Conques,
Parce que Paulin Ratier , inventeur de l'hélice d'avion , naquit à Montmurat dans le Cantal, il installa son usine dans la région, à Figeac (en 1917), un coin de France riche en bois de scieries, en un temps où les hélices étaient en bois. Voici pourquoi la zone industrielle de Figeac contribue aujourd'hui à la prospérité du Lot et à la construction des Airbus à Toulouse.
Cette anecdote contée par Martin Malvy, président du conseil régional Midi-Pyrénées, a servi d'introduction judicieuse au Congrès du Conseil national des economies régionales à Conques, en Aveyron : le Cner fédère, depuis bientôt soixante ans, les agences de développement des collectivités locales et les comités d'expansion économique. L'objet de ce congrès était de s'interroger sur les actions possibles en temps de crise qui contribueraient à l'aménagement du territoire et à une économie plus prometteuse. Eh bien, il faut des Paulin Ratier, des entrepreneurs avec un ancrage local : eux créent des richesses et de l'emploi, bien plus qu'on ne sait trop quelle "relance" publique par l'Etat. Repérer les Ratier contemporains (ou les faire revenir au "pays") est la mission nouvelle des agences de développement, bien plus désormais que d'aller prospecter des entreprises aux Etats-Unis ou au Japon comme cela se pratiquait naguère.
La mondialisation, paradoxalement, peut aussi contribuer au réveil économique des territoires parce que le consommateur inondé de produits bon marché, mais indistincts, est en quête de marques évocatrices. L'Aveyron, à cet égard, est bien doté avec les couteaux de Laguiole, les gants de Millau, les fromages de Roquefort, l'Abbatiale de Conques et le futur Musée Pierre Soulages à Rodez ( Soulages est aussi l'auteur des vitraux de Conques). Laguiole et Millau, qui avaient sombré dans l'oubli, sont de nouveau en effervescence, grâce à une diversification vers le haut de gamme de leurs productions traditionnelles.
L'histoire de notre pays a parsemé toutes les régions de "marques" célèbres et parfois endormies, et de Ratier potentiels. Les temps sont propices à leur réveil mieux que des discours généralistes sur l'aménagement du territoire. Bien entendu, autoroutes, TGV, aéroports et fibre optique qui relient tout canton de France au marché mondial, ne nuisent pas.
Règle d'avenir :
Ne jamais gagner d'argent dans le pays où tu vis, cela encourage les ponctionnaires locaux.
Dans les pays hyper-parasités par les ponctionnaires comme la France, on comprend donc mieux l'encouragement à vivre et consommer local, à relocaliser, sur-localiser...
En d'autres termes, rajouter les chaines les unes aux autres...
Les Français sont attachés à leur sécurité sociale. "Attacher, certes, ligotés même !" (Pierre Lance).
Mais SURTOUT PAS ! Il faut s'échapper, quoique cela puisse couter affectivement (pour moi la perte de mes enfants et mon viscéral attachement à mon pays natal que cette France vampirique recouvre).
Rédigé par : josick d'esprit agricole | 16 septembre 2011 à 14:09
Vous en France vous avez Paulin Ratier et en Suisse nous avions Nicolas Hayek qui sauva l'industrie horlogère suisse.
D.J
Rédigé par : D.J | 16 septembre 2011 à 17:35
Guy, Paulin Ratier avec ses helices d'avions en 1917 etait un innovateur. Les couteaux Laguiole, les gants de Millau et les bons Roquefort, ca n'est pas exactement de l'innovation... On en revient un peu au meme en ce qui est des points forts de la France: le luxe et ses marques mondialisees et les armes/avions performants. Point. Essayer de transformer Laguiole, Millau, Roquefort et autres en grande marques, pourquoi pas, mais c'est dans la meme lignee des marques de luxe.
Nous avons besoin d'innovations. Non?
Rédigé par : Avidadollars | 16 septembre 2011 à 18:05
Les parfums Roquefort, voilà une idée!
Rédigé par : ETF | 16 septembre 2011 à 18:40
Ecrasons complètement l’opposition de la ligne révolutionnaire collectiviste ! Menons résolument à son terme la Grande Révolution Libérale ! Défendons à mort Guy Sorman ! Défendons à mort la pensée de Guy Sorman ! Vive notre respecté et bien-aimé chef Guy Sorman ! Vive, vive, vive Guy Sorman !
Rédigé par : Le F.C.U.B.J.F. | 17 septembre 2011 à 00:42
Non la France n'a pas que le Roquefort, les couteaux Laguioles et les armes comme atout competitif!
N'oublions pas le tourisme, qui est une vraie force:
(http://m.vacancespratiques.com/La-France-bien-placee-dans-le-classement-mondial-du-tourisme_a14179.html)
Savons-nous l'exploiter suffisament? Sommes-nous reellement accueillants vis-a-vis de nos visiteurs du monde entier?
Rédigé par : Philippe | 17 septembre 2011 à 12:48
Ratier, Hayek ( celui des Swatch) ,même combat : avec du vieux, ils firent du neuf et suscitèrent d'immenses progrès. Je viens d'expliquer cela à Genève lors d'un colloque de philosophes, sans provoquer l'enthousiasme. Genève , il est vrai, est une terre d'utopie , berceau de Calvin et JJ Rousseau: quel fardeau idéologique!
Rédigé par : Guy Sorman | 17 septembre 2011 à 16:23
Le tourisme, c'est vrai, j'oubliais le tourisme. Et de plus, les marques locales types Laguiole, Roquefort etc... vont tres bien avec le tourisme. Mais c'est le syndrome de Venise: La France devient un musee et n'a plus voix au chapitre comme avant.
Rédigé par : Avidadollars | 17 septembre 2011 à 16:41
@ Guy Sorman,
La prochaine fois, parlez de cela à un colloque d'entrepreneurs. Vous serez applaudis des deux mains.
D.J
Rédigé par : D.J | 17 septembre 2011 à 19:00
"des entrepreneurs avec un ancrage local".
De mieux en mieux. Guy Sorman découvrait hier les mérites de l'économie sociale et solidaire. Il s'aventure désormais vers les thèses identitaires : l'économie n'est pas détachée des ancrages culturels, elle n'est pas une sorte d'atome évoluant indépendamment des peuples, des terroirs, des traditions et des communautés.
Encore un effort, et GS va nous expliquer qu'il faut relocaliser et que le libre-échange intégral a fait long feu.
Ce que l'histoire de Paulin Ratier nous enseigne, c'est l'importance des racines, des identités, y compris quand on croit à l'innovation comme moteur du progrès économique et social.
Car enfin, ce Paulin Ratier est le fils d'une culture, c'est une homme enraciné, un inventeur, un entrepreneur, le contraire d'un trader obsédé par les cours de la bourse ou les perspectives du futur bonus.
Alors, la relance publique est toujours aussi inefficace, peut-être (2 à 3 millions d'emplois sauvés ou créés aux USA avec le plan Obama tout de même).
Mais le dogme d'une économie mondialisée détachée de toute contingence sociale et identitaire et livrée à la seule loi des marchés financiers en prend un coup.
Rédigé par : Emmanuel | 17 septembre 2011 à 23:32
Moi je veux bien qu'on recapitalise les banques françaises, mais en tant que contribuable, je veux des actions en échange.
Rédigé par : ETF | 18 septembre 2011 à 00:42
Bonjour,
"la zone industrielle de Figeac contribue aujourd'hui à la prospérité du Tarn"
Je viens régulièrement sur votre blog que j'apprécie beaucoup, j'en profite pour préciser que je suis Figeacois pur produit local, et que nous sommes dans le département du Lot et non du Tarn. Cela a de l'importance quand on parle de "territoires", déjà que dans le Nord de la France beaucoup disent "Lot et Garonne" pour parler de chez nous, enfin !!! Le Lot : Cahors et son vin, Rocamadour, St Cirq Lapopie...
Ah oui, désolé de casser le mythe mais Ratier-Figeac a été racheté il y a une dizaine d'années par une entreprise américaine Hamilton Sundstrand du groupe UTC (United Technologies Company). Il fut un temps où la France créait, produisait et finançait. Aujourd'hui, sans la capitalisation américaine, une usine comme Ratier-Figeac ne soutient pas la concurrence dans le domaine aéronautique. C'est ainsi. On peut le regretter, mais soyons honnêtes... et humbles.
Rédigé par : laurent | 18 septembre 2011 à 03:56
A Laurent: pardon d'avoir promené Figeac dans le Tarn. Je viens de le remettre dans le Lot.
Au moinsse, je ne confonds pas le Lot et le Lot et Garonne car je suis né à Nérac.
Oui, Ratier a été racheté par une entreprise américaine mais n'en reste pas moins à Figeac. Des éléments d'Airbus sont bien construits aux Etats-Unis et des pièces pour Boeing sont fabriquées en France. Et Sodexo, entreprise française ( créée à Marseille par Pierre Bellon, en 1965, pour nourrir les ouvriers des chantiers navals) sert des repas aux soldats américains en Afghanistan et en Irak.
Rédigé par : Guy Sorman | 18 septembre 2011 à 09:49
Bonjour Guy,
entièrement d'accord avec vous, Ratier est resté à Figeac alors qu'une métropole régionale comme Toulouse ou Bordeaux aurait pu faire fuir l'usine de chez nous, mais à Figeac les Américains ont apprécié le savoir-faire et la rigueur des employés figeacois... mais également leur bas salaire par rapport à ceux des grandes villes.
La mondialisation est étonnante car nous vivons une ère où les échanges sont loin d'être stéréotypés.
Rédigé par : laurent | 18 septembre 2011 à 13:14
Mais comment espèrer prospérer dans cette France qui n'assure pas la sécurité juridique et qui a la haine de ceux qui font de l'argent ?
Il faut vraiment être zombie social pour ne pas prendre connaissance de cette réalité et persister dans l'aliénation...
Rédigé par : josick d'esprit agricole | 18 septembre 2011 à 15:34
Personne ne se pose la question de savoir qui est le proprio de Ratier aujourd'hui?
et le niveau d'invest. en Afrique du nord de l'entreprise !
Rédigé par : s. Veyser | 07 novembre 2011 à 09:42