté leur modèle économique socialiste ou étatique à l'Occident et pas à la tradition islamique. Tous ces pays musulmans furent colonisés par des Européens : les Français, les Britanniques, les Hollandais, les Russes. Cette colonisation a généré des sentiments anti-occidentaux et anti-capitalistes qui n’ont pas totalement disparu.
La décolonisation n’alla pas non plus sans heurts. Elle engendra de violents affrontements, voire des guerres. Cette histoire récente a conduit les militaires qui se battaient pour l’indépendance, presque partout au pouvoir. Dans les pays où l’armée ne détient pas légalement le pouvoir, elle n'est pas loin derrière des gouvernements fantoches, qu’il s’agisse d’une monarchie comme le Maroc ou d’une République comme l’Egypte ou l’Algérie. Ces gouvernements « nationalistes » ne sont pas disposés à laisser les entrepreneurs en liberté ni à établir un état de droit qui limiterait leur pouvoir. De plus, l’indépendance arabe fut conquise à une époque où l’Union Soviétique était influente et où le socialisme apparaissait comme le chemin le plus rapide vers la prospérité. Les gouvernements arabes furent donc tentés, au nom du progrès, de confisquer la propriété privée, d’éradiquer la bourgeoisie entreprenante, des créer des monopoles d’Etat. La tentation fut d’autant plus grande quand les ressources naturelles pouvaient être nationalisées : pétrole, gaz, phosphate, cuivre. Au nom de l’indépendance nationale et de la rationalisation économique, toute la richesse put ainsi être concentrée entre les mains de l’armée et de la bureaucratie dirigeante. La modeste culture capitaliste arabe qui avait éclos au Proche-Orient, même pendant la colonisation, fut écrasée à partir des années 1960.
Après la chute de l’Union Soviétique et après que le socialisme se soit révélé moins efficace que le libéralisme, les gouvernements arabes commencèrent à redynamiser le marché, sans pour autant totalement abandonner leur autorité tyrannique. Cette tentative de trouver un compromis a donné naissance à ce que les économistes décrivent comme le « capitalisme des copains ». Aujourd’hui, cette forme de capitalisme domine le Proche et Moyen-Orient musulman. Pour un individu, le plus court chemin vers la richesse, du Maroc au Pakistan, est de rester proche de l’élite dirigeante pour obtenir un monopole. Les profits seront ensuite partagés entre l'entrepreneur courtisan et les bureaucrates. Ceci est connu sous le nom d’économie de rente. Obtenir une rente est plus profitable que de rechercher l’innovation dans un environnement concurrentiel. La rente est la plus attrayante dans les pays dotés d’importantes richesses naturelles comme le pétrole et le gaz. Non seulement la rente remplace l’innovation, mais ces pays souffrent aussi de la « malédiction des ressources naturelles » : rien n’incite à travailler et à diversifier l’économie locale. La seule diversité parmi les pays arabes produisant du pétrole et du gaz se trouve dans la redistribution : des Royaumes comme les Émirats du golfe et le Royaume Saoudien tendent à redistribuer plus que les Républiques - qui n’ont de républicain que le nom - comme l’Algérie ou la Libye. Pour cette raison, les Royaumes semblent mieux résister que les Républiques lorsqu’ils sont confrontés à des révolutions : ils sont en quelque sorte plus légitimes car ils partagent une partie de leurs profits. Ainsi, chaque Saoudien ou Koweitien est devenu un rentier de fait, ce qui laisse peu de place à l’esprit d’entreprise. Avec 13 000 $ par an de revenu par habitant, les Saoudiens, qui laissent les immigrés travailler à leur place, ne se portent pas trop mal. Mais il ne feront jamais mieux.
Ce capitalisme des copains se révèle à tous les niveaux : en Egypte, au Maroc ou en Algérie, il est possible de devenir un grand entrepreneur grâce à des relations avec le pouvoir, ou un modeste entrepreneur grâce à la corruption de petits bureaucrates. L’Egypte est un exemple éloquent de ce modèle. Au sommet, des soi-disant privatisations ont transféré, dans les années 1990, les monopoles de l’État vers le privé. Mais les nouveaux entrepreneurs privés sont en général des membres de la famille de l'ex-président Mubarak, ou des officiers supérieurs. En bas de l’échelle, l’économiste Hernando de Soto a calculé le nombre de jours qui sont nécessaires pour obtenir le droit d’ouvrir une petite boulangerie au Caire : presque deux ans. À chaque étape de l’éprouvant processus, l’aspirant boulanger doit graisser la patte d’un bureaucrate. Quand le magasin ouvre enfin, le boulanger doit payer la police locale pour être protégé. Quelle que soit la taille de l’entreprise, le modèle reste le même. L’échec de Rifaa à établir un état de droit en Egypte se ressent encore, expliquant la croissance lente, le chômage massif et le vaste secteur informel où l’Égyptien moyen lutte pour vivre.
Au-delà de ces contraintes bureaucratiques anti-capitalistes, les gouvernements autoritaires génèrent des normes sociales qui nuisent tout autant au capitalisme. Au Maroc, des études ont comparé le management d'entreprises marocaines et européennes. Le patron marocain a un bureau plus grand, de nombreux assistants, des secrétaires et des chauffeurs. Il est autoritaire : son pouvoir et les signes de son pouvoir ont plus d’importance que les bénéfices : c'est qu'il imite le roi et sa cour.
Cette influence du gouvernement sur le capitalisme est bien illustrée par l’histoire contemporaine de la Turquie. Au début du XIXè siècle, quand le sultan d’Istanbul, comme le Pasha égyptien, découvrit le retard qu’avait pris l’Empire Ottoman, il essaya aussi d’importer la « science occidentale » : les techniques militaires occidentales, mais pas les institutions. L’Empire Ottoman sombra dans la pauvreté, dit l’économiste turc Evket Pamuk, car la préoccupation dominante du sultan avait toujours été de prévenir l’émergence d’un quelconque pouvoir distinct de sa Cour. La naissance d’une bourgeoisie occidentalisée était sa plus grande crainte. « L’Islam », avance Evket Pamuk, ne nous apprend rien sur le retard ottoman : « l’obsession du pouvoir politique chez les dirigeants d’Istanbul est une explication suffisante pour comprendre l’économie ottomane ».
Quand l’Empire Ottoman devint la République turque en 1921, peu de choses changèrent. Le fondateur de la République, Mustapha Kemal, fasciné par le modèle italien fasciste alors en vogue (les Frères Musulmans égyptiens, fondés en 1924, copièrent aussi l’organisation fasciste), décida « qu’il n'existait pas d’esprit d’entreprise chez les Turcs. » Selon Kemal, il revenait donc au gouvernement de remplacer l’entrepreneur ou de choisir ceux qui méritaient de créer une nouvelle entreprise : une nouvelle bourgeoisie d’Etat. Sous le régime Kemaliste, qui devint une dictature militaire après la mort de Kemal (1938), l’économie turque progressa peu mais un petit groupe d’entrepreneurs avec un solide réseau politique s’enrichit énormément. Pamuk a raison : l’Islam ne peut être rendu responsable des faibles résultats de l’économie turque, alors que la religion était réprimée par la nouvelle République laïque : sous le régime Kemaliste, aucun citoyen ouvertement musulman ne pouvait accéder à un poste important dans l'administration, l’armée, ou comme entrepreneur. La Turquie moderne a commencé à prospérer uniquement quand un leadership ouvertement musulman a pris le pouvoir et libéré le marché. Le premier pas fut franchi en 1987 quand Turgut Özal, économiste de la Banque Mondiale, s'attaqua au déficit public et à l'inflation. Özal n’était pas seulement un économiste libéral mais un musulman dévot. Il ouvrit la voie à la victoire électorale du parti musulman aujourd’hui au pouvoir (AKP – Parti de la Justice et du Développement) en 2002. Depuis que ce Parti dirige, la transformation économique de la Turquie est exceptionnelle. Le budget de l’Etat est équilibré, les prix stables, le libre-échange règne, les monopoles de l’Etat et le « capitalisme des copains » ont été sévèrement contenus. L’état de droit en Turquie est imparfait mais il s’est rapproché des critères de l’Union européenne. Le taux de croissance turc est ainsi devenu l’un des plus élevés au monde, en moyenne 8% par an, pas loin des records de l’Asie de l’Est. Le revenu moyen par habitant est plus élevé que celui de l’Arabie saoudite, et la Turquie n’a pas de pétrole.
Derrière cette success story turque se cache une nouvelle génération d’entrepreneurs de la partie anatolienne du pays. Ces entrepreneurs sont des Musulmans dévots et conservateurs, mais pas des extrémistes ; ils ne sont pas en faveur d’une islamisation de la société turque, ce que ni les turcs laïcs d’Istanbul ni l’armée ne toléreraient de toute façon. Ces « Tigres de l’Anatolie » ne cessent de nous surprendre : on s'explique mal leur émergence comme moteur de la modernité turque. Lorsqu’on les interroge, ils ont leur propre syndicat patronal musulman, les entrepreneurs d’Anatolie insistent sur les valeurs de travail et familiales inhérentes à leur religion. D’autres invoqueront les traditions locales de l'Anatolie, carrefour entre l’Asie et l’Europe à l’époque de l’Empire Ottoman. Evket Pamuk, lui-même turc laïc, préfère se concentrer sur des facteurs empiriques comme le faible niveau des salaires en Anatolie, combiné avec la proximité d’une vaste marché européen. La Turquie exporte aujourd’hui 25% de sa production, contre 3% en 1980. Quelles que soient les raisons derrière cette percée anatolienne, l’Islam est peut-être un facteur neutre mais certainement pas négatif. On ne peut pas nier que la position favorable du Coran envers le commerce et l’entreprise renforce l’esprit libéral qui règne aujourd’hui en Turquie. Ce modèle turc s’étendra-t-il à ses voisins arabes ? En réponse à cette question, les révolutions arabes du printemps 2011 ouvrent un nouveau chapitre.
Les révolutions arabes ont commencé en janvier 2011 en Tunisie, suivie par l’Egypte. Les manifestations ont rassemblé des millions de personnes, sans crainte de la police ni de l’armée. Après une première tentative de contenir les foules, qui a fait des centaines de morts dans les deux pays, l’armée a décidé de se ranger du côté des manifestants. Le président tunisien s’est exilé, le président égyptien a été inculpé pour corruption. Des élections libres ont eu lieu, tous les partis politiques ont été autorisés à se présenter, dont les partis islamistes jusqu’alors interdits, de nouvelles Constitutions seront rédigées. Ces révolutions tunisienne et égyptienne ont ébranlé tout le monde arabe. Tous les gouvernements ont réagi en promettant des réformes démocratiques. Seuls les dirigeants de Libye et de Syrie sont entrés en guerre civile contre leur peuple. Il est trop tôt pour savoir quelle sera l’issue de ces révolutions. Mais, elles ont déjà profondément transformé le monde arabe et ce que l’on croyait en savoir. Par-dessus tout, l’étincelle qui a enflammé les révolutions arabes était totalement inattendue. Depuis de nombreuses années, des intellectuels arabes exigeaient la démocratie, ce qui les a d’ordinaire conduits en prison ou à l’exil, sans aucun impact sur les despotes au pouvoir. Dans le même temps, les gouvernements occidentaux soutenaient ces despotes arabes comme s’ils étaient un rempart contre le risque majeur d’un coup d’Etat islamiste.
En décembre 2010, un jeune Tunisien s’immolait par le feu parce qu’un policier avait confisqué sa carriole de fruits et de légumes : Mohamed Bouazizi avait un diplôme universitaire mais n’avait jamais pu trouver un emploi décent, ce qui est souvent le cas des jeunes Arabes lettrés. Bouazizi avait tenté de gagner sa vie en cueillant des fruits et des légumes. Il ne s’était pas enregistré auprès des autorités locales et n’avait pas de documents officiels. En clair, Bouazizi n’avait pas donné sa part à la police locale. Le suicide de Bouazizi, qui mourut quelques jours plus tard, fut l’étincelle qui fit descendre le monde arabe dans la rue : des millions d’Arabes pouvaient s’identifier à lui, un modeste entrepreneur. Il rappelle un autre martyr, Jan Palach, étudiant tchécoslovaque qui s’était immolé par le feu à Prague en 1969, puis devint le symbole de la Révolution qui allait détruire l’Empire soviétique. La frustration économique fut clairement le point de départ des révolutions arabes : les foules qui firent tomber le despote égyptien étaient majoritairement constituées d’étudiants des universités du Caire et d’Alexandrie, qui avaient peu d'espoir de trouver un travail, sinon à l’étranger. L’exigence de libertés économiques autant que de droits politiques fut le moteur de ces révolutions.
On peut se demander pourquoi nul, dans les gouvernements arabes comme dans les gouvernements occidentaux, n’avait anticipé ces Révolutions. C'est que personne ne prêtait la moindre attention à Bouazizi et à ses pairs. Toute l’attention était concentrée sur les leaders démocrates et surtout sur les mouvements islamistes interdits. Peu de spécialistes de l'Islam envisageaient des Révolutions démocratiques, populaires, non violentes. La police ne consultait pas Facebook, le réseau social qui a joué un rôle décisif dans la mobilisation des rebelles. Des manifestations Facebook avaient déjà été tentées en Egypte, mais sans succès : le 25 janvier 2011, cela a marché grâce à la mort emblématique de Bouazizi. Il était impossible de contrer la combinaison des deux éléments. Qu’en est-il alors des mouvements islamistes, comme celui des Frères Musulmans, si craints en Occident ? Ils n’ont pas initié les Révolutions, ils ne les ont pas influencées, mais ils les ont rejointes après qu’elles ont fait preuve de leur succès. Au cours de ces soulèvements populaires, aucun slogan islamiste ne fut proféré, aucune banderole islamiste ne fut brandie et l’on ne vit brûler aucun drapeau israëlien. Quand les élections auront lieu, des nouvelles Constitutions seront rédigées, de nouveaux gouvernements seront établis, les organisations musulmanes joueront un rôle politique : on peut s’attendre à ce qu’elles restent minoritaires et leur modèle sera plus probablement l’AKP turc qu’Al Quaida.
Le message des Révolutions arabes est clair : les Arabes, Musulmans ou non, hommes et femmes, ne veulent plus être tenus à l’écart du reste du monde. Les étudiants égyptiens de la place Tharir au Caire, en anglais et en français, ont dit qu’ils voulaient la démocratie et la mondialisation, non l’islamisation. Ces jeunes sont les enfants de Rifaa El Tahtawi, pas les héritiers de El Banna, fondateur des Frères Musulmans, ni de Sayyid Qutb, l'inspirateur d’Al Quaida. L’Occident doit réviser ses préjugés sur le monde arabe. Le « printemps arabe » de 2011 met un terme à ce que Edward Said, professeur palestinien à Princeton, appelait « l’orientalisme ». L’orientalisme est cette vision erronée des Arabes, considérés comme « différents ». Ironie du sort, les seuls non orientalistes en Occident étaient les néo-conservateurs américains, qui ont toujours considéré que le monde musulman méritait la démocratie et la prospérité par le capitalisme.
La transition entre les anciens régimes autoritaires et l’état de droit sera chaotique, car nulle part l’armée ne renoncera aisément à ses privilèges. L'avenir économique est peut-être plus prévisible, car presque tous les partis politiques du monde arabe se révéleront favorables au libéralisme. On trouve encore quelques partis socialistes au Maroc ou en Tunisie, où l’influence française a laissé son empreinte, mais ces partis n’ont de socialiste que le nom. Le vrai socialisme a mauvaise réputation parmi les masses arabes : il rappelle le désastre économique des années 1960 sous Nasser, tandis que pour les musulmans pieux, le socialisme est l’idéologie athée de l’ex Union soviétique. Cela ne veut pas dire que le monde arabe passera du « capitalisme des copains » à un libéralisme véritable du jour au lendemain. La tendance, cependant, sera clairement pro-libérale. Les nouvelles forces politiques, athées ou non, seront en faveur d’un marché plus ouvert, où des millions de Bouazizi pourront devenir des entrepreneurs, où il ne sera plus nécessaire d’attendre deux ans pour ouvrir une boulangerie au Caire. Au bout du compte, on ne voit aucune raison culturelle ou religieuse qui interdirait à un café du Caire de fonctionner moins bien qu’un café de Marseille. Les Musulmans ne sont pas condamnés par l’Islam à demeurer dans la pauvreté ou sous la tutelle de despotes : les Musulmans ont été victimes de leur histoire, pas de leur foi.
Rédigé au Caire et à Alexandrie, avril 2011.
Termination, ou entravons la sédition sectaire (d'ube église pluri-millénaire)
http://www.afriscoop.net/journal/spip.php?article3668
Rédigé par : Jeo | 17 mai 2011 à 14:21
Fransiz kalmak
"Il ouvrit la voie à la victoire électorale du parti musulman aujourd’hui au pouvoir (AKP – Parti de la Justice et du Développement) en 2002. Depuis que ce Parti dirige, la transformation économique de la Turquie est exceptionnelle. Le budget de l’Etat est équilibré, les prix stables, le libre-échange règne, les monopoles de l’Etat et le « capitalisme des copains » ont été sévèrement contenus. L’état de droit en Turquie est imparfait mais il s’est rapproché des critères de l’Union européenne. Le taux de croissance turc est ainsi devenu l’un des plus élevés au monde, en moyenne 8% par an, pas loin des records de l’Asie de l’Est. Le revenu moyen par habitant est plus élevé que celui de l’Arabie saoudite, et la Turquie n’a pas de pétrole."
http://istanbul.blog.lemonde.fr/2011/04/15/tayyip-erdogan-reste-francais/
http://istanbul.blog.lemonde.fr/2011/04/27/le-monument-de-lamitie-en-cours-de-destruction/
http://www.state.gov/g/drl/rls/hrrpt/2010/eur/154455.htm
L'AKP part chasser sur les terres des loups gris avec une audace qui ferait passer les incursions de Sarkozy sur celles du FN pour un timide braconage.
Erdogan soutient Kadhafi, El-Asad, s'en prend au minorités religieuses et réclame un régime présidentiel.
L'intolérance religieuse augmente chaque jour un peu plus en Turquie. Les actes de violences se multiplient en toute impunité contre les tenants de la laïcité à la Turque, mais, à part cela, tout va très bien.
Il faudrait demander aux arméniens comment les révolutions musulmanes finissent.
Rédigé par : Jeo | 17 mai 2011 à 14:55
A part cela, je confirme : de nombreux belges, et pas seulement des musulmans, sont en train de se demander si il ne faut pas émmigrer en Turquie, vu le boom actuel.
Rédigé par : Jeo | 17 mai 2011 à 15:02
émigrer,immigrer : on n'a pas encore l'habitude
Rédigé par : Jeo | 17 mai 2011 à 15:04
En Belgique, les Turcs sont très bien vus, contrairement à ce qui se passe en Allemagne
En Allemagne, les enfants non-turcs sont bullied dans les écoles. Sarasin n'est qu'un symptôme, pas une cause, contrairemet à ce que je pensais. On sous-estime complètement le rejet des Turcs par les Allemands, en dehors de l'Allemagne.
Là-dessus arrive ce brave Erdogan, pour qui l'assimilation en Allemagne est un "crime contre l'humanité", qui veut ouvrir des écoles en Turc et pour qui les émigrés turcs en Allemagne doivent parler en priorité le Turc. Voilà comment Erdogan pense gagner des voix avec les émigrés turcs. Pas très rassurant.
Les Allemands cherchent dans leur mémoire quand ils ont participé à un référendum sur l'invasion de leur pays, mais ils n'arrivent pas à s'en souvenir.
Rédigé par : Jeo | 18 mai 2011 à 18:30
Erdogan, dernier prix Kadhafi des droits de l'homme en date.
Pour les suivants, c'est comme Cannes en 68 : le palmares est compromis.
Rédigé par : Jeo-Luc Godard | 18 mai 2011 à 18:45
Merci pour votre billet, Monsieur Sorman. J'aime votre optimisme. Je voudrais le partager...
Rédigé par : AM | 18 mai 2011 à 22:01
Cannes-Bruxelles, même combat : Le ministre De Clerck comprend AH
Le ministre de la Justice belge est démissioné des institutions juive dont il faisait partie, au titre de ministre de la Justice belge, la Nva dénonce l'attitude des francophones qui "rouvrent les blessures du passé"*, la VOKA veut encore gonfler la sur-représentation des 5% de flamands bruxellois, le CDH essaie de capituler discrètement.
*Les nazillons sont tuberculeux et souffreteux, par chez nous, par soucis de romantisme germanisant
Rédigé par : Jeo | 19 mai 2011 à 17:05
http://jssnews.com/2011/05/19/les-collabos-nazis-en-belgique-amnisties-par-le-ministre-de-la-justice/
Si vous voulez pétitioner, parce que, personnellement, je ne cherche plus à comprendre.
Rédigé par : Jeo | 19 mai 2011 à 17:15
"Shimon Samuels, directeur du centre pour les relations internationales, a déclaré: qu’« une telle personne doit être rapidement retiré de son ministère et son parti retiré de l’arène politique."
Il faudrait dire à Mr Samuels que cette personne appartient au parti du président européen, qui est si impliqué dans le foutoir actuel, qu'il se croit obligé de se comporter dignement en Chine, pour que personne ne conteste sa stature morale.
A force de fuir ses responsabilités dans la banqueroute de son pays, Herman va finir prix Nobel, ce qui serait comique.
Personne en Europe ne sait qui est Herman Van Rompuy.
À quelques chinois, malheur belge est bon.
Rédigé par : Jeo | 19 mai 2011 à 17:24
Selon De Clercq, il s'agit d'un "terrible malentendu", comme je l'avais prédit hier.
Les organisations juives vont le rencontrer ; elles vont bien entendu accepter ses explications qui ne se donneront pas la peine d'être crédibles. On n'est pas en France.
Quand le président du Parlement flamand (qui a un répertoire étendu et décomplexé de blagues antisémites) traite les francophones de chiens, c'est affectueux, bien sûr.
Rédigé par : Jeo | 19 mai 2011 à 19:08
Guy, deux remarques :
-vos posts deviennent de plus en plus longs : chapitres de livres !
-j'étais à l'aéroport du Caire en janvier. Je vous trouve sévère. Le Caire n'est pas pire que Tanger, par exemple. Et puis, ommes-nous si sûrs que nous valons mieux, tandis que nos rues sont constamment zébrées de cortèges de berlines politiques qui, toutes sirènes hurlantes, s'affranchissent des règles ordinaires de la circulation ?
Rédigé par : Drieu | 20 mai 2011 à 08:39