Qu'est-ce qu'un mouvement social, quand commence une Révolution ? Dans son journal intime, à la date du 14 juillet 1789, Louis XVI avait écrit " Aujourd'hui, Rien" et partit pour la chasse . Les événements de mai 1968 avaient commencé par une altercation stupide entre le ministre des Sports de l'époque et un certain Daniel Cohn-Bendit, à propos de la mixité d'accès à la piscine universitaire de Nanterre. À l'automne 1995, Paris paralysé par une grève des transports publics, le Premier ministre de l'époque, Alain Juppé, consulta le sociologue Edgar Morin qui avait tant écrit sur mai 68. "Est-ce une révolution ?", demanda le ministre. "Je ne pourrai vous répondre que d'ici deux à trois ans", répliqua le sociologue. Les sociologues, tout comme les économistes, savent tout... mais ils ne savent rien d'autre et ils ne le savent qu'après.
Ce préalable nous conduit à Madrid où la Puerta del Sol, au centre de la ville, vient de se libérer : depuis plusieurs semaines, une dizaine de milliers et parfois plus "d'Indignados" avaient paralysé la capitale, puis d'autres grandes villes d'Espagne. Nul n'avait pressenti ce mouvement social, cette révolution ou simple épisode de printemps d'une jeunesse en quête de sensations collectives. On vit surgir, d'on ne sait où, une population jusqu'ici peu visible : des jeunes surtout, reconnaissables à leurs codes vestimentaires, jeans effilochés et piercings. Beaucoup de jeunes femmes qui semblaient en charge de l'organisation. Des étudiants ? Pas tant que cela. Plutôt des marginaux, déclassés, entre deux mondes, entre deux petits boulots. Et pas seulement des jeunes : des retraités, des jeunes couples avec bébés et poussettes , tous regroupés sous une bannière unique : Indignés ! Par quoi et pourquoi ? L'ennemi, à les écouter, était le "Système".
Qu'entendent-ils par Système ? Pas facile d'obtenir une réponse claire car les Indignés se distinguent par l'absence de chefs et même de porte-parole. Ceux-ci se relaient obligatoirement, toutes les trois heures, ce qui ne facilite pas un dialogue suivi ni cohérent. Le Système, apparemment, est défini comme l'alliance de deux grands Partis qui alternent au pouvoir, le Parti socialiste qui gouverne et le Parti Populaire, la droite qui s'apprête à lui succéder. Les "grandes banques" font partie du Système : il leur est reproché par les Indignés d'avoir incité les Espagnols à s'endetter au-delà de leurs moyens, pour construire essentiellement et, secondairement, pour acquérir des automobiles ou partir en vacances. L'Etat et les Provinces se sont endettés tout autant, dotant l'Espagne d'un remarquable réseau de transports, de services collectifs, culturels et sociaux - souvent gratuits - dans le moindre village. L'addition de cette dette privée et publique s'est révélée impossible à rembourser quand la crise de 2008 est venu briser la croissance. Même sans cette crise, il n'est pas certain que l'Espagne ne serait pas apparue tôt ou tard comme une autre Grèce, un château de cartes fondé sur le crédit plus que sur la création économique et l'esprit d'entreprise.
Les Partis espagnols ne souhaitent pas que leur pays soit assimilé à la Grèce, ni qu'il devienne l'otage du FMI, de la Banque de Francfort ou des injonctions vertueuses du gouvernement allemand : les Socialistes ont donc choisi de rembourser sans retard, sans tergiverser, sans négocier. Tous les services publics sont sévèrement réduits, les tarifs augmentés, les aides publiques supprimées : les banques ne prêtent plus, l'illusion économique s'est dissipée. Et on s'interroge sur l'avantage comparatif de l'Espagne sur le marché européen, sur le marché mondial ? On ne le trouve pas plus qu'en Grèce ou au Portugal. Une sortie de la dette par la croissance paraît donc improbable, du moins dans le court terme.
Qui payera ? Les jeunes évidemment. Leurs parents, au moins, auront acquis une maison (certains la perdent qui ne peuvent rembourser leur hypothèque), une voiture et pris des vacances. Les Indignés, pour l'essentiel, sont sans emploi, sans espoir d'emploi et sans perspective. Leurs parents avaient connu, dans les années 1980, l'allégresse de la "movida" : la liberté reconquise, l'entrée en Europe, une dignité nationale retrouvée, la considération générale en Europe et en Amérique latine, la société de consommation et quelque vapeur de cannabis.
Les Indignés en concluent que la Droite est "haïssable" (c'est le parti des Banques, n'est-ce pas ?) et que la Gauche a trahi : c'est donc le Système qu'il convient de remplacer. Ils proposent une utopie de rechange, une autogestion dont la Puerta del Sol fut la représentation théâtrale. Les Indignés se sont organisés en commissions, elle-mêmes divisées en sous-commissions : les rapports qui en émanent, soumis aux assemblées plénières, ne sont pas votés, mais approuvés ou désapprouvés à l'unanimité. Faute de consensus, le rapport est renvoyé à la base. Ayant assisté à une commission consacrée aux banques, j'ai vu sans surprise en surgir un rapport préconisant leur nationalisation. Mais il suffit d'un opposant pour faire échouer l'affaire : il n'était pas hostile à la nationalisation, bien au contraire, mais estima que l'on n'y parviendrait jamais. Objection retenue qui renvoya la copie aux auteurs, à charge pour eux de se montrer plus créatifs. Tandis que d'autres groupes se chargeaient de l'alimentation de tous et du nettoyage. Tout était sérieusement pris en notes dans des cahiers à spirale par de studieuses jeunes filles.
Les élections locales du 22 mai 2011, emportées par le Parti Populaire, ont ébranlé ces Indignés : ils avaient préconisé l'abstention, en vain. 70% des Espagnols ont voté, le taux de participation habituel. Les Socialistes s'apprêtent donc à plier bagages aux prochaines élections nationales, au printemps 2012. Les Indignés dispersés sont à la recherche d'un deuxième souffle : ils ont tenté d'essaimer dans le reste de l'Europe confronté à un chômage des jeunes comparable et à la même nécessité de rembourser des années de mauvaise gestion publique. Mais hors d'Espagne, les affrontements empruntent des voies plus classiques : les Grecs, en particulier, ont leur tradition de protestations syndicales et de violences gauchistes.
En Espagne, les Socialistes tentent de récupérer les Indignés en gauchissant leur discours, mais ils ne sauraient rivaliser avec une utopie autogestionnaire et sans Parti. La Droite ? Elle s'en tient à une analyse classique : les Indignés ne seraient que le masque de la tradition gauchiste et anarchiste, des composantes historiques de la démocratie espagnole ou plutôt, m'en dit José Maria Aznar, négation de la démocratie : puisque les Espagnols ont voté et qu'ils souhaitent le retour du Parti Populaire.
Un mystère non éclairci : les Indignés doivent-ils leur appellation à la libelle de Stéphane Hessel, Indignez-vous!, qui s'est vendu en France à un million d'exemplaires ? Et quatre cent mille en Espagne. Hessel, qui a rendu visite aux Indignés de Madrid, a été accueilli en héros, mais il semble qu'ils avient choisi de s'appeler ainsi avant d'avoir lu Hessel . Et en France, les Indignés n'ont pas fait école. Le terme reflète donc l'air du temps et l'anxiété d'une génération perdue ? Cette génération tout en étant européenne de fait, ne se reconnaît pas dans l'Europe telle qu'elle existe : les Indignés d'Espagne, semblent plutôt nationaux, voire nationalistes. Annoncent-ils une Europe qui se défait, le déclin d'un Euro qui a donné l'illusion de la richesse mais à crédit ? Ou bien, les Indignés n'annoncent-ils rien ? On le saura dans deux ou trois ans ou jamais.
Madrid, 4 juillet
Air pur et saine jeunesse
http://galeries.lalibre.be/album/fetecommunaute+flamande/4_001.jpg/
Rédigé par : Jeo | 11 juillet 2011 à 09:03
Personne n'est plus responsable de la crise que Herman Van Rompuy.
Si l'Europe survit à la fin de la Belgique, les français se rappelleront qu'après avoir élu un Pape flamand, les italiens refusèrent d'élire un Pape étranger pendant cinq siècles.
Rédigé par : Jeo | 11 juillet 2011 à 09:39
@ Jeo,
Certain pense que la Wallonie devrait devenir un département Français. Moi je pense que la Wallonie devrait devenir une principauté ou une royauté comme Monaco. Intégrée à la France sans y faire partie.( Bien sur au cas ou la Belgique éclate )
Surtout avec le risque qu'un président socialiste gagne l'Elysée. Là autant intégrer l'Allemagne.
Je vous accepterais bien au sein de la confédération helvétique. Un canton francophone de plus ne serait pas du luxe. Mais j'ai bien peur que la tradition monarchique belge ne colle pas avec la tradition des confédérés suisses.
D.J
Rédigé par : D.J | 11 juillet 2011 à 19:30
"Les zumains sont fous et les plus dangereux sont ceux qui s'ignorent "
Vouy, et c'est pour ça que je prefère les bêstes :-D
Bye les gens .
Rédigé par : ID naze | 11 juillet 2011 à 19:47
DJ,
La situation est complètement bloquée. C'est tout ce que l'on sait.
Di Rupo est allé courageusement à la fête flamande, pour partir la tête basse.
A 18:00, les groupuscules nationalistes flamands vont investir la grand-place de Bruxelles et ils défient les francophones sur les forums.
Le ministre-président de la région Bruxelloise conseillait aux wallons de demander leur rattachement à la France( qui est quand même plus près de la Belgique) Personnellement, j'irais bien aussi au Luxembourg. Pour moi, c'est tout près. Mon option préférée serait une confédération Wallo-Brux.
Tout le monde y va de son plan sur la comète, même les anciens premiers ministres. Comme Reynders, Eyskens propose une province de Brabant bilingue et une suppression de toute une série de niveau de pouvoir (province = département, régions, communauté) qui font de la Belgique un brol ingérable. Comme je l'ai dit, cela ne marchera jamais : c'est simple, logique, équitable et respectueux des habitants, tout ce que les nationalistes détestent.
La Belgique rend tout le monde dingue. Il y a des types très célèbres, surtout auprès de leur femme, qui prétendent m'en vouloir à mort, tout cela parce que je me suis moqué d'un ou deux pontes de chaque parti et que je n'ai pas protégé mon anonymat.
Bref, cela ne rigole pas. C'est même méchant. Le réseautage social est le graal de tous les petits chefs. Les sous-fifres, les presques-célèbres, sont les plus hargneux. Ils n'en peuvent plus de prouver leur fidélité, ces têtes à fraise.
Nous sommes prisonniers des nationalistes flamands. Que plus ceux-ci sont agressifs, mieux ils se portent. Que personne du côté francophone ne fait la poids. Bref on va dans le mur.
Je serai tellement content si cela finit un jour. Tout ce que je veux, c'est ne plus vivre dans le même pays que les flamands, ou être garanti contre leur diktats et leur stupide stupide stupide nationalisme.
Rédigé par : Jeo | 11 juillet 2011 à 21:19
Les flamands ne veulent plus des wallons? Qu'à cela ne tienne. Faites sécession et montrez que vous êtes capables de vous débrouiller tout seuls.
Personnellement, je ne voterai pas pour votre rattachement à la France. Nous avons déjà suffisamment de pleurnichards...
Rédigé par : El oso | 12 juillet 2011 à 00:59
El Oso,
Vous ne comprenez rien Il n'y a pas les flamands d'un côté et les wallons de l'autre. Il y a Bruxelles au milieu.
Je ne demande pas de rattachement à la France, à priori, quoique je n'y sois pas opposé. On verra?
Les Wallons ne sont pas essentiellement pleurnichards, ni quoi que ce soit ; les Français sont nationalistes, par essence.
Rédigé par : Jeo | 12 juillet 2011 à 08:13
Mardi 12 juillet 2011 :
Portugal, Irlande, Italie, Grèce, Espagne : toutes les courbes explosent.
Ce matin, à 9h20, les taux de ces cinq Etats explosent.
Nous sommes en train de vivre des journées historiques.
Italie : taux des obligations à 10 ans : 5,906 %.
http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GBTPGR10:IND
Rédigé par : BA | 12 juillet 2011 à 09:20
Pour Bruxelles, referendum: rattachement à la Flamingie,ou à la Wallonie, ou statut du genre Hong-Kong ou Singapour...
Rédigé par : El oso | 12 juillet 2011 à 10:45
CAC 40 : la cotation de l'indice bloquée depuis 9h56.
La cotation de l'indice CAC 40 en Bourse de Paris est interrompue depuis 9h56.
L'incident touche l'ensemble des indices sur les marchés au comptant d'Euronext et la diffusion des indices AEX (Amsterdam), BEL 20 (Bruxelles) et PSI 20 (Lisbonne) est également suspendue.
A ce stade, aucune heure de reprise de cotation pour le CAC 40 et les autres indices n'a été communiquée par NYSE Euronext.
http://www.boursorama.com/international/detail_actu_intern.phtml?num=d7c71ee76e71c21c3e1d1f7a3dd329f8
Quand la Bourse s'effondre, ils suspendent les cotations !
Ils en sont réduits à ça !
Ca sent le sapin.
Rédigé par : BA | 12 juillet 2011 à 11:52
Bravo El Oso, ce qu'on peut être belges, alors que c'était si simple.
Il nous faut juste 5 minutes de courage, comme l'a si bien dit Leterme en 2007
Rédigé par : Jeo | 12 juillet 2011 à 13:03
Un répit était sensible mardi en milieu d'après-midi sur les marchés financiers, grâce aux interventions des autorités politiques et monétaires européennes, désireuses de calmer le jeu et d'éloigner les risques de contagion d'une crise grecque à l'Italie et l'Espagne.
Après un lundi noir et une matinée très difficile, les marchés financiers se redressaient en milieu d'après-midi profitant de plusieurs interventions de responsables politiques et de celle, sur le terrain, de la Banque Centrale Européenne (BCE).
Comme elle l'a déjà fait par le passé, l'institution de Francfort a acheté, selon des sources de marché, d'importantes quantités d'obligations espagnoles et italiennes pour pallier les ventes massives des investisseurs.
http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_marches.phtml?num=3f3f6afc4ded3016816cc3b8ab2a4f75
Rédigé par : BA | 12 juillet 2011 à 17:27
I quit.
Rédigé par : Jeo | 13 juillet 2011 à 11:09
Vous quittez quoi, Jeo? Que faites vous dans la vie? Vous semblez très proche des milieu politique belge.
Rédigé par : G.M. | 13 juillet 2011 à 15:14
L’agence de notation financière Fitch a annoncé mercredi avoir dégradé de trois crans la note souveraine de la Grèce, à CCC, contre B+ auparavant, en l’absence d’un nouveau plan d’aide « crédible et financé » de l’UE et du FMI à ce pays en proie à de graves difficultés.
L’agence relègue ainsi la Grèce à trois crans de la note DDD, réservée aux émetteurs de dette en défaut de paiement, c’est-à-dire qui ne sont pas en mesure de rembourser leur dette.
A l’appui de sa décision mercredi, l’agence souligne « l’absence d’un nouveau plan d’aide, intégralement financé et crédible » de l’Union européenne (UE) et du Fonds monétaire international (FMI). A cela s’ajoutent de « fortes incertitudes entourant le rôle des créanciers privés » dans le plan et les perspectives macroéconomiques du pays.
Fitch fait valoir que la Grèce a besoin d’argent pour éviter de se retrouver en faillite en 2012 et que cette urgence aurait justifié que l’UE et le FMI, ainsi que les créanciers privés, se mettent d’accord sur un nouveau plan au début du mois de juillet.
Fitch avait déjà abaissé la note de dette de la Grèce de trois crans le 20 mai, à « B+ » contre « BB+ » auparavant, une sanction qu’Athènes avait rejetée comme ne prenant pas en compte ses engagements à intensifier les efforts de redressement économique du pays.
Rédigé par : BA | 13 juillet 2011 à 19:55
On s'en fitch.
Rédigé par : ETF | 13 juillet 2011 à 21:38
Mercredi 13 juillet 2011 :
Trois crans de moins. C’est la sanction décidée par l’agence de notation financière Fitch, qui a dégradé sa note sur la Grèce, qui passe donc de B+ à CCC. En clair, l’agence considère maintenant qu’un défaut de paiement du pays est une "possibilité réelle".
Une décision jugée "incompréhensible" par le ministre des Finances grec. Plus encore que le gouvernement d’Athènes, c’est l’Europe que critique l’agence Fitch, évoquant "l’absence d’un plan crédible et dûment financé" de l’UE et du Fonds monétaire international. Les deux instances peinent en effet à se mettre d’accord sur un second programme de prêts, après un premier plan de 110 milliards d’euros adopté en mai 2010.
Au sein même de l’Union, les dirigeants peinent à se mettre d’accord. D’abord annoncé pour vendredi, un sommet extraordinaire de la zone euro devrait se tenir la semaine prochaine. L’Allemagne avait d’abord exprimé des réticences sur la tenue d’une telle réunion, attendant d’en savoir plus sur une participation du secteur privé, avant d’en accepter le principe mercredi.
Pour Romano Prodi, ancien président de la Commission européenne et ancien Premier ministre italien, l’Europe a "lourdement échoué" à surmonter la crise de la dette. Il appelle notamment Berlin à "assumer un rôle de direction".
Dans une lettre ouverte, le président de la Fondation Robert Schuman, Jean-Dominique Giuliani, fulmine : "le spectacle que donnent les Européens face à la crise grecque est un véritable désastre". A force de tergiverser, prévient-il, "l’Europe danse au bord du gouffre".
http://www.europe1.fr/Economie/La-Grece-s-enlise-dans-la-crise-628525/
Rédigé par : BA | 14 juillet 2011 à 09:02