Toyo, Revue Chuo Koron.
D'emblée, reconnaissons que l'auteur ici présent ne sera pas impartial. J'aime et je connais le Japon depuis bientôt cinquante ans. Cette passion, je la dois au cinéaste Akira Kurosawa. J'ai eu l'honneur de le connaître, bien longtemps après que son chef-d'œuvre Rashomon me fit découvrir ce qu'était le cinéma. Rashomon m'avait incité, jeune étudiant, à apprendre à Paris, - sans grand succès - la langue japonaise et à m'initier avec un peu plus de résultats, à la civilisation japonaise. Ma passion fut, plus tard, légitimée par mon maître à penser, le grand anthropologue français Claude Lévi-Strauss. Lui considérait que les Japonais constituaient le peuple qui, seul peut-être, était parvenu à synthétiser en un ensemble cohérent, ses traditions et ce qu'il est convenu d'appeler la modernité, c'est-à-dire la technique et la science telles que conçues en Europe. Trente ou quarante ans après que Lévi-Strauss a formulé ce jugement, il me paraît toujours plus exact : en Asie particulièrement, bien que ce ne soit pas facilement reconnu ni avoué, le Japon reste ce que les nations émergentes, comme la Corée du Sud et la Chine, aimeraient à terme devenir : authentiques et modernes. Et pourtant, cette vision positive du Japon, sans qu'elle soit une admiration béate ni une quête d'exotisme, est aujourd'hui contestée, voire passée sous silence. Le Japon, vu d'Occident, est comme passé de mode, éclipsé par une curiosité sans limite et parfois sans raison pour la Chine. Tout se passe en Europe et aux Etats-Unis comme si les journalistes, les diplomates, les entrepreneurs avaient perdu tout sens commun, à commencer par celui de l'arithmétique : le revenu par habitant est au Japon dix fois ce qu'il est en Chine, ce qui implique par exemple qu'1% de croissance au Japon apporte à chaque Japonais un supplément de richesse équivalent à ce que rapporte à un Chinois 10% de croissance. Il ne s'agit pas ici de comparer ni de classer des nations si distinctes qui jusqu'à plus ample informé, ne sont pas engagées dans une compétition ; mais le Japon reste, qu'il s'agisse de son économie, de sa production culturelle, de sa capacité d'innovation (mesurable par exemple en nombre de brevets déposés chaque année), voire de sa capacité de défense, la grande puissance de l'Asie, ou plutôt en Asie, car le Japon est à la fois d'Orient et d'Occident.
Il est devenu banal de ne commenter les affaires japonaises qu'au travers des lunettes du déclin économique et démographique ou de l'instabilité pathologique de ses gouvernements. On a parlé de la décennie perdue de 1990-2000 et maintenant de la seconde décennie perdue en attendant la troisième et une inéluctable sortie de l'Histoire. Là-dessus, la tragédie du 11 mars 2011, une succession de catastrophes naturelles - le tsunami-, puis scientifiques - Fukushima, et économiques - la récession japonaise s'ajoutant à la récession mondiale, a été ressentie en Occident comme un signe supplémentaire de ce que le Japon avait comme perdu le Mandat du Ciel. Pas si vite ! Car le 11 mars peut aussi être interprété comme l'aube d'une ère nouvelle.
Ce ne serait pas la première fois dans l'histoire du Japon qu'un drame suscite une renaissance nationale : des Bateaux noirs de 1853 est né le Japon moderne, de Hiroshima est né le Japon démocratique, de la crise pétrolière de 1973 a surgi le Japon leader de l'innovation industrielle. On ne sait pas encore si du 11 mars 2011 naîtra un Japon nouveau mais il en surgit déjà un Japon différent que nous allons maintenant essayer d'analyser : une tentative éclairée par trois séjours au Japon et plusieurs dizaines d'entretiens en janvier 2011, avant le drame, puis avril 2011, alors que les cendres n'étaient pas dissipées, puis en août 2011 quand le paysage futur, selon nous, commençait à se dessiner. Ces séjours de 2011 n'ont de sens que précédés par bien d'autres, innombrables, chaque année depuis 1967 : tous ces Japons et tous ces Japonais que j'ai pu connaître, éclairent mon cheminement.
Permanence du sentiment japonais
Ce qui, à partir du 11 mars, aura le plus stupéfait le monde extérieur et pas mal de Japonais eux-mêmes, c'est combien les Japonais étaient restés japonais, sous le vernis de la modernité occidentale. L'extrême sérénité manifestée par la nation entière, face à la mort, la discipline, la solidarité, tels furent les commentaires unanimes. Cette fortitude nationale a démenti tous les commentateurs nostalgiques de la civilisation perdue. Ainsi Masahiko Fujiwara, auteur à succès, vendait-il avant le 11 mars des millions de livres où il déplorait que l'occidentalisation du Japon avait détruit tout esprit communautaire, tout sentiment de solidarité et ce qu'il est convenu sous sa plume, d'appeler le Bushido. Or, le 11 mars 2011, n'est-ce pas cet esprit communautaire, ce sang-froid, ces solidarités, soi-disant anéantis, qui ont caractérisé le comportement national ? Les ouvriers retraités des centrales de Fukushima se sont spontanément portés volontaires pour contenir les dégâts, bravant les risques d'irradiation. Les étudiants de tout le Japon se sont rendus sur les lieux du désastre pour porter secours aux victimes et aux réfugiés. Cette jeunesse que l'on estimait au Japon totalement imbue de son propre individualisme, jusqu'au repli total sur soi des Otaku, s'est révélée spontanément, d'esprit communautaire.
On se demande comment s'est perpétuée cette culture de solidarité que semblaient nier les comportements des adolescents ? Ce n'est pas du côté de l'école et des manuels que l'on trouvera une explication. Ce n'est pas non plus en se référant comme le fait Fujiwara et d'autres nationalistes à une quelconque "ADN nippone" : l'ADN ne véhicule pas la culture. Pour ma part, j'ai trouvé l'explication là où on ne la recherche pas d'ordinaire, dans les mangas de Taniguchi, en particulier Le Journal de mon père : Jiro Taniguchi y narre combien, des années après être devenu un Tokyoïte branché, il s'en revient au village de ses origines, à la recherche de son passé, à l'occasion malheureuse des obsèques de son père : en clair, le lien familial, la transmission familiale, pérennise ce qu'il est convenu d'appeler, pour faire court, les valeurs japonaises. Celles-ci se sont retrouvées quantifiées par une étude du RIETI, centre de recherche du METI, Ministère de l'Economie, du commerce et de l'industrie, qui révélait en mai 2011 la hiérarchie des valeurs chez les jeunes Japonais : venaient en premier la famille, puis la communauté. Cette hiérarchie enregistrait la permanence d'un sentiment national qu'était venu renforcer la catastrophe du 11 mars. Dans cette même enquête, 58% des jeunes de 20 à 39 ans déclaraient "qu'après le 11 mars, leur conception de la vie avait changé".
Les nouveaux héros
Le 11 mars aura été comme le révélateur bien involontaire de comportements positifs voire héroïques et qui n'ont pas surgi nécessairement des lieux que l'on attendait. L'Empereur et son épouse eurent un comportement exemplaire fait de dignité et de compassion, auxquels, me dit-on, tous les Japonais ont été sensibles, qu'ils soient favorables ou non à l'institution impériale. Celle-ci qui est loin de faire l'unanimité en temps ordinaire, a en quelque sorte retrouvé sa mission historique qui est d'incarner la nation quand celle-ci traverse les moments les plus troubles de son Histoire. Les Japonais n'en attendaient pas moins du couple impérial ! Eh bien, il fut à la hauteur des attentes, un peu au-dessus même et que n'aurait-on pas entendu s'il avait manifesté la moindre défaillance dans l'exercice de son devoir immémorial.
Autre acteur positif surgi du drame : les forces de défenses du Japon. Les militaires japonais ne bénéficiaient pas avant le 11 mars d'un grand prestige dans l'ensemble de la population, ni d'une image très sympathique. Bien pire, les experts militaires dénonçaient la sclérose d'une armée qui, depuis la chute de l'URSS, persistait à regrouper ses forces à Hokkaido pour contrer une attaque soviétique alors qu'à l'évidence, la menace théorique d'une agression chinoise s'était déplacée vers le sud de l'Archipel. Cette armée que l'on croyait sclérosée a été capable, dans les 24 heures suivant le tsunami, de rassembler cent mille hommes sur le terrain des opérations. À cette prouesse logistique inattendue s'est ajoutée, à l'émerveillement général, une efficacité dans les secours, une discipline remarquable des soldats, une grande modestie dans les comportements et le partage de la vie difficile des réfugiés. On aura observé, en cette occasion, la parfaite coordination des troupes japonaises au sol avec la Marine américaine, le porte-avions Ronald Reagan, ancrés au large des côtes orientales. Le Pr Naoyuki Agawa à l'Université Keio m'assure que les stratèges de la Chine continentale ont observé avec une attention soutenue ce déploiement des forces qui les conduira à réviser leur jugement hâtif sur la puissance militaire du Japon. On se demandera aussi si les quelques volontaires chinois envoyés au Tohoku par leur gouvernement n'étaient pas chargés d'observer au moins autant que de manifester leur solidarité. Ce 11 mars pourrait fort bien avoir modifié en profondeur l'évaluation des rapports de force en Asie et calmé pour les années qui viennent, certaines ambitions et revendications territoriales.
Par-delà les militaires, ce sont les Japonais en uniforme qui démontrèrent la meilleure préparation et la plus remarquable efficacité : les policiers, les pompiers. À telle enseigne que l'on vit parader des ministres et des ingénieurs en uniformes de circonstances, pour bénéficier quelque peu de l'aura attachée au vêtement. Et tandis que le gouvernement central pataugeait dans une certaine indécision, il fut remarquable que les autorités locales, les maires et les gouverneurs n'attendirent pas des instructions venues d'en haut pour prendre de leurs propres initiatives les décisions nécessaires. On observera que ces dirigeants politiques locaux sont désignés directement par la population, au suffrage universel direct : ce mode de sélection contribue sans aucun doute à responsabiliser des individus indépendants, fortement acquis à leur communauté. Un contraste avec la politique nationale : tous les Japonais ont constaté combien la différence de comportement et d'efficacité était significative entre le jeu des factions et des partis au sommet, et à la base des responsables locaux, efficaces et souvent sans affiliation partisane. On verra là l'amorce, sinon d'une révision constitutionnelle, mais au moins d'une modification de rapports de force et la nécessité d'aller plus loin dans la décentralisation des décisions politiques.
Bien que sans uniforme, sans mandat électif et pas toujours populaires auprès des Japonais, les chefs d'entreprise ont dans l'ensemble bien géré la crise économique née du 11 mars. Au lendemain du Tsunami, des ravages du Tohoku puis de l'arrêt des centrales de Fukushima, il parut pendant quelques semaines que tout le système industriel japonais allait tomber en panne. On sait que celui-ci est fondé sur une ramification complexe d'entreprises centres et de sous-traitants, à la manière d'une toile d'araignée mondiale. Le monde stupéfait découvrit, après le 11 mars, que l'interruption d'une petite usine du Tohoku privait soudain un constructeur automobile de Detroit, ou un constructeur d'ordinateurs à Taïwan, d'un minuscule composant, mais indispensable et que seuls les Japonais savaient produire. Toute la force de l'industrie japonaise, son extrême spécialisation, son quasi-monopole pour de nombreux composants, était ainsi révélée au monde mais aussi sa faiblesse dès qu'une panne affectait le circuit. Mais au rebours des sombres pronostics qui ont duré jusqu'en juin, dès juillet 2011, la production industrielle japonaise avait retrouvé son niveau antérieur à la catastrophe. Les entrepreneurs japonais sont parvenus avec habileté et célérité à redéployer le réseau de production, quitte à déplacer certaines manufactures au Japon et à l'extérieur du Japon. Il leur a fallu faire preuve d'une flexibilité d'autant plus remarquable que l'arrêt intempestif des trois quarts des réacteurs nucléaires au Japon avait réduit de 15% la quantité d'énergie disponible.
Chacun s'est adapté, des grandes industries au plus modeste des particuliers : en août, la consommation d'électricité au Japon était inférieure de 15% à l'année précédente. Cette réduction considérable a été obtenue sur la base du volontariat organisé, sans décision autoritaire par le gouvernement central. Tomber la veste et renoncer au climatiseur fut, cet été, le signe le plus évident de cette adaptation communautaire. On ne doit pas en conclure que le Japon pourrait continuer à fonctionner à l'identique avec 15% d'énergie en moins. Certes, il a été possible de limiter le gaspillage mais la plupart des réductions de consommation viennent des conditions de travail exceptionnelles, comme le travail de nuit qui ne saurait être répété continuellement. À terme, si le Japon ne retrouvait pas ses capacités antérieures de production d'électricité, la production industrielle diminuerait fortement et probablement émigrerait vers d'autres pays ; la baisse de consommation d'électricité a également affecté la santé des personnes âgées et la mortalité à l'été 2011 a été fortement élevée. La climatisation n'est pas toujours un luxe, elle prolonge aussi la vie des plus faibles. On peut donc louer à la fois l'efficacité de cette économie d'économie volontaire et ne pas en tirer des conclusions hâtives ni bucoliques sur un Japon retourné à l'état de Nature.
Le déshonneur de la science.
Jusqu'au 11 mars, les Japonais se définissaient volontiers comme une nation d'ingénieurs et la science leur semblait être la solution ultime à tout problème de société : depuis le 11 mars, cette confiance, dans le progrès et le progressisme, est moins évidente, elle est même chez certains définitivement ébranlée. De ce revirement brutal de l'opinion, la société Tepco est responsable et par-delà Tepco, le réseau de complicités, de mensonges et de corruption révélé par l'accident des centrales nucléaires de Fukushima. Cet accident a révélé que le pays était sous la coupe d'une sorte de maffia d'ingénieurs tous sortis de la même Université de Tokyo et qui, depuis cinquante ans, s'étaient distribué les rôles pour implanter des centrales nucléaires. Dans ce "village nucléaire", ainsi que le nomme Yasunori Sona, professeur à Keio, certains étaient chargés de faire fonctionner les centrales, d'autres faisaient semblant d'en surveiller la sécurité, d'autres expliquaient à une opinion japonaise réticente depuis Hiroshima que l'électricité nucléaire était sans risque, avantageuse et indépendante ; d'autres encore, tous membres de ce même « village », arrosaient de bienfaits les élus locaux des régions d'accueil qui n'avaient souvent pas d'autres ressources économiques, ou persuadaient de manière plus ou moins honnête les politiciens et les médias de la nécessité de ces centrales. On constate que même après le 11 mars, les médias locaux restent très hésitants à critiquer l'énergie nucléaire si une centrale est installée sur leur territoire. En vérité, au Japon comme ailleurs, la rentabilité économique des centrales nucléaires est difficile à évaluer car on y incorpore rarement les investissements publics réalisés en amont, le non retraitement des déchets stockés pour des siècles et le risque incalculable d'accident. Le nucléaire est partout et toujours un choix politique, présenté à l'opinion comme la meilleure solution économique. Dans le cas singulier du Japon et en raison de son histoire, le "village nucléaire" a dû se montrer particulièrement persuasif au point de s'autopersuader. Après l'accident de Fukushima, il fut remarquable qu'aucun membre du "village nucléaire", ni aucun membre du gouvernement n'ait envisagé que la conception même de certaines centrales put être défectueuse. Il fallait pour le bien-être du "village" que nécessairement ce fut un accident imprévisible : un mensonge collectif qui fut dénoncé très tôt par Kenichi Ohmae et qui, six mois après l'accident, est enfin une vérité connue. La centrale N° 1 de Fukushima n'était pas conçue pour résister à un tsunami exceptionnel, de même que le mur de protection contre le tsunami avait été d'emblée mal conçu, d'une élévation inférieure à un tsunami possible. L'argument selon lequel ce type de tsunami est très rare et pareil accident presque improbable est évidemment irrecevable puisque, par définition, la sécurité des centrales aurait dû incorporer les pires risques recensés et connus. Le "village nucléaire", Tepco en particulier et l'Institut de surveillance des centrales nucléaires sont donc responsables et coupables d'avoir délibérément ignoré un risque qui ne pouvait pas être inconnu.
Ce comportement du "village nucléaire" a jeté le trouble sur l'ensemble de la profession et par-delà semé le doute sur la confiance que l'on devait accorder ou non à la communauté scientifique et même à la notion de progrès scientifique. Il ne s'agit pour l'instant que d'un sentiment diffus dans la population, de l'expression publique de quelques intellectuels : mais il est certain que l'idéologie progressiste est fissurée, qu'elle ne fait plus l'unanimité sans partage des Japonais. Certains se prennent à rêver d'un Japon sans énergie nucléaire du tout (à commencer par l'ancien Premier ministre Naoto Kan) : mais ce rêve ne serait réaliste que si des autres formes d'énergie, plus sûres et moins coûteuses, prenaient le relais, ce qui n'est pas possible à échéance rapprochée. Par-delà ce rêve de Japon dénucléarisé, pas inenvisageable mais à méditer, certains imaginent aussi un Japon moins tributaire de la science et plus en "harmonie avec les cycles de la Nature", comme le dit Yasuo Kabayashi, professeur de philosophie à l'Université de Tokyo. Certes, on peut composer sur ce thème quelques quatrains, faire vibrer quelques cordes sensibles, mais les mêmes qui chantent l'Harmonie naturelle, sont-ils disposés à renoncer au confort et à l'allongement de la vie que la science seule leur a conféré ? Certainement non : il n'empêche qu'après Fukushima, on ne peut pas conclure que tout sera de nouveau comme avant.
Un Japon sans colère
Partout ailleurs qu'au Japon, et en France sans aucun doute, un accident comparable à celui de la centrale nucléaire de Fukushima aurait déclenché une extrême violence populaire. Des cortèges de manifestants auraient surgi, les bureaux de Tepco et équivalents auraient été attaqués et les dirigeants du "village nucléaire rudoyés par la foule et certainement inculpés. Rien de tel au Japon, du moins pas en apparence : si colère il y a, elle est sourde. La méconnaissance de l'histoire contemporaine du Japon laisserait croire que manifester n'est pas japonais. C'est évidemment faux puisque les démonstrations publiques furent violentes contre la pollution au mercure de Minamata dans les années 1960, contre l’extension de l’aéroport de Narita dans les années 1980, sans oublier les défilés syndicaux, pro-communistes, pacifistes et anti-Américains datés par la guerre froide, puis l'hostilité à l'alliance avec les Etats-Unis. On rappellera aussi qu'il existe depuis cinquante ans, un mouvement public antinucléaire qui, il est vrai, est plus populaire dans les médias occidentaux que dans les rues du Japon. On aurait pu s'attendre à un soudain ralliement de masse à ces pionniers antinucléaires, si faciles à mobiliser par internet : il n'en a rien été, sans aucun doute parce que les antinucléaires japonais ont toujours été politisés, proches de l'extrême gauche plus qu'authentiquement préoccupés par la sécurité des centrales nucléaires. Tous ceux qui, après Fukushima, sont devenus hostiles à l'énergie nucléaire, ou du moins sa prépondérance, se sont gardés de rejoindre les militants historiques et de mélanger les causes. Les antinucléaires traditionnels et politiquement marqués sont restés après Fukushima aussi marginaux et isolés qu'auparavant : les nouveaux antinucléaires post Fukushima disent et écrivent (sur le web en particulier) combien ils souhaitent une mise en cause de la responsabilité du "village nucléaire" et une nouvelle politique énergétique. Ils ne manquent pas de passion mais ils ne vocifèrent pas ; la compassion envers les victimes du tsunami et des victimes possibles de l'irradiation détermine aussi une dignité et une retenue que l'on pourrait qualifier de "japonaises". Quelle que soit la rage contre le "village nucléaire", le désir d'une autre énergie, le voeu d'un châtiment pour les coupables, le désir collectif de ne pas troubler l'Harmonie d'une nation en deuil contient tout excès de démonstration publique.
Des gouvernements introuvables
Avant le 11 mars, les Japonais n'attendaient pas grand- chose de leur gouvernement. Après l'espoir, chez certains, du changement suscité en 2009 par l'alternance entre le Parti libéral (PLD) et le Parti démocrate (PDJ), il était vite devenu clair que, soit la classe politique, soit les institutions elles-mêmes se condamnaient à la paralysie perpétuelle, à l'instabilité et à l'absence de leadership. L'alternance, en réalité, avait été une fiction puisque chacun des deux grands partis est un ensemble idéologiquement hétérogène : tout gouvernement est donc voué à coaliser des factions contradictoires. Le 11 mars aurait été l'occasion, en ces circonstances extraordinaires, de fonder une grande coalition du PLD et du PDJ, à la fois pour gérer la crise et proposer un plan pour l'après-crise. On sait qu'il n'en a rien été: l'autisme l'a emporté dans la classe politique et les jeux de pouvoir se sont poursuivis à l'identique. Le contraste avec le comportement de l'Empereur, des militaires et des autorités locales, déjà mentionné, n'en fut que plus saisissant. Pire encore, le Premier ministre de l'époque, Naoto Kan, ne cessa d'adresser à l'opinion publique des signaux contradictoires sur l'avenir du nucléaire et la reconstruction du Tohoku. Il est particulièrement étonnant que ce Premier ministre ait déclaré "rêver d'un Japon sans énergie nucléaire", sans distinguer entre les types de centrales nucléaires, sans s'interroger sur les conséquences industrielles de son "rêve" (la fuite des industries vers les pays voisins) et sans rien proposer qui puisse, à terme, remplacer cette énergie nucléaire. Il fut fâcheux qu'un responsable rallie les positions les plus irresponsables et ne s'interroge pas sur la situation stratégique du Japon, entouré de puissances émergentes, la Chine et la Corée du Sud, bien décidées à poursuivre l'expansion de l'énergie nucléaire et à dépasser l'industrie japonaise en efficacité et en sécurité. Peut-être le Premier ministre Kan aurait-il dû "rêver" de centrales nucléaires plus modernes, plus sûres et mieux gérées.
S'engager à reconstruire à l'identique la région dévastée du Tohoku était, sous le coup de l'émotion collective, une annonce sans doute inévitable de la part de tout gouvernement. Pouvait-on dire autre chose ? Mais en se fondant sur les études économiques publiées par le RIETI, il est clair que le Tohoku (1/20e de la production japonaise) est la province la moins productive du Japon : les activités innovantes y sont peu nombreuses et tout investissement dans cette région s'avère moins productif que dans toute autre province du Japon. Les raisons en sont que les industries y sont dispersées et que la rentabilité industrielle exige une certaine concentration de type "cluster". La tendance industrielle au Japon comme ailleurs est le regroupement en cluster comme on peut le constater à Kyoto ou Fukuoka. La faible productivité du Tohoku tient aussi, selon le RIETI, à un niveau d'éducation peu adapté aux exigences de l'industrie de pointe qui caractérise le Japon moderne. Enfin, les activités traditionnelles du Tohoku, l'agriculture et la pêche, suscitent la sympathie publique mais elles n'occupent qu'un nombre limité de personnes relativement âgées et subventionnées par l'Etat. Au lieu de reconstituer le Tohoku à l'identique, mieux vaudrait s'interroger sur des alternatives moins coûteuses et pour l'avenir plus prometteuses : le RIETI suggère en particulier d'indemniser les pêcheurs et les paysans les plus âgés, au lieu de perpétuer à grands frais leur activité traditionnelle. Mais ce type de proposition exigerait un leadership politique qui, au moment où nous écrivons, n'existe pas.
Plus rien ne sera comme avant ?
Il ne manque pas d'intellectuels, de philosophes, d'artistes et de commentateurs au Japon pour annoncer qu'après le 11 mars, "plus rien ne sera comme avant". Entres autres, Hideki Kato qui préside la Tokyo Foundation ou Yasuo Kobayashi considèrent que le 11 mars clôt symboliquement le temps de l'après-guerre : entre Hiroshima et Fukushima, l'énergie nucléaire aurait comme déterminé une ère sous le sceau de la science sans conscience, efficace dans la destruction autant que dans la reconstruction. Le Japon dit Kato doit passer du temps de la croissance à celui du bonheur .Ces deux interlocuteurs envisagent une ère nouvelle à venir et à inventer, où le Japon, sans renoncer à la modernité, serait plus frugal et en harmonie avec la Nature. Cette vision métaphorique d'une ère scientiste refermée et d'une ère harmonieuse à concevoir, se manifeste souvent comme une nostalgie de l'ère Edo.
À entendre le vice-gouverneur de Tokyo, Naoki Inose, essayiste par ailleurs, les Japonais sous Edo, avant l'ouverture à l'Occident, étaient parfaitement heureux, créatifs et cultivés. À suivre Fujiwara, Edo est le Paradis perdu. On pourrait discuter de ce bonheur réel ou imaginaire au temps de Edo, où la vie était brève et certainement pas égalitaire. On se contentera ici de noter cette nostalgie récurrente dans de nombreuses conversations. Mais chez Inose, la nostalgie ne tient pas lieu de projet politique : s'il regrette Edo, il admet que le Japon contemporain est cerné par des puissances étrangères pas nécessairement amicales et que le temps présent ressemble plutôt à celui des Bateaux noirs, ceux-ci arborant le pavillon chinois au lieu du pavillon américain du Commodore Perry. Inose en conclut que le Japon post 11 mars devrait inventer un nouveau modèle, qui pourrait s'inspirer de Edo pour la supposée qualité de la vie mais qui tiendrait compte des menaces extérieures. Un Japon différent mais à inventer, admet modestement le philosophe Yasuo Kobayashi.
En fait, rien n'a changé
Madame Saoko Kaji, économiste à l'Université Keio, à l'inverse des interlocuteurs précédemment cités, estime que le 11 mars aura avant tout révélé les problèmes non résolus du Japon : rêver d'un Japon nouveau, dit-elle, est un échappatoire qui évite de confronter les problèmes réels qui sont la stagnation économique, le vieillissement de la population et l'archaïsme de l'éducation.
Il est tout à fait remarquable, observent aussi bien Saoko Kaji que Atsushi Seike, doyen de l'Université Keio, combien tous les économistes japonais sont d'accord sur les causes de la stagnation japonaise et à quel point, aucune décision n'est prise pour en sortir. Le tsunami du 11 mars, ajoute Saoko Kaji, fut un drame naturel imparable mais, depuis vingt ans, le Japon vit aussi le "tsunami silencieux" de sa dégradation économique, dont nul ne se soucie. La cause principale de ce tsunami silencieux est évidemment la dette publique qui prive les entreprises de financement : les banques prêtent sans risque à l'Etat, ce qui prive tout entrepreneur innovant de trouver les fonds nécessaires à la création. Voici pourquoi il n'existe pas de Bill Gates ou de Steve Jobs japonais : aucune banque ne les soutiendrait. Il est à peu près impossible pour une entreprise d'entrer sur le marché et ajoute, Masayuki Morikawa, vice-président du RIETI, il est tout aussi impossible d'en sortir : les licenciements sont quasiment interdits et les entreprises en difficulté sont des "zombies" que les banques soutiennent avec l'aval de l'Etat. Morikawa ajoute en le regrettant que les grandes entreprises restent fidèles au mode de management qui fit leur fortune dans les années 1980 : avancement à l'ancienneté, emploi à vie, faible écart de rémunérations entre les salariés de base et les dirigeants qui sont les plus mal payés au monde. Cette organisation quasi militaire s'avéra efficace quand le Japon était en phase de rattrapage, derrière les Etats-Unis et l'Europe : elle est devenue inopérante dans la phase actuelle où l'innovation détermine la richesse et le destin des nations. Le paysage économique d'ensemble reste ainsi parfaitement immuable, le chômage modeste et la crise de fond peu visible : aucune entreprise ne ferme, on trouve un emploi et les revenus sont stables. Mais dans le même temps, la rentabilité du capital investi a été divisée par deux en vingt ans et le Japon perd progressivement ses avantages compétitifs envers les pays concurrents.
À continuer sur le même modèle, l'avenir est sombre : tous les économistes annoncent que d'ici trois à cinq ans, le rendement du capital investi dans les entreprises se révélera négatif et les banques, entièrement occupées à financer l'Etat, ne pourront pas sauver l'économie japonaise. Plus périlleuse encore est la bombe à retardement que la dette publique fait peser sur le Japon : équivalente à deux fois la production annuelle, record mondial, les Bons du Trésor sont souscrits à 95%, à des taux bas par les ménages et les banques japonaises. Le remboursement de cette dette est pour l'instant indolore, puisqu'il est transmis à la génération suivante. Comment celle-ci remboursera est un mystère, puisque le revenu des Japonais ira, dans le modèle actuel, déclinant. Plus probablement, un accident de parcours fera du Japon une autre Grèce, avant que la génération suivante ne prenne le relais. Fukushima a suscité un sursaut patriotique qui incite les Japonais à toujours souscrire les Bons du Trésor. Mais combien de temps durera ce sursaut ? D'autres événements pourraient aussi bien susciter la panique des épargnants ou ceux-ci, lassés de la médiocrité du rendement de leur épargne, pourraient lâcher les Bons japonais pour acheter, par exemple, des valeurs chinoises ! L'Etat en faillite ne pourrait plus payer les fonctionnaires, ni verser les pensions de retraite, ni soutenir les entreprises zombies. La Grèce confrontée à cette situation-là, bénéficie de la solidarité des pays européens, mais le Japon en faillite ne trouverait pas de relais comparable : les Japonais seraient condamnés à un chômage de masse et à une réduction spectaculaire de leurs revenus, particulièrement pour les retraités.
Pourquoi les gouvernements restent-ils immobiles ? Espèrent-ils secrètement que le désastre financier échoira à leurs successeurs plutôt qu'à eux-mêmes ? La brièveté des mandats de Premier ministre peut expliquer cette stratégie de la passivité. Par ailleurs, l'expérience de l'autre Premier ministre Koizumi, rendu impopulaire par ses réformes libérales (privatisation et déréglementation), n'incite pas ses successeurs au courage. Car les réformes nécessaires seront impopulaires : elles exigent de faciliter les licenciements pour encourager au recrutement, de réduire les aides sociales aux plus fortunés, de réduire les subventions publiques aux entreprises et aux régions en difficulté : pas de quoi gagner les élections. Il est donc plus tentant pour la classe politique de s'engager à reconstruire le Tohoku, même si l'Etat n'en a pas les moyens plutôt que de tailler dans les dépenses sociales. La crise financière, dit Saoko Kaji, n'est pas encore assez grave, pour être perçue. Quand le tsunami invisible deviendra-t-il perceptible ? "2014, probablement". Ce futur 11 mars, s'il arrive à l'échéance annoncée, ne sera pas "naturel", mais entièrement produit par l'erreur humaine.
La réforme par le bas
La société japonaise a beau manifester une grande capacité d'organisation, il est évident, en raison de la dette publique, du tsunami invisible de la dette et du tsunami très visible du 11 mars, qu'un leadership politique est nécessaire et qu'il semble avoir disparu depuis vingt ans. Comment un leader pourrait-il émerger alors qu’il se trouve, dans chaque parti, le même nombre de partisans du statu quo, de répartiteurs d'avantages acquis et de réformateurs authentiques ? Il ne peut sortir de ce système, dit Takashi Shiraishi, politologue, Président du National Graduate Institute for Policy Studies, aucun leader légitime et durable et aucun mandat clair fondé sur un choix démocratique. Ne devrait-on pas changer de système politique, modifier les institutions japonaises pour se rapprocher du modèle coréen où un Président fort est élu pour cinq ans, directement par le peuple ? Une élection directe, dont le principe n'est pas étranger au Japon puisqu'elle est pratiquée pour la désignation des maires et des gouverneurs. Mais, à suivre Takashi Shiraishi, l'institution impériale interdit, de fait, une élection directe d'un Premier ministre qui apparaîtrait tel un chef d'Etat, rival de l'Empereur. Cet interdit paraît à Shiraishi Takashi symboliquement incontournable.
Il faut envisager que le salut puisse surgir d’un autre lieu que du pouvoir central .Entre la paralysie des institutions et l'impossibilité symbolique de les modifier, il me semble que la société japonaise s'organise pour contourner l'obstacle : ainsi que nous l'avons noté, les autorités locales n'attendent plus grand chose du centre et multiplient les initiatives. Il est envisagé par les politologues comme Takashi Shiraishi que, faute de réforme des institutions centrales, il s'y substitue une décentralisation progressive qui, en particulier, confierait aux gouverneurs et aux maires des responsabilités fiscales directes. On constate déjà, pour l'avenir crucial des centrales nucléaires, que le redémarrage de celles qui sont en "révision" est décidé au niveau local par les gouverneurs : cela a été le cas au Hokkaido. On voit aussi, dans le domaine industriel, que c'est à l'initiative des autorités locales que se constituent de nouveaux clusters : ceux de Kyoto et de Fukuoka n'ont pas été initiés depuis Tokyo mais bien par les maires et gouverneurs. De même, la paralysie du centre politique incite les entrepreneurs privés à ne rien attendre de l'Etat et à adopter des stratégies de contournement. Il est regrettable pour les Japonais, mais c'est une conséquence du manque de vision des gouvernements centraux, que les grandes entreprises quittent le territoire national pour échapper aux impôts (les plus pesants au monde, sur les entreprises), au droit du travail inflexible et au risque de pénurie d'énergie (l'électricité au Japon étant par ailleurs la plus coûteuse du monde industriel). Le Japon d'après le 11 mars semble comme saisi d'une volonté d'adaptation à des temps nouveaux, sur un mode spontané et pas du tout planifié, en contraste avec la léthargie collective antérieure au 11 mars.
Les nouveaux Bateaux Noirs
Toute l'histoire au Japon, nous dit Naoki Inose, s'est écrite en réaction aux défis : ceux de la Nature, puis ceux de l'Histoire. C'est en réaction aux Bateaux Noirs que Meiji a occidentalisé le Japon et l'a sauvé de la colonisation. C'est en réaction à la défaite de 1945 que le Japon est devenu une démocratie exemplaire en Asie. En réaction au choc pétrolier de 1973, que l'industrie japonaise est devenue leader mondial dans l'univers des composants et à la pointe d'un management économe en main-d'œuvre et en énergie. Si cette théorie est exacte, les Bateaux Noirs qui cernent le Japon ne manquent pas. Bien avant le 11 mars, Inose m'avait cité la bombe financière qu'est la dette. Le journaliste, essayiste, Yoichi Funabashi, m'avait mentionné la menace chinoise, dont on ne sait pas si elle est seulement économique ou aussi stratégique. Après le 11 mars, Saoko Kaji a évoqué le tsunami silencieux du déclin démographique et économique. Après le 11 mars aussi, Akira Kojima, Président du Japan Center for economic research, s'inscrit aussi dans cette théorie du défi : lui évoque, comme tous, la nécessité de renouveler les sources d'énergie selon des techniques qui restent à inventer et que le Japon est bien placé pour inventer. Sur un mode de pensée plus original, Akira Kojima perçoit dans le vieillissement de la population, pas nécessairement l'annonce du déclin mais une nouvelle opportunité économique : il envisage que les entrepreneurs japonais inventeront de nouveaux services et de nouvelles manières de vivre à l'usage des populations âgées et solvables, ce qui deviendra un phénomène universel et pas seulement japonais.
L'impression d'ensemble qui se dégage du Japon post 11 mars n'est donc pas celle de l'abattement ni du repli sur soi. Du chagrin est née une sorte de sursaut collectif, un réveil de la jeunesse, de la société civile et du monde économique. Mais à l'inverse des Bateaux Noirs de 1853 ou de 1945, celui de 2011 n'invite pas à copier une société qui existerait ailleurs, mais à en inventer une nouvelle : un Edo impulsé par des énergies nouvelles peut-être ? La génération du 11 mars en a la volonté : on pariera qu'elle en a aussi la capacité.
Texte long mais fascinant, digne de l'excellent écrivain que vous êtes. On verra si le Japon réussira à devenir un grtand leader mondial en gestion gouvernemental.
Rédigé par : G.M. | 01 octobre 2011 à 20:24
Merci beaucoup Monsieur Sorman pour ce superbe et passionnant article.
Rédigé par : Sil | 02 octobre 2011 à 00:14
C' est étonnant la stagnation japonaise. Les jeux PS2 ou PS3 sont très bien comme final fantasy X, X-2, XII, XIII, ils vendent encore des produits de masse , partout on trouve des produits japonais, aux USAs , on trouve peu de produits francais, les Francais sont performants pour les avions, centrales , TGV, mais moins dans les gadgets. On peut réver d' une console francaise, ou européennes, après tout ce n' est pas tout les jours qu' on vole en airbus ou qu' on prend le TGV.Par contre la PS3 ou la TV oui.
Rédigé par : Kim JongIlien | 02 octobre 2011 à 06:43
Vertus de la "famille souche", chère à Frédéric Le Play, via le souverainiste Emmanuel Todd ?
Si oui, c'est alors exactement ce que déteste viscéralement l'opinion dominante chez nous, y compris Emmanuel Todd...
:-)
Rédigé par : GAUTHIER | 02 octobre 2011 à 12:07
Avec une population très homogène, cela a du sens de se sentir Japonais.
En France, peut-on se sentir Français et partager la même nationalité avec des gens qui sifflent l'hymne national Français, en France, au stade de France et qui ont la nationalité Française ?
Franchement, se sentir Français aujourd'hui ça ne veut plus rien dire !
Etre Japonais par contre, ça veut encore dire quelque chose !
Rédigé par : Quimboiseur | 03 octobre 2011 à 23:13
Le Japon est homogène du fait de son caractère insulaire,ils ont supplantés complètement les ainous caucasiens premiers habitants du Japon. Quand je vois des matchs de foot , j' ai remarqué que les anglais et irlandais se ressemblent tous, du moins les autochtones, les anglais ressemblent beaucoup à Justin Timberlake. D' autres pays aussi sont homogènes pour d' autres raisons,la Suède , la Corée , le Chili malgré l' arrivée massive d' européens est relativement homogène, le Pérou , la Bolivie aussi , les femmes incas se ressemblent toutes marrons, trappus. Les amérindiens sont issus d' une population de seulement 10000 sibériens d' où l' homogéneité venus par le détroit de Behring et ils ont supplantés les premiers arrivants australoides et caucasiens (homme de Kennewick) durant la préhistoire, à l' époque les plus intelligents gagnaient systématiquement alors que maintenant , c' est le plus fort militairement et économiquement .La France du nord ne ressemblent pas à celle du sud. L' afrique est très diversifié. Les racialistes suprémacistes blancs rêvent d' un Occident homogène , du moins autant que l' Extreme Orient. Ils sont souvent chrétiens pour des raisons identitaires (les racines chrétiennes de l' europe selon le Vatican), certains meme recherchent leur origine païenne: odinisme, asatru. J' ai choisit le bouddhisme car j' ai guéris des TOCs avec et mon mental s' en porte mieux. Les mongoloides sont les plus tardifs , issus des caucasiens , ils les ont suplantés en Chine (Tokhariens premiers habitants du Tarim celtes blonds aux Yeux bleus, les plus anciennes tombes en chine sont toutes Caucasiennnes), au Japon ( ainous souvent poilus quasiment disparus), ils ont fait de même en asie du sud Est en supplantant les australoides .Le pays de l' avenir est l' Inde, pays multiple à majorités australoides, une tendance mongoloide à l' est de part la proximité de la Birmanie, caucasiens à l' ouest (indo aryens), dravidiennes au sud( noirs 3/4 caucasiens et 1/4 mongoloides selon Lucas Cavelli Sforza), mme des tribus africaines à Andaman . On trouve à l' Extrme Nord de l' europe une population en partie mongoloides, les Lapons n' en déplaisent à Breivik. La technologie a considérablement aidé les Européens à peupler l' Amérique , l' australie, la sibérie, mais elle peut se retourner maintenant contre eux car elle a permis l' immigration par bateaux, le boom démographique africain,musulman et indien.Aussi avec la technologie, de nombreux noirs partout en Amérique ( anciens esclaves) , Madagascar a été peuplés de Nansutariens arrivés par la mer d ' Indonésie il y a des lustres, mais ils ont fait appel à l' esclavage et ainsi les mérinas sont devenus ultra minoritaires. Dans le monde, partout les peuples se mélangent, et mêmes les races et j' espère que le monde ressemblera à l' Inde .
Rédigé par : Kim JongIlien | 04 octobre 2011 à 05:16
La volonté d' homogéneité peut provoque du nationalisme, reconnaissons tous notre origine multiple, meme l' argentine est un peu métissé http://blogs.discovermagazine.com/gnxp/2008/03/genetics-the-myth-buster-the-case-of-argentina/ Dans le Bouddhisme n' importe qui a la nature de bouddha lire le sutra du Lotus, il s' agit de la révéler ce n' est pas une question d' intelligence.
Rédigé par : Kim JongIlien | 04 octobre 2011 à 05:26
" Voici pourquoi il n'existe pas de Bill Gates ou de Steve Jobs japonais"
Vraiment n'importe quoi ! Masayoshi Son peut être considéré comme le Bill Gates japonais. Mais avant lui, il y a eu Konosuke MATSUSHITA (fondateur de Panasonic), Masaru Ibuka et Akio Morita (fondateur de Sony, etc.
Rédigé par : Empereur | 04 octobre 2011 à 20:30
@ Empereur,
" Vraiment n'importe quoi ! Masayoshi Son peut être considéré comme le Bill Gates japonais. Mais avant lui, il y a eu Konosuke MATSUSHITA (fondateur de Panasonic), Masaru Ibuka et Akio Morita (fondateur de Sony, etc. "
Ce sont des créations de marques que vous évoquez. Ils n'ont certainement pas été inventif comme Bill Gates dans l'informatique avec Microsoft. La nuance est certainement là.
D.J
Rédigé par : D.J | 04 octobre 2011 à 22:10
J' ai toujours cru que Morita a inventé le baladeur, en fait ce fut un allemand: http://www.zdnet.fr/actualites/vingt-cinq-ans-apres-sony-concede-ne-pas-etre-l-inventeur-du-walkman-39155468.htm Mais les Japonais était leader dans l' électronique grand public et les allemands à la ramasse. Les suisses était leader dans l' horlogerie mais seiko a inventé la montre à quartz et la suisse se contente de marché de niches. Dans les logiciels, les USAs sont en monopole, Bill Gates ne pouvait être que US. Ce qui fait mal aux US, c' est que Apple a inventé le smartphone et la tablette mais qu' en très peu de temps des concurrents sont apparus, l' iphone 4GS a reçu un accueil mitigé. Tous les grands acteurs internet sont US: http://www.google.com/adplanner/static/top1000/ ,quasiment aucun site francais ou même Européens n' atteint le milliard de capitalisation, les Japonais sont inexistants, les chinois se contentent de dominer leur marché de 500 millions d' internautes mais au moins résistent à la concurrence US et est le seul pays à part les USAs à avoir des pointures dans le secteur .
Rédigé par : Kim JongIlien | 05 octobre 2011 à 04:37
Kim, on peut dire la même chose de Bill Gates qui n'a rien inventé. C'est le gars qui a truandé ses partenaires. Le génie ne Bill Gates n'est pas dans l'innovation, mais dans le pillage des idées des autres. Il faut lire Wendy Goldman Rohm : The Secret Case against Bill Gates
Rédigé par : Empereur | 05 octobre 2011 à 18:47
Aux béats de MS et de M. Gates, je tiens à rappeler que MS n'a jamais rien inventé et que la morale est une chose absente de l'esprit de ses dirigeants :
- le DOS était en fait un produit racheté (QDOS),
- le premier Windows a été fait avec Apple, avant que BG plante Apple et reproduise de son côté le travail fait en commun MALGRÉ des accords entre les deux sociétés allant à l'encontre de cette pratique,
- Microsoft a purement et simplement VOLÉ le code de QuickTime pour faire Windows Media Player,
- les pressions exercées par Microsoft sur les constructeurs et distributeurs informatiques pour qu'ils ne distribuent pas d'autre OS (il y avait à une époque OS/2 d'IBM qui pourrait encore aujourd'hui faire pâlir d'envie n'importe quel Windows) sont de notoriété publique, les preuves sont là grâce aux rares ayant commis le crime de lèse-majesté de se porter en justice,
- dans le même esprit, les fournisseurs qui osaient proposer autre chose que MS Office se voyaient mettre des bâtons (livraisons tardives de produits Microsoft, qui restaient évidemment nécessaires à leur business),
- en position dominante avec Office, MS a cessé de le développer pour OS/2, ce qui a achevé cet OS…
Je passerai sur la mésaventure Netscape. De toute façon, les exemples sont nombreux, et il suffit de vouloir s'informer un minimum au lieu de s'ébahir de la réussite de ces gens.
Admirez-vous les parrains de la mafia? Désolé, dans les pratiques c'est du même ordre. A priori sans le sang sur les mains…
Rédigé par : Empereur | 05 octobre 2011 à 18:54
Bill Gates fut un visionnaire et un excellent businessman. Pas un innovateur. Visionnaire d'une révolution (le personal PC), puisqu'il n'a rien su prévoir depuis (la révolution Internet, notamment).
Ni lui, ni Steve Balmer, d'ailleurs, ce qui explique que depuis 20 ans, Microsoft vivote, plutôt confortablement d'ailleurs, sur ses acquis (Office, essentiellement).
Rédigé par : ETF | 05 octobre 2011 à 18:58
@ Empereur,
parce que vous croyez que c'est Matsushita ou Akio Morita qui ont inventé les téléviseurs? Généralement les découvertes et les inventions et les évolutions techniques s'appuient sur d'autres; Ce qui n'est pas du pillage mais d'étudier de ce qu'on fait les autres. A part la copie des brevets ( et encore ). Sans cela on serait encore à l'âge de pierre. Et cela n'enlève pas forcement le génie de ces personnes.
Du reste tout ce qui vous emmerde mon cher Emprereur c'est que Microsoft Bill gates et Steve Jobs sont américains et rien d'autre.
D.J
Rédigé par : D.J | 05 octobre 2011 à 20:07
@ D.J
J'ai tellement plus d'estime pour l'américain Donald Knuth qui lui est un vrai génie et qui fait avancer l'informatique, alors que Bill Gates est un pilleur. J'ai fourni des sources à ce sujet. Bill Gates ne "m'emmerde" pas, c'est la vérité qui vous gêne. Il faut vraiment manquer d'arguments pour répondre comme vous faites.
Rédigé par : Empereur | 05 octobre 2011 à 20:50
Parce que balancer des contre-vérités à longueur de commentaires comme vous le faites, parce qu'à chaques fois que Sorman dit que c'est rouge, vous dites que c'est vert et vice et versa est-ce pas manquer d'argument?
D.J
Rédigé par : D.J | 05 octobre 2011 à 22:13
Je donne des arguments pour contrer ce que dit M.Sorman, avec des sources. Vous, non. Trop facile mon petit garçon.
Rédigé par : Empereur | 05 octobre 2011 à 22:45
C' est Sony qui a commercialisé les premiers téléviseurs à transistor, ils ont inventé les CD, ils ont échoué dans les magnétoscopes face à JVC, mais maintenant les nippons inventent moins. http://investing.curiouscatblog.net/2011/01/04/top-15-manufacturing-countries-in-2009/ http://investing.curiouscatblog.net/2009/10/13/data-on-the-largest-manufacturing-countries-in-2008/
Rédigé par : Kim JongIlien | 06 octobre 2011 à 00:28
Paix à Steve Jobs
Rédigé par : Empereur | 06 octobre 2011 à 10:28
On a fait tout un plat des beuglards du tea party.
Les médias seront-ils aussi généreux avec les manifestations anti Wall-Street qui se multiplient ?
Nous allons voir. Espérons que ce mouvement prendra de l'ampleur.
http://www.bloomberg.com/news/2011-10-04/wall-street-protests-have-tea-party-potential-professor-says.html
Rédigé par : ETF | 06 octobre 2011 à 14:09
Voilà, admirez ce qui se passe chez nous, et que les médias évitent pour l'instant soigneusement. Hé oui, la corporatocratie médiatique se serre les coudes. Jusqu'à quand?
http://www.huffingtonpost.com/2011/10/05/live-updates-occupy-wall-street_n_996655.html#s384679
Rédigé par : ETF | 06 octobre 2011 à 15:39
Ces manifs anti-Wallstreet me font bien marrer. Un type sur 3 a une tête sorti tout droit de Woodstock. Et la présence du grand manipulateur et gros menteur Mickael Moore rend encore plus illégitime ce ramassis gauchistes.
Ces manifestants a part qu'ils ont le droit de manifester; n'ont aucune légitimité politique pour faire changer les choses. Seul les urnes l'ont. Du reste les démocrates commencent à tomber comme des mouches dans plusieurs états de l'union. Les américains revotent à droite pendant que les gauchistes descendent dans la rue en se croyant majoritaires. Comme en Espagne où les électeurs ont cloué le bec en masse aux " indignés anti-capitalistes ".
D.J
Rédigé par : D.J | 06 octobre 2011 à 16:19
Et patati, et patata... toujours la caricature idéologique. La droite (plus à gauche que la gauche, c'est à noter) va passer en Espagne. La gauche va passer en France. C'est l'illusion démocratique de l'alternance. Les gouvernements changent, les problèmes demeurent. Et l'électorat se renfrogne de plus en plus. Tellement facile de balancer le terme "gauchiste" ou "anticapitaliste" à tors et à travers. Les idéologues sont aveugles et ne comprennent par conséquent rien à rien.
Rédigé par : ETF | 06 octobre 2011 à 16:32
A propos de Wall Street Occupy, un journaliste américain, j'ai oublié son nom, les qualifie de "Tea Party with brains"...
On peut certainement être intelligent sans être gauchiste ou "tête de Woodstock"...Pour ma part, je pense depuis des années qu'il faut réinstaurer le Glass/Steagal Act...Et en finir avec les banques too big to fail...
Rédigé par : El oso | 06 octobre 2011 à 17:00
" Tellement facile de balancer le terme "gauchiste" ou "anticapitaliste" à tors et à travers. Les idéologues sont aveugles et ne comprennent par conséquent rien à rien ".
Tellement facile? allez dire cela à ceux qui sortent ces slogans anticapitaliste dans ce genre de manifs qui caricaturent. Et c'est généralement un truc de gauchistes. Quand aux idéologues aveugles et qui ne comprennent rien à rien; d'accord avec vous. C'est bien la vision de ces " indignés " qui braillent à tort et à travers pour rien dire.
D.J
Rédigé par : D.J | 06 octobre 2011 à 17:01
" On peut certainement être intelligent sans être gauchiste ou "tête de Woodstock"... "
Je ne sais pas si c'est un signe d'intelligence de mettre tout sur le dos de Wallsrteet la crise finacière sachant que l'état porte une lourde responsabilité des subprimes tel par la loi votés par les démocrates " investissement act" Pourquoi les " indignées de service " vont pas gueuler devant le siège du parti démocrate?
Quand vouloir mettre fin au to big to fail; voilà encore une ingérence étatique. On se demande déjà comment on peut décréter qu'une banque est trop grande ou non?
Les politiques feraient mieux de commencer par balayer devant leur portes. Car pour le moment ce sont bien les états par leur dépensent irresponsables qui sont " to big to fail ". Et faire faillite ils en sont proches.
D.J
Rédigé par : D.J | 06 octobre 2011 à 17:14
Pour ETF,
Je précise pour commentaire " que vous devriez dire envers les manifestants qu'ils sont caricaturaux. j'ai mal pondu mon texte sur ce point "
D.J
Rédigé par : D.J | 06 octobre 2011 à 17:18
@D.J.
Un lien pour approfondir vos vues sur la taille des banques...
http://blog.turgot.org/index.php?post/Godefridi-Briser-les-banques-g%C3%A9antes
Rédigé par : El oso | 07 octobre 2011 à 01:30
ça n'explique pas à partir de quel critère une banque devient trop grande.
En Suisse la parlement vient de décider d'obliger les banques " to big to fail " à ce constituer des fond propres pour prévenir ce risque de faillite. C'est a mon sens une approche un peu plus réaliste.
D.J
Rédigé par : D.J | 07 octobre 2011 à 12:33
Se constituer des fonds propres n'a rien d'original, Bâle III l'a recommandé. Environ 10% de fonds propres par rapport aux engagements. Les grandes banques américaines s'y sont soumises.
Est-ce suffisant? Je n'en suis pas sûr.
Est-il normal que dans le cadre de la banque universelle une banque puisse faire du trading avec l'argent des déposants?
Si l'on avait une séparation entre banques de dépôt et banques d'affaires, les risques pris par ces dernières seraient sans conséquences autres que leur faillite éventuelle. Les banques de dépôt seraient toujours là pour faire tourner l'économie réelle.
Une crise financière ne se traduirait plus nécessairement par une crise économique.
Rédigé par : El oso | 07 octobre 2011 à 13:37
La contribution de L'Expansion sur le sujet:
http://lexpansion.lexpress.fr/entreprise/le-programme-du-ps-sur-les-banques-est-il-credible_264769.html
Rédigé par : El oso | 07 octobre 2011 à 16:56
" Si l'on avait une séparation entre banques de dépôt et banques d'affaires, les risques pris par ces dernières seraient sans conséquences autres que leur faillite éventuelle. Les banques de dépôt seraient toujours là pour faire tourner l'économie réelle. "
Donc l'état sait mieux que les banquiers ce qui est meilleur pour l'économie réel. L'état souvent sait déjà pas se gérer lui-même. Je le vois mal donner des leçons de gestion aux privés.
D.J
Rédigé par : D.J | 07 octobre 2011 à 20:06