On aimerait, à la suite des échauffourées d'Amiens et des heurts entre bandes et la police, proposer une analyse originale et des solutions créatives. Hélas ! Tout a été dit depuis des dizaines d'années : la concentration de populations mal intégrées, mal éduquées, rarement salariées, dans des logements inappropriés, un environnement ingrat, suscite nécessairement des phénomènes de bandes, de violence et des heurts avec les policiers. À droite, on insiste plus sur le maintien de l'ordre et le rétablissement du droit ; à gauche, on discourt plutôt sur les conditions sociales d'une meilleure intégration. Mais au bout du compte, rien ne marche. Or, ce qui marcherait exigerait une politique de long terme telle que la déconcentration des logements sociaux, voire l'abandon de la notion de logement social et le remplacement intégral de l'aide à la pierre par l'aide à la personne. Ainsi, on pourrait espérer une redistribution des populations concernées sur le territoire et, mécaniquement, une meilleure intégration dans les écoles, le voisinage, la culture collective et les entreprises.
Reste l'emploi : une impasse. Plus les minima sociaux, RMI, SMIC, sont élevés, plus les jeunes non qualifiés et les employeurs ont du mal à trouver un terrain d'entente. Comme la situation globale de l'emploi se dégrade, la réponse adéquate devrait être une plus grande flexibilité du marché du travail, comme en Allemagne ou au Danemark. Mais la gauche est partie dans l'autre sens : le gouvernement, cependant, constate qu'il n'existe pas d'autre alternative à la police que la police. Il constatera peut-être, à terme, que la flexibilité du marché du travail est une meilleure réponse à la violence que le renforcement des droits acquis pour ceux qui en ont déjà. La gauche, parfois, est la mieux placée pour conduire une politique dite de droite.
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