Tokyo, 22 août.
Je sais, c'est un lieu commun de dire que les Japonais sont disciplinés: il n'empêche que suite à l'arrêt des deux tiers des centrales nucléaires depuis le tsunami du 11 mars dernier, la population a restreint spontanément la consommation d'electricité de 15%, sans que le gouvenement ne s'en mêle. Il n'existe aucune interdiction ni régle mais seulement un mimétisme civique. L' été moins torride qu'à l'ordinaire, permet il est vrai, de se passer de climatisation. Dans le métro, on monte le escaliers à pieds et les salarymen ont tombé la veste: j'en vois même qui se passent de cravate, un laisser -aller inédit ici.
N'en concluons pas que le Japon ou n'importe quel autre pays développé pourrait réduire sa consommation d'electricité sans conséquence: pour une petite fraction, 5% sans doute , la réduction a été obtenue par de moindres gaspillages mais pour le reste , il a fallu faire travailler les entreprises de nuit et le week end, ce qui n'est pas un modèle facilement reproductible. Le moindre emploi de la climatisation aura été de faible conséquence pour la plupart mais dramatique pour les personnes âgées dont la mortalité a beacoup crû cet été. A terme,le Japon devra bien renouer avec le nucléaire et éventuellement le remplacer progressivemen, par le charbon, le gaz, le pétrole dans l'attente d'énergies alternatives viables qui, pour l'instant n'existent pas.
A la question " Qui selon vous aura le mieux géré la catastrophe, tsunami et évacuation des populations proches de Fukushima?", la réponse est unanime: " l' armée". Les militaires des forces "d'autodéfense", en coordination avec la Marine américaine au large des côtes, furent les seuls à même de contenir les flots de populations déplacées. Sour le regard attentif des autorités chinoises, me dit-on,surprises par cette efficacité de l'armée japonaise. En 24 heures, cent mille soldats étaient sur place , efficaces et eux aussi , tout à fait disciplinés. Plus généralement , tous les porteurs d'uniformes, pompiers, policiers en plus des soldats ont impressioné la population par leur dévoument et leur bonne préparation. Bref , le Japon en uniforme a répondu présent! , mieux que le Japon civil , celui des politiciens élus .
A remarquer aussi , le comportement jugé exemplaire par tous les Japonais , du couple impérial: l' Empereur est son épouse , présents sur le terrain, ont réconcilié bien des Japonais avec une institution dont la légitimité était devenue aussi douteuse que la monarchie britannique. L'Empereur sut incarner la nation en deuil mais sans désarroi tandis que la classe politique, frappée d'autisme se disputait la place de prochain Premier ministre.
Autre "divine surprise", les étudiants , la jeunesse , se sont d'emblée précipités vers la région dévastée du Tohoku, inversant la perception que l'on avait communément au Japon, d'une génération repliée sur elle-même ( dite Otaku) et indifférente au monde extérieur.
Et l'industrie a retrouvé dés juillet , contredisant tous les pronostics en Occident, son niveau de production ante 11 mars: le Japon est de retour. Contrairement aux analyses qui prévalaient au Japon inclus, au mois d'avril, l'économie s'est vite redressée malgré la baisse de production d'electricité. Un instant pris de cours par la désorganisation de leur management Just in Time , basé sur des milliers de sous-traitants coordonnés pour converger avec les grandes usines ( c'est le modèle Toyota copié par les constructeurs du monde entier ), les majors du Japon sont parvenus à reconstituer en trois mois, la toile d'araignée de leurs fournisseurs. La crise que l'on crut systémique ( Fin du modèle japonais!) a surmonté l'épreuve du feu.
Ce qui inquiéte plus les entrepreneurs japonais est désormais, ailleurs: le Yen, la dette, le mouvement anti nucléaire.
Le Yen monte parce que les autres monnaies mondiales se dégradent: le Yen, devenu un refuge paradoxal, pousse les prix à l'export vers des niveaux insupportables pour les acheteurs.
La dette publique qui atteint 200% de la PIB reste financée par les épargnants japonais eux-même ( particuliers et banques locales à 95%), à des taux bas ( 1% à dix ans, contre 0,22% à deux ans pour les Bons du trésor en US $ , de quoi faire rêver les Grecs ). Mais pour combien de temps? Le niveau de l'épargne baisse en particulier parce que la population viellit, ce qui risque de faire monter les taux et de réduire d'autant les fonds nécessaires à la reconstruction du Tohoku dévasté: il ne restera aux gouvernementx qu'à doubler la TVA ( c'est dans l'air), ce qui réduirita la demande interne, dilemme comparable à celui de l' Europe et des Etats-Unsi endettés . Le Japon n'est pas la Grèce mais les détenteurs japonais de Bons du Trésor japonais s'inquiétent tout de même de ce "tsunami silencieux "( selon Sahoko Kaji ) qu'est la dette.
Enfin, les déclarations quelque peu démagogiques des politiciens japonais(" Je rêve d'un Japon sans centrales nucléaires" , a déclaré le Premier ministre Naoto Kan ) effraient les industriels puisqu'aucune solution de remplacement n'est proposée: l'issue serait la délocalisation industrielle, trés avancée déjà, vers l'Asie bon marché et qui, sans états d'âme développe ses ressources nucléaires, la Chine, l'Inde, le Vietnam .
Les vrais activistes historiques anti nucléaires restent minoritaires au Japon, trés liés à l'extrême gauche, plus populaires dans les médias occidentaux que dans leur pays ; la majorité silencieuse ne les a pas rejoint mais a le sentiment que "le village nucléaire", l'alliance des ingénieurs et de ceux qui sont supposés les surveiller, leur menti et ment encore.
Devrait-on en conclure que le 11 mars, ainsi qu'on le dit au Japon, ne fut qu'un accident de parcours et que tout est revenu à l'identique, hormis le questionnement à terme sur le ralentissement du programme nucléaire? Pas certain. En surface , pas de colère, pas de manifestations contre les auteurs négligents voire menteurs, du désastre nucléaire ( la société TEPCO en particulier et son réseau de corruption des médias et des politiciens pour qu'ils soutiennent l'industrie nucléaire ). Mais on devine, à peine exprimée encore par quelques intellectuels, une autre interprétation: le Japon n'aurait-il pas fait fausse route depuis 1945, en se fiant sans retenue à la science et aux ingénieurs? Ne serait-il pas temps de passer à une autre civilisation, moins éprise de bénéfices, moins égoïste, plus communautaire, plus en harmonie avec les cycles de la nature? " La question du bonheur doit remplacer celle de la croissance" , nous dit le philosophe Yasuo Kobayashi qui ne me paraît pas pour autant disposé à renoncer à la climatisation.
Certains évoquent avec nostalgie l'ére de Edo, avant 1868, avant l'ouverture au monde et l'abandon du vieux Japon au profit du mode de vie occidental? Ceci est flou encore: ce peut être compris comme une acceptation fataliste du déclin du Japon tandis que la Chine ou la Corée du sud ne jurent que par leur taux de croissance. Ou bien, on y verra le signe d'une folle ambition: l'invention par les Japonais d'une nouvelle civilisation, plus frugale , moins matérielle et à l'usage du monde. Il est trop tôt pour en conclure qu'il existera deux Japon , un avant 11 mars et un après 11 mars: mais c'est une hypothèse stimulante avec des conséquences qui dépasseraient de loin, le seul Japon. On se rappellera aussi que tout au long de son hisroire contemporaine, le Japon répond aux défis: l'incursion de la marine américaine en 1854 ( les Bateaux Noirs du Commodore Perry ) provoque la modernisation sous l'empire Meiji, Hiroshima et l'occupation américaine engendrent la première démocratie en Asie, et la crise pétrolière de 1973 conduit l'industrie japonaise vers la miniaturisation et la domination mondiale dans la fabrication des composants. Du 11 mars 2011, pourrait surgir , selon le même réflexe historique , une société nouvelle, un retour à Edo mais impulsé par des enérgies nouvelles que l'industrie japonaise est capable d'inventer.
Y'a pas à dire les Japonais sont le peuple le plus discipliné au monde !
Pas étonnant qu'ils nous mettent la patée sur le plan économique !
Rédigé par : Quimboiseur | 22 août 2011 à 10:19
Le Premier ministre japonais Naoto Kan a déclaré mardi aux membres de son gouvernement qu'ils démissionneraient probablement le 30 août, a déclaré le ministre de l'Economie, Kaoru Yosano.
Cette démission devrait entraîner la désignation d'un sixième Premier ministre au Japon depuis 2006.
C'est pas mal.
Six Premiers ministres en six ans.
26 septembre 2006 : Shinzō Abe.
26 septembre 2007 : Yasuo Fukuda.
24 septembre 2008 : Tarō Asō.
16 septembre 2009 : Yukio Hatoyama.
8 juin 2010 : Naoto Kan.
1er septembre 2011 : X.
Rédigé par : BA | 23 août 2011 à 09:56
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Rédigé par : Kim JongIlien | 23 août 2011 à 14:04
Si les Japonais sont disciplinés, c' est en partie grâce à l' éducation Zen. Ils sont capable de tenir longtemps en zazen et d' avoir mal aux genoux. Dans le Zen, la douleur est plus efficace que l' extase, contrairement à vipassana. Le coup de Kyozaku sur les épaules fouette un max. Le confucianisme et l' art de la guerre poussent à obéir aux ordres du chef à la lettre. Le Mahayana met l' accent sur le groupe, que tous atteignent la délivrance contrairement à la recherche individualiste chez les theravadins et les Hindous. Samuel Phillips Huntington croit que la recherche du salut est exclusif au Christianisme, la différence en réalité qu' elle est possible en cette vie chez les Bouddhistes et elle est promis après la mort chez les chrétiens. De plus , les philosophies Bouddhistes ou confucianistes sont rationnelles et font peu appel à une foi aveugle.
Rédigé par : Kim JongIlien | 24 août 2011 à 03:22
Ler Japon est une véritable vache à lait technologique pour les pays de la région. Ce pays a délocalisé beaucoup d' usines vers ces voisins ce qui permis la mise en oeuvre d' infrastructures industrielles et le décoloage technologique. En Amérique Latine, seule l' Argentine pouvait tenir ce rôle mais sans industrie compétitive, ces voisins ne pouvaient se développer. L' Inde n' a pas de voisin développé, elle fait avec les moyens du bord pour son industrie( voir les piteuses Tata, le char arjun ou le LCa complètement dépassés), son industrie ne vaut pas celle de l' URSS des années 80,depuis la révolution numérique qui a transformé la Terre en village, elle s' ouvre au monde par l' informatique et le départ de ces meilleurs cerveaux vers les USAs. Israel peut être un pivot de développement technologique pour le moyen orient mais ne comparons pas l' industrie de ce pays avec celle du Japon, Israel est un géant militaire mais un nain industriel qui est spécialisé dans les firewalls, les GPS ou les ports USB. L' Europe de l' est a plus de chance , partant d' un haut niveau scientifique , des jeux vidéo: STALKER, Dragon rising, des logiciels Kapersky sinon une industrie trop souvent désuète.
Rédigé par : Kim JongIlien | 24 août 2011 à 04:12
Mercredi 24 août 2011 :
L'agence de notation financière Moody's a baissé mercredi d'un cran à Aa3 la note de la dette à long terme du Japon, à cause de l'endettement massif du pays, aggravé par le séisme du 11 mars, sur fond d'instabilité politique qui bloque les stratégies à long terme.
Cette sanction va forcer les prétendants au poste de Premier ministre à présenter des mesures de discipline budgétaire, se réjouissent les analystes.
"La dégradation de la notation est motivée par d'importants déficits budgétaires et l'accumulation de la dette publique japonaise depuis la récession mondiale de 2009", a expliqué Moody's dans un communiqué.
Et l'agence d'ajouter que "plusieurs facteurs font qu'il est difficile pour le Japon de réduire la proportion de l'endettement vis-à-vis du PIB, d'où l'abaissement de sa note".
Rédigé par : BA | 24 août 2011 à 09:13