La ville de Nice a été le théâtre le week-end dernier de deux événements considérables : le Carnaval et un gigantesque colloque organisé par le Journal Marianne sur l'Argent. Ce qui fut le plus carnavalesque ? Le colloque certainement. Si l'on se souvient que le carnaval est la négation de la réalité, l'intelligentsia causante convoquée par Marianne respecta la tradition. Ce Barnum réunissait les habituels suspects, Alain Finkielkraut, Franz-Olivier Giesbert, Jean-Pierre Jouyet, Jean-François Kahn, quelques nouveaux ministres socialistes et votre serviteur (en alibi libéral, rôle approuvé depuis trente ans). Pourquoi l'Argent ? Parce qu'il manquerait en temps de récession ? Pas du tout : l'Argent, à en croire le thème imposé et la plupart des interventions - y compris celles d'un public très nombreux - envahirait la société française. Je croyais plutôt que l'Argent partait en Belgique !
Dans le débat qui m'opposait au très courtois Axel Kahn, passé de la génétique à la philosophie, tandis que son frère Jean-François se taisait parmi les spectateurs, il fut question de capitalisme et d'éthique. J'observai, mais en vain, que l'affaire Findus portait atteinte à la loi, tandis que le comportement des fonctionnaires à la tête d'EDF et de la SNCF qui dépensaient sans compter était, lui, vraiment immoral. Ce n'était donc pas les capitalistes qui rompaient l'éthique mais les représentants de l'Etat dans des entreprises non capitalistes et non concurrentielles. J'emportai un maigre succès.
Axel Kahn fut mieux suivi lorsqu'il nous expliqua que le monde était aux mains des néo-libéraux, des disciples de Hayek et du darwinisme social. Que la France soit le pays de l'OCDE où les prélèvements publics sont les plus considérables et augmentent, n'effleura pas Axel Kahn. Que la question du moment soit plutôt celle de la récession et du chômage et que les libéraux aient sur ce sujet quelques suggestions à faire, n'était pas à l'ordre du jour. En France, l'économie réelle ennuie tout le monde, surtout les intellectuels. Ou bien, on estime que la pensée magique peut et doit remplacer la réflexion économique. Il se trouvait, à Nice, un ministre pour expliquer que les Affaires étrangères allaient désormais se consacrer à l'augmentation des exportations : comme si le commerce était tiré par les ambassadeurs et non par le rapport qualité/prix de ce qui est offert à l'exportation.
Le Carnaval de Marianne à Nice eut été drôle si la situation du pays réel n'était pas tragique.
Et dire que ces gens sont l'élite française... On est tombé bien bas ! Nous prenons la direction d'un pays du tiers monde avec des élites apparatchicks ou la pensée irrationnelle et émotionnelle l'emporte sur la raison et l'analyse !
Rédigé par : pervasiveliberalism | 18 février 2013 à 13:02
Chacun défend son "camp" sans en premier lieu, en reconnaître les excès. Dénoncer la gabegie à la SNCF sans dénoncer en même temps la récente spoliation du contribuable par l'hydre financière, ou encore, l'enrichissement exponentiel d'une super classe alors que les revenus des classe moyennes stagnent, voire diminuent depuis plusieurs décennies, etc etc, ne peut aboutir qu'à un dialogue d'idéologues, donc à un dialogue de sourds.
Ca excite la gallerie, chacun en ressort renforcé dans ses propres convictions. Circulez, y'a rien à voir.
Rédigé par : ETF2 | 18 février 2013 à 13:55
ETF2...les 40 P.D-G du CAC ne forment pas une "classe" et, d'ailleurs, sont "hors sol"...in "partibus infidelium" pour la théologie socialiste...la SNCF a réellement "spolié" les "contribuables", depuis des décennies...c'est moins évident pour "l'hydre financière"...il y a Dexia certes mais, justement, cette banque a toujours été intimement liée aux pouvoirs politiques...en tout état de cause il faut impérativement admettre l'évidence : tout le complexe financier repose sur les flots continus de dettes publiques qui représentent la première substance de spéculation...chez nous, Bercy est le premier hedge fund domestique, de fait, cornaqué par 4 à 5 "traders"...
Rédigé par : GAUTHIER | 18 février 2013 à 14:55
Des atteintes aux droits de l'homme belge.
"Je croyais plutôt que l'Argent partait en Belgique !"
Hélas, je ne vois rien venir.
"Que la France soit le pays de l'OCDE où les prélèvements publics sont les plus considérables et augmentent, n'effleura pas Axel Kahn."
Ne serait-ce pas plutôt la Belgique ? Il faudrait expliquer à vos lecteurs que la Belgique est un paradis fiscal pour le capital, mais un enfer fiscal pour le travail, pire qu'en France. Cette clémence fiscale, sur les plus-values et les dotations, ne concerne que les fortunes en cours de réalisation et de transmission. C'est une tentative désespérée pour contrebalancer l'absence d'attractivité de la Belgique, fiscale*, climatologique et autres. Comme pour le catholicisme, je crains qu'à force de nous noircir, on finisse par ne plus nous apprécier. Notez que je subis un double préjudice (en tant que belge et en tant que catholique) du fait de vos obsessions et vos approximations.
Impôt sur les sociétés et l'impôt sur les revenus sont plus élévés en Belgique. La seule façon d' échapper à l'impôt des société confiscatoire est le mécanisme des intérêt notionnels, qui permet de déduire des intérêts fictifs sur le capital investi. Seules les entreprises très prospères échappent donc à l'impôt. La fiscalité belge écrase les petits et les pauvres. Elle sent bon l'ultra-libéralisme du 19e siècle, qui a vu la Belgique devenir le pays le plus riche par habitant (en moyenne) et des famines décimer les campagnes de Flandre, mais c'est une autre histoire.
Rédigé par : Jeo | 18 février 2013 à 16:51
Marianne est un hebdo polémiste. Il tape un peu sur tout le monde pour tout et n'importe quoi.
J'espère que Franz-Olivier Giesbert était plutôt de votre coté. Ces éditos dans le " Point " sont bien plus proche de vos idées que ceux de J-F Khan.
Même si vous êtes un peu un OVNI de la pensée libérale contemporaine.
D.J
Rédigé par : D.J | 18 février 2013 à 17:15
"En 2010, dernière année où l'on dispose de statistiques comparées de l'OCDE et d'Eurostat, la France prélevait déjà plus d'impôts que la Finlande, la Norvège et l'Allemagne, mais moins que la Belgique (43,8%), l'Italie (43%)."
Isoc est plus élévé en France. Mais un "accord budgétaire" étant intervenu entre les partis francophones portant sur "les tranferts vers les entités fédérées", doux euphémismes du jargon constitutionnel qui recouvrent la guerre de termination économique que la Flandre nationaliste a lancé contre les réserves de vieux papous francophones de Belgique, je pense que la Wallonie et Bruxelles vont bientôt entamer une danse de la Saint Guy budgétaire qui fera passer le sirtaki de l'endettement et le flamenco du redressement pour d'aimables rondes.
Rédigé par : Jeo | 18 février 2013 à 17:37
Merci pour ce complément d'information sur la Belgique. mais je ne suis ni anti- belge ( j'ai une nostalgie pour la Belgitude du Pourquoi pas ) ni anti-catholique. Je crains de n'être anti rien à force d'écouter tout le monde.
Guy Sorman
Rédigé par : Guy Sorman | 18 février 2013 à 18:22
Je crains de n'être anti rien à force d'écouter tout le monde.
C'est le gros problème des blogues: Avoir à lire tout le monde ;)
Rédigé par : G.M. | 19 février 2013 à 02:44
Une récente étude à montré que les pays où la part des bas salaires étaient supérieure à 20 o/o de la population active étaient les états les plus libéraux (Irlande, Royaume-Uni, Pologne...).
J'aimerais savoir ce qu'en pense G. Sorman.
Rédigé par : Emmanuel | 20 février 2013 à 13:33
@ Emmanuel,
Les pays libéraux sont de meilleurs créateurs d'emploi y compris du côté des emplois mal rémunérés.
L'avantage: mieux vaut vaut avoir un emploi à bas salaire si l'on espère gravir l'échelon sociale par la formation en entreprise que d'être mieux payer au chômage comme dans les pays plus socialistes qui réglementent trop le code du travail pour y trouver un job et dont les indemnités chômage ne sont pas éternelles.
D.J
Rédigé par : D.J | 20 février 2013 à 15:07
C'est un choix de société : choisir entre un pays du plein emploi mais avec des travailleurs pauvres, ou bien choisir un pays du chômage mais avec des travailleurs protégés
Le choix de la PAUVRETE ou le CHOMAGE !
Rédigé par : pervasiveliberalism | 20 février 2013 à 17:30
La peste ou le choléra ?
D.j., j'aimerais vous croire, mais les travailleurs pauvres anglais ou US sortent-ils tous rapidement de la pauvreté ou s'y installent-ils ? Si c'est le cas, les gens n'ont aucune raison d'être masos, ils ont raison de préférer le chômage indemnisé à l'exploitation.
Rédigé par : Emmanuel | 20 février 2013 à 18:02
@ Emmanuel,
Un état plus il est libéral plus le marché du travail est flexible et plus l'embauche augmente.
Je voulais dire que c'est plus facile d'accéder à l'échelon sociale en ayant un job même mal payé que d'être sans emploi.
Mais il y aura toujours des pauvres. La pauvreté a de multiples causes. Seul les socialistes veulent nous faire croire qu'ils peuvent nous donner un monde idyllique sans pauvre.
D.J
Rédigé par : D.J | 20 février 2013 à 23:48
" Si c'est le cas, les gens n'ont aucune raison d'être masos, ils ont raison de préférer le chômage indemnisé à l'exploitation. "
Le chômage n'est jamais une solution à terme. On ne touche pas le chômage à vie.
Quand à l'ascenseur sociale que j'évoquais elle passe surtout par la formation professionnelle en entreprise.
En Suisse la loi prévoit la possibilité pour un adulte de 30 ou 40 ans de faire après 5 ans de pratique dans un job un apprentissage accélère ( par exemple faire en 9 mois par des cours du soir ou les samedis ce que les jeunes apprentis font en trois ans. Avec à la clé le certificat fédéral de capacité ( CAP pour la France )
D.J
Rédigé par : D.J | 20 février 2013 à 23:59
Guy, j'admire votre courage et votre abnégation. Allez débattre d'argent et d'éthique dans un pays converti aux idées socialistes face à des pseudo-intellectuels qui n'ont jamais mis les pieds dans une entreprise ni jamais étudié l'économie (autrement qu'à travers Marx) et qui vivent d'impôts, il faut en avoir beaucoup, de courage et d'abnégation. Cela ne vous lasse t-il pas quelques fois?
Rédigé par : Lio | 21 février 2013 à 13:34
Si je me lassais , qui s'y collerait?
Rédigé par : Guy Sorman | 21 février 2013 à 18:00
DSK, car pour voir des étudiantes il se contente d'un billet d'avion et d'un sandwich
Rédigé par : Jean | 22 février 2013 à 09:48