Moscou,
On ne comprend rien à l’Union européenne, ni à son passé ni à son présent si on ne se remémore pas son histoire. L’Europe n’était pas au départ, un assemblage bureaucratique, ni un projet de grande puissance et elle ne fut économique que de manière seconde. Le point de départ tel qu’il fut conçu et mis en œuvre par ses pères fondateurs (tous de persuasion chrétienne, ce qui n’est pas indifférent), c’est la paix. Schuman, Adenauer, Gasperi se demandaient comment instaurer enfin une paix définitive entre les nations d’Europe, membres paradoxaux d’une même civilisation ? Ce désir de paix, réalisé au-delà de toute attente est le fondement de l’Europe. Ne l’oublions jamais. Et je le crois inaltérable car les citoyens de l’Union européenne, comme ceux qui aspirent à la rejoindre, partagent ce désir de paix et plus encore, partagent dorénavant un sentiment profond d’appartenance à une seule et commune identité européenne. Tout jeune français, allemand, ou espagnol, se déclare et se sent aujourd’hui européen autant qu’il adhère à sa citoyenneté nationale : l’Europe a inventé et c’est immense, la double citoyenneté sans qu’aucun, en dehors de nostalgiques professionnels et de politicards, ne ressente de conflit au sein de cette double identité. Et même parmi ceux qui exaltent au-delà du raisonnable, le bon vieux nationalisme, cet ultime refuge des forbans, , nul n’imaginerait un conflit avec ses voisins. Pour un Français ou un Allemand de vingt ans, il est aujourd’hui totalement incompréhensible que leurs pays aient pu guerroyer si longtemps et il est presque impossible pour leurs parents, voire pour leurs professeurs, d’en faire comprendre les motifs archaïques.
Ceci étant posé et essentiel, l’économie dans le projet européen est une mécanique au service d’un esprit. Comme l’expliquait Jean Monnet, le tout premier mécanicien, l’économie, le libre échange ont pour but de créer des solidarités concrètes et irréversibles. Ainsi Jean Monnet a-t-il réussi à mettre sur les rails une Europe qui fonctionne là où tous les diplomates avant lui avaient échoué pendant un siècle, parce qu’ils avaient cru en des solidarités abstraites : c’est l’échange et pas le traité qui a fait les Européens. La création d’une monnaie commune doit être comprise dans cette même logique historique. Certes, il existe de bons arguments techniques en faveur de l’euro, telle la facilitation des transactions financières et la possibilité d’emprunter à des taux bas puisque cette monnaie devait être plu fiable, moins risquée que les monnaies nationales. L’euro est donc en principe et sur le papier, un accélérateur de croissance. Cette plus value économique a de fait, bénéficié aux pays à monnaie faible comme le Portugal, l’Espagne et la Grèce.
Mais, depuis 2008, la crise de l’Euro a annulé cet avantage économique. Pour autant, l’Euro n’est pas en soi menacé ,pour deux raisons : d’abord parce qu’il cimente les solidarités concrètes et la paix, en particulier entre la France et l’Allemagne. Ces deux pays étant l’un pour l’autre, leur principal client, les évolutions du cours de l’euro sont sans conséquence puis que c’est leur monnaie commune. L’euro n’est pas menacé non plus parce qu’il n’est pas géré par des gouvernements fantasques ou changeants mais par une institution remarquablement stable qu’est la Banque centrale européenne. Il est tout à fait essentiel, que même en période de crise, aucun gouvernement européen n’a véritablement remis en question l’indépendance de cette Banque, ni modifié sa responsabilité qui est de garantir la stabilité des prix et la sécurité de la monnaie.
Reste la crise, non pas de l’euro mais de l’endettement public de certains Etats membres de l’union monétaire européenne. La crise est née d’une confiance excessive en l’honnêteté et la capacité de gestion des gouvernements membres : les traités prévoient que les Etats membre respectent des critères financiers clairs comme en particulier, un endettement budgétaire au maximum de 3% de la production annuelle. Si les gouvernements étaient vertueux et honnêtes, tous auraient respecté cette norme et il n’y aurait pas de crise. Cet excès de confiance s’est avéré un désastre : les gouvernements supposés les plus vertueux en principe, l’Allemagne en particulier, n’ont pas toujours respecté la règle des 3%, d’autres comme la Grèce ont publié des comptabilités truquées (dissimulant en particulier le coût effarant des Jeux Olympiques d’Athènes). A l’absence de vertu s’est ajoutée l’absence de sanction significative : la Commission européenne, des bureaucrates dépendant , ne peut que faire des observations, mais nul ne peut contraindre un Etat défaillant à retourner à ses engagements. Faute de coordination politique et de contrainte juridique, ce que l’on appelle les « marchés », sanctionnent les cancres. Ces marchés que l’on décrit comme des forces obscures et sans moralité, ne sont en vérité que l’addition des épargnants, des retraités et des institutions financières qui gèrent cette épargne. Le « marché » est en réalité un électeur européen (plus quelques non européens peu nombreux à détenir des dettes européennes) qui s’inquiète pour ses placements : n’est-ce pas légitime ! La dette est pour l’essentiel, de l’argent que certains Européens ont prêté à d’autres Européens. Cette interdépendance explique pourquoi la zone Euro n’éclate pas puisque nul n’en sortirait bénéficiaire.
Les seules solutions relèvent nécessairement d’un bricolage interne, de négociation de maquignon. A plus long terme, cette crise enseigne ainsi trois leçons essentielles. Tout d’abord, en cas de crise économique, telle celle qui a démarré aux Etats-Unis en 2008, il est inutile et plutôt contreproductif de « relancer » l’économie par la dépense publique. Cette vieille lanterne magique inventée par Keynes dans les années 1930, ne crée pas d’emplois durables mais seulement des dettes. La deuxième leçon qui est connexe et miraculeusement, aujourd’hui admise par tous les gouvernements en Europe, à droite comme à gauche, c’est que la dette crée le chômage : tout euro dépensé pour relancer l’économie est un euro en moins pour créer des entreprises et des emplois. Une crise est plus persuasive que mille leçons d'économie: les peuples, disait Hayek, n'apprennent que de leurs propores erreurs.
La troisième et ultime leçon, c’est que la vertu ne suffira pas à faire de l’euro une monnaie aussi fiable que le dollar : l’indépendance de la Banque centrale doit donc être confortée par une institution politique commune, qu’il s’agisse d’un Ministère des Finances européen, d’impôts européens plutôt que nationaux ou de mécanisme automatiques de sanction contre les Etats mal gérés.
L’ancien Président français Jacques Chirac observait souvent que l’Union européenne ne progressait jamais que de crise en crise : ce devrait de nouveau être le cas. Entre le suicide et un renforcement des institutions européennes, c’est toujours la seconde option qui a prévalu et qui prévaudra encore.
( publié à Moscou )
L'Institut international des normes comptables (IASB) s'inquiète des différentes méthodes utilisées par certaines entreprises européennes pour valoriser et passer des dépréciations sur les titres de dette publique grecque, lit-on dans une lettre de l'IASB mise mardi 30 août sur son site internet.
Dans un courrier adressé début août à l'Autorité européenne de contrôle des marchés (Esma), l'IASB met en garde les régulateurs contre le recours par certaines entreprises à des méthodes internes de valorisation de la dette publique de la Grèce plutôt que par utilisation des prix de marché.
L'Institut international des normes comptables ne cite pas nommément les entreprises en question. Mais d'après le Financial Times, qui se réfère à une source ayant eu connaissance du courrier, la lettre de l'IASB vise les banques et les compagnies d'assurance, et en particulier BNP Paribas et CNP Assurances.
"C'est un sujet de grande importance pour nous", écrit dans le courrier Hans Hoogervorst, le président de l'IASB.
"Parce que ce cas (la dette grecque, NDLR) fait clairement apparaître des applications incohérentes, nous jugeons de porter ce sujet à votre attention", poursuit le responsable.
Selon le quotidien britannique, les banques et les compagnies d'assurance européennes auraient par conséquent dû passer des provisions et des dépréciations plus importantes sur la dette souveraine grecque lors de la publication de leurs derniers résultats.
"BNP Paribas a provisionné son exposition sur la Grèce en plein accord avec ses auditeurs et les autorités compétentes, conformément au plan arrêté par l'Union européenne du 21 juillet", a réagi une porte-parole de la banque française.
CNP Assurances n'a en revanche pas souhaité commenter les observations de l'IASB.
La banque et l'assureur français ont chacun annoncé des décotes de 21 % sur leurs actifs grecs, comme convenu fin juillet lors du dernier plan d'aide à Athènes, ayant jugé que la dette grecque ne pouvait être évaluée au prix du marché en raison du manque de liquidité des titres grecs.
Début août, BNP Paribas, qui a passé une charge de 534 millions d'euros sur la Grèce dans ses comptes du deuxième trimestre, a expliqué avoir valorisé ses titres de dette grecque en appliquant un modèle interne de valorisation plutôt qu'en utilisant leurs prix sur le marché, jugés "non représentatifs" par la banque.
Les établissements financiers qui ont en revanche utilisé les prix du marché, comme Royal Bank of Scotland, ont opté pour des décotes beaucoup plus lourdes, de l'ordre de 50 %.
Au total, par des méthodes comptables différentes, les banques européennes ont déprécié quelque trois milliards d'euros sur leurs obligations grecques.
Toutefois, selon les calculs de Citigroup, les banques européennes pourraient encore devoir passer 6,65 milliards d'euros sur la Grèce.
http://lexpansion.lexpress.fr/economie/certaines-valorisations-de-titres-grecs-critiquees-par-l-iasb_261433.html
En clair : les banques européennes et les compagnies d'assurance n'ont pas dit la vérité sur ce que va leur coûter la faillite de la Grèce.
Ce n'est pas beau de mentir !
Petits cachottiers, va !
Rédigé par : BA | 30 août 2011 à 15:31
En conclusion : vivement la tempête !
Rédigé par : Rouget | 30 août 2011 à 16:46
un optimisme pro Européen qui fait plaisir à lire. Espérons que vous ayez raison !
Rédigé par : Le Parisien Liberal | 30 août 2011 à 17:32
Bien dit. Les Cassandre ont toujours eu tort à propos de l'Europe. Alors, continuons. Malgré le manque de vision de ceux qui nous gouvernent. Ou à cause de lui ?
Rédigé par : Account Deleted | 30 août 2011 à 23:33
On pourrait peut-être ajouter à ce plaidoyer pro-euro le fait que les asiatiques voient notre monnaie d'un très bon oeil car elle leur permet de diversifier leurs réserves de change, trop longtemps libellées en dollars.
Les asiatiques, et plus largement les autres émergents. Ce n'est peut-être pas un hasard si ce billet a été posté de Moscou...
Rédigé par : El Oso | 31 août 2011 à 00:50
"Les Cassandre ont toujours eu tort à propos de l'Europe."
Encore un qui n'a pas lu l'Illiade : Cassandre AVAIT toujours RAISON. Sa tragédie (et celle des Troyens) est que les Dieux avaient décidé qu’elle ne serait jamais crue.Elle s’est attirée les foudres des anciens Troyens, aveugles et sourds à ses appels lucides.
Le problème d'aujourd'hui, c'est la cupidité des banques et des grosses entreprises qui veulent des profits énormes, oubliant que leur vrai métier est de fournir des bons produits et des services de qualité. Le métier des banques et des grosses entreprises n'est pas de produit coût que coût de l'argent ! L'art de la finance réside dans l'arbitrage entre risque et rendement. Or les modélisations financières actuelles visent à déporter le risque sur d'autres acteurs (l'Etat et les ménages modestes, entre autres) que le souscripteur du produit financier. La finance actuelle n'est plus "l'arbitrage entre le rendement et le risque". Ce serait plutôt "le rendement pour les financiers + le risque maximum pour tous les autres". Puisque l'Etat assume le risque, les banques sont incitées à pousser à fond la recherche du rendement. Les Cassandres voient la catastrophe inévitable, mais les politiens, comme les anciens Troyens, préfèrent ne pas les croire.
Rédigé par : Empereur | 31 août 2011 à 07:58
Exposition de BNP Paribas à la Grèce : 8,499 milliards d’euros.
Exposition du Crédit Agricole à la Grèce : 27,096 milliards d’euros.
Exposition de BPCE à la Grèce : 1,720 milliard d’euros.
Exposition de la Société Générale à la Grèce : 6,592 milliards d’euros.
Total : les quatre banques françaises sont exposées à la Grèce pour 43,907 milliards d’euros.
Autrement dit : les quatre banques françaises sont exposées à la Grèce pour 63,422 milliards de dollars.
En ce qui concerne La Banque Postale :
La Poste a vu son bénéfice net reculer de 21,2 % à 377 millions d’euros au deuxième trimestre en raison d’une provision de 158 millions d’euros liée à la dépréciation des titres grecs détenus par La Banque Postale, sa filiale bancaire.
Conclusion :
La Banque des Règlements Internationaux, BRI, (en anglais : Bank for International Settlements, BIS) donne les détails dans la table 9E, page 102 :
http://www.bis.org/publ/qtrpdf/r_qa1106.pdf
Grèce :
Prêts des banques françaises au secteur public grec, aux banques grecques, au secteur privé non-financier : 56,740 milliards de dollars.
« Other potential exposures » ( = dérivés, garanties étendues, engagements de crédits) : 8,307 milliards de dollars.
Total : 65,047 milliards de dollars.
Rédigé par : BA | 31 août 2011 à 09:58
Qu’est-ce qu’on fait des cinq Etats insolvables de la zone euro ? Le cas le plus énorme : la Grèce. En Grèce, l’Etat est insolvable. Alors, qu’est-ce qu’on fait ?
Deuxième question : les banques françaises sont exposées à la Grèce pour 45,268 milliards d’euros, soit 65,047 milliards de dollars. Alors, qu’est-ce qu’on fait ?
Troisième question : en Grèce, le ministère des Finances avait commandé un rapport aux commissaires aux comptes du Parlement grec. Mercredi 31 août, ils ont rendu leur rapport : « la dette grecque est hors de contrôle. » Alors, qu’est-ce qu’on fait ?
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/economie/20110831.REU2362/la-dette-grecque-hors-de-controle-dit-une-commission-d-experts.html
Rédigé par : BA | 31 août 2011 à 21:52
Recapitalisation des banques européennes : une facture à 200 milliards d'euros ?
Le débat sur la recapitalisation des banques européennes, lancé par Christine Lagarde, continue de provoquer de sérieux remous. Le divorce semble même consommé entre le Fonds monétaire international (FMI) et les autorités et les banques européennes.
En cause cette fois-ci, comme l'a révélé jeudi 1er septembre le « Financial Times », une note de travail du FMI (non avalisée par le conseil de l'institution) estimant que les banques européennes verraient leurs fonds propres « durs » fondre de 200 milliards d'euros (soit 10 à 12 % du total) si elles devaient comptabiliser en « valeur de marché » leur exposition au risque souverain de six pays (Grèce, Irlande, Portugal, Italie, Espagne, Belgique). Un argument de plus en faveur de ceux qui estiment que les banques européennes sont sous-capitalisées, contrairement aux affirmations des derniers « stress tests », menés en juillet sous l'égide de l'Autorité bancaire européenne (EBA).
Les banques allemandes et françaises ont vivement contesté les craintes du FMI. Selon la Fédération bancaire française, les banques sont « bien capitalisées ». D'une même voix, banques, gouvernements de la zone euro et BCE contestent la méthodologie du FMI, jugée « partiale et trompeuse ». La polémique est pour partie technique : les experts de Washington fondent leur calcul sur le prix des CDS (Credit default swaps), un indicateur de risque dont l'efficience est douteuse. En outre, comme les banques américaines, ils considèrent que les titres obligataires détenus par les banques doivent être comptabilisés en « valeur de marché ».
Mais ce débat comptable pose deux questions capitales.
La première, c'est l'opacité persistante des bilans bancaires. En résumé, les banques européennes estiment que les dettes souveraines, inscrites pour l'essentiel dans leurs portefeuilles bancaires (banking book), seront remboursées à maturité et qu'il n'y a donc pas lieu de provisionner dès lors que le risque n'est pas « avéré ». Et quand ce dernier est « avéré », comme sur la dette grecque, les banques sont libres d'apprécier le montant de la provision à constituer avec leurs modèles internes.
En juin 2011, plusieurs commissaires aux comptes, de plus en plus mal à l'aise avec la position des banques françaises, ont provoqué une réunion informelle avec les régulateurs pour faire le point sur cette question avant la clôture des comptes. Et, fait exceptionnel, le Bureau des standards comptables internationaux s'est publiquement ému auprès de la Commission européenne des différences de traitement comptable appliqué à la dette grecque par les banques. Alors que les « stress tests » ont perdu beaucoup de crédibilité, personne ne connaît le montant des provisions, et ne peut donc réellement évaluer la qualité d'un bilan bancaire. C'est l'une des principales raisons de la faible valorisation du secteur en Europe, qui capitalise à peine 0,7 fois l'actif net contre 2,1 fois en 2006.
Derrière le bras-de-fer entre l'Europe et le FMI se cache également une question politique : le remboursement à maturité des dettes souveraines renvoie en effet à la crédibilité du plan de sauvetage européen à enrayer la crise grecque et sa contagion dans les autres pays surendettés. Les économistes du FMI en doutent.
Rédigé par : BA | 02 septembre 2011 à 11:15
Vendredi 2 septembre 2011 :
Grèce : taux des obligations à un an : 72,054 %. Record historique battu.
http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GGGB1YR:IND
Grèce : taux des obligations à 2 ans : 47,202 %. Record historique battu.
Grèce : taux des obligations à 10 ans : 18,282 %. Record historique battu.
Rédigé par : BA | 02 septembre 2011 à 21:33
A ce stade, les yields ne veulent plus dire grand-chose. Ce qu'il faut regarder, c'est le "dollar price"...
Rédigé par : Avidadollars | 03 septembre 2011 à 04:04
Au contraire, les yields veulent dire une chose très importante :
les yields veulent dire que tous les soi-disant "plans de sauvetage", que tous les soi-disant "Fonds de Stabilité", que toutes les centaines de réunions des dirigeants européens depuis deux ans ...
... n'ont eu strictement aucune efficacité.
Au contraire, les tumeurs cancéreuses se sont propagées dans plusieurs pays européens.
Rédigé par : BA | 03 septembre 2011 à 09:56
Lundi 5 septembre 2011 :
Grèce : taux des obligations à un an : 82,154 %. Record historique battu.
http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GGGB1YR:IND
Grèce : taux des obligations à 2 ans : 50,376 %. Record historique battu.
Grèce : taux des obligations à 10 ans : 19,312 %. Record historique battu.
Rédigé par : BA | 05 septembre 2011 à 19:05
Cette semaine, trois Etats européens ont emprunté sur les marchés internationaux : la France, le Portugal, la Grèce. Nous pouvons donc comparer la confiance que ces trois Etats européens inspirent aux investisseurs internationaux.
Pour un emprunt à 3 mois :
Mercredi 7 septembre 2011, la France a lancé un emprunt à 3 mois : elle a dû payer un taux d'intérêt de 0,554 %. C'est à peu près le taux d'intérêt que doit payer l'Allemagne : pour un emprunt à 3 mois, l'Allemagne doit payer environ 0,540 %.
Mais en revanche, le même jour, le Portugal a dû payer un taux d'intérêt de 4,959 % ! Les taux étaient en hausse par rapport à la précédente émission.
Pour un emprunt à 6 mois :
Mercredi 7 septembre 2011, la France a lancé un emprunt à 6 mois : elle a dû payer un taux d'intérêt de 0,564 %. C'est à peu près le taux d'intérêt que doit payer l'Allemagne : pour un emprunt à 6 mois, l'Allemagne doit payer environ 0,550 %.
Mais en revanche, la veille, mardi 6 septembre 2011, la Grèce avait dû payer un taux d'intérêt de 4,8 % ! Tous ces chiffres montrent ce qui se passe en zone euro :
- Les Etats européens riches (France, Allemagne, Pays-Bas, Autriche, Finlande, etc) continuent à emprunter à des taux d'intérêt de plus en plus bas.
- Les Etats européens en faillite ne peuvent même plus emprunter sur les marchés internationaux pour des emprunts à un an, à deux ans, à trois ans, à quatre ans, ... Sinon, ils devraient payer des taux d'intéret démentiels.
- Les Etats européens en faillite sont condamnés à se financer en empruntant à trois mois et à six mois : les Etats européens en faillite doivent payer des taux d'intérêt exorbitants.
- Les Etats européens en faillite foncent vers le défaut de paiement.
http://www.europe1.fr/Economie/Le-Portugal-emprunte-854-M-d-euros-705933/
Rédigé par : BA | 08 septembre 2011 à 07:33
Jeudi 8 septembre 2011 :
Grèce : le PIB au 2ème trimestre s'est enfoncé plus qu'annoncé : - 7,3 % sur un an.
L'Autorité des statistiques grecques a révisé jeudi à la hausse, à - 7,3 % sur un an, la contraction du produit intérieur brut (PIB) grec au deuxième trimestre, contre une baisse évaluée à - 6,9 % par de premières estimations.
Cette nouvelle estimation, toujours provisoire mais incluant de nouvelles données, révise aussi à la hausse le recul du PIB au premier trimestre, à - 8,1 %.
http://www.romandie.com/news/n/_ALERTE___Grece_PIB_au_2e_trimestre_s_est_enfonce_plus_qu_annonce__73_sur_un_an080920111309.asp
Grèce : taux des obligations à un an : 94,716 %.
Grèce : taux des obligations à 2 ans : 55,050 %. Record historique battu.
Grèce : taux des obligations à 10 ans : 20,127 %. Record historique battu.
Rédigé par : BA | 08 septembre 2011 à 21:30
Vendredi 9 septembre 2011 :
Grèce : taux des obligations à un an : 97,964 %. Record historique battu.
http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GGGB1YR:IND
Grèce : taux des obligations à 2 ans : 56,976 %. Record historique battu.
Grèce : taux des obligations à 10 ans : 20,555 %. Record historique battu.
Rédigé par : BA | 09 septembre 2011 à 20:21
Je vous le dis. Soit il y aura intégration et eurobonds, soit désintégration et euro-rien.
Quel dommage que l'idéalisme naïf l'ait une fois de plus emporté sur le pragmatisme réaliste. Fallait y'aller molo sur l'extension de l'Euro, et surtout, passer les comptes des uns et des autres au peigne fin. Et puis consolider et intégrer avant d'ajouter.
Mais comment construire une Europe avec des filous à la Grecque et des arnaqueurs à la Berlusconi... Et sans gouvernement supra-états, à l'américaine. Vraiment compliqué. Voire impossible, dixit la situation actuelle.
Rédigé par : ETF | 09 septembre 2011 à 20:34
"Soit il y aura intégration et eurobonds, soit désintégration et euro-rien."
... et comme les Etats européens riches répètent qu'ils sont contre les eurobonds, il y aura désintégration et euro-rien.
Vendredi 9 septembre 2011 :
Grèce : CDS à 5 ans : 3 399 634 dollars pour un prêt de 10 millions de dollars. Record historique battu.
http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=CGGB1U5:IND
Payer 3 399 634 dollars chaque année pendant 5 ans pour se couvrir d'un défaut de paiement de la Grèce !
Nous sommes entrés dans la Quatrième Dimension !
Rédigé par : BA | 10 septembre 2011 à 09:26
Samedi 10 septembre 2011 :
La signification de la démission de Jürgen Stark : cette démission signifie que la France n'est plus dans le groupe des Etats européens du Nord. Cette démission signifie que la France vient de basculer dans le groupe des Etats européens périphériques.
1- Le groupe des Etats européens du Nord était jusqu'à présent constitué des Etats du coeur de l'Europe, du Nord de l'Europe, et la France en faisait partie.
La caractéristique de ce groupe est la suivante : les Etats européens du Nord ne veulent pas payer pour sauver les Etats européens périphériques.
Exemple numéro 1 : jeudi 30 juin 2011, le Royaume-uni, l'Allemagne, la France, les Pays-Bas, la Finlande, le Danemark et la Suède déclarent qu'ils ne veulent pas que le budget de l'Union Européenne soit porté à 1,11 % du PIB de l'Union Européenne. Ils veulent que le budget de l'UE reste au niveau ridicule de 1 % du PIB de l'UE.
Exemple numéro 2 : les Etats européens du Nord ne veulent pas la création des eurobonds.
Exemple numéro 3 : les dirigeants de la BCE originaires des Etats européens du Nord ne veulent pas que la BCE rachète les obligations des Etats européens périphériques. L'Allemand Jürgen Stark était notoirement opposé à cette action, rejoint en cela par le patron de la Bundesbank, l'Allemand Jens Weidmann, ou encore le Néerlandais Klaas Knot.
Lisez cet article très important :
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2011/09/09/04016-20110909ARTFIG00668-la-bce-se-dechire-sur-la-strategie-pour-sauver-l-euro.php
2- Le groupe des Etats européens périphériques était jusqu'à présent constitué des cinq Etats européens en faillite : Portugal, Irlande, Italie, Grèce, Espagne.
La caractéristique de ce groupe est la suivante : les Etats européens périphériques sont en faillite, et ils veulent que les Etats européens du Nord paient davantage pour les aider.
Exemple numéro 1 : les Etats européens périphériques veulent que le budget de l'UE soit augmenté de façon massive.
Exemple numéro 2 : les Etats européens périphériques veulent la création des eurobonds.
Exemple numéro 3 : les Etats européens périphériques veulent que la BCE rachète massivement leurs obligations d'Etat.
Conclusion : la zone euro est en train de se disloquer. Les Etats européens ne sont pas d'accord entre eux. Leurs intérêts ne sont pas les mêmes. Et en plus, à l'intérieur même de la BCE, les dirigeants de la BCE ne sont pas du tout d'accord entre eux.
Conclusion numéro 2 : samedi 10 septembre 2011, la zone euro s'est brisée en deux groupes d'Etats :
- le groupe des Etats européens du Nord
- et le groupe des Etats européens périphériques : Portugal, Irlande, Italie, Grèce, Espagne, France.
Rédigé par : BA | 10 septembre 2011 à 16:29
Samedi 10 septembre 2011 :
Le ministre allemand des Finances prédit une faillite de la Grèce.
Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, se prépare à une faillite de la Grèce, affirme l'hebdomadaire allemand der Spiegel à paraître dimanche.
Selon le journal, les fonctionnaires du ministère ont élaboré deux scénarios : dans un premier cas, la Grèce garde l'euro, dans le second elle réintroduit la drachme.
Un porte-parole du ministère allemand des Finances n'était pas immédiatement joignable pour commentaire.
Dans les scénarios développés par Berlin, le Fonds européen de stabilité financière (FESF) devrait jouer un rôle clé.
Seraient proposées des lignes de crédit préventives censées porter secours à l'Espagne et l'Italie, au cas où les investisseurs ne voudraient plus payer après une faillite de la Grèce.
Les banques de nombreux pays européens devraient également nécessiter les aides du fonds.
http://www.liberation.fr/economie/01012359100-le-ministre-allemand-des-finances-predit-une-faillite-de-la-grece
Rédigé par : BA | 10 septembre 2011 à 20:08
Dimanche 11 septembre 2011 :
Une mise en faillite bien ordonnée de la Grèce n'est plus un sujet tabou, déclare Philipp Rösler, ministre de l'Economie allemand et chef de file des libéraux du FDP, partenaire de la CDU d'Angela Merkel au sein de la coalition au pouvoir à Berlin.
Cette prise de position intervient au lendemain de la publication par le magazine Der Spiegel d'un article disant que le ministre des Finances allemand étudiait l'impact potentiel d'un défaut de la Grèce, imaginant plusieurs scénarios dont l'abandon de l'euro par Athènes.
Et, signe que la persistance de la crise de la dette inquiète profondément en Allemagne, l'ancien ministre des Affaires étrangères Joschka Fischer a déclaré que l'euro pourrait s'effondrer sous le poids de la crise.
Le fait que les ministres des Finances et banquiers centraux du G7 n'aient fait aucune annonce nouvelle vendredi, à part celle disant qu'ils répondaient de façon forte et coordonnée aux défis posés par le ralentissement de la croissance, par les déficits publics et les dettes souveraines, ne devrait pas dissiper les craintes existant en Allemagne et ailleurs en Europe.
Le ministre des Finances slovaque Ivan Miklos a déclaré dimanche qu'un défaut d'un des membres de la zone euro comporterait des risques de contagion, tout en ajoutant que le Fonds européen de stabilité financière (FESF) devrait créer les conditions pour limiter ces risques.
"Pour stabiliser l'euro, il ne peut plus y avoir de tabous. Cela doit inclure, si nécessaire, une faillite bien ordonnée de la Grèce si les instruments nécessaires à cette fin sont disponibles", déclare le ministre de l'Economie Philipp Rösler dans une tribune publiée dimanche par le journal Die Welt.
Il demande également à ce que des sanctions automatiques soient imposées aux pays endettés n'ayant pas honoré leurs engagements.
"Si les règles ne sont pas respectées, il faut qu'il y ait des sanctions sévères, et si ces violations se multiplient, une suspension temporaire des droits de vote au sein de Conseil des ministres de l'Union européenne ne devrait pas être un tabou."
La CSU, parti frère de la CDU en Bavière, également membre de la coalition au pouvoir à Berlin, veut de son côté menacer les pays trop endettés d'une éjection de la zone euro, selon un document obtenu samedi par Reuters.
Selon le Spiegel, que la Grèce reste ou non dans la zone euro, les responsables allemands sont d'avis que le FESF jouera un rôle clef dans la gestion d'un éventuel défaut du pays.
La magazine ajoute que le FESF devrait être équipé le plus vite possible des nouveaux pouvoirs qui avaient été définis par les dirigeants européens le 21 juillet dernier.
Un porte-parole du ministère des Finances a refusé de commenter l'article du Spiegel, tout en disant que Berlin travaillait à la mise en place de l'accord du 21 juillet, facteur de divisions en Allemagne.
"La situation en Europe n'a jamais été aussi sérieuse. Jusqu'à présent, je ne pensais pas que l'euro pouvait échouer, mais si les choses continuent comme cela, alors il va s'effondrer", déclare Joschka Fischer dans le journal Bild am Sonntag.
http://fr.reuters.com/article/frEuroRpt/idFRLDE78A05O20110911
Rédigé par : BA | 11 septembre 2011 à 21:22